Arrivée à Brest de Banque Populaire V

Maxi Banque Populaire V (FRA), the 140 foot trimaran skippered by Loick Peyron on her arrival from her new TrophŽe Jules Verne record, 45 days 13 hours 42 minutes 53 secondes, Brest, Brittany, France.

Trois ans et demi après sa mise à l’eau en août 2008 et après sa deuxième tentative, le Maxi Banque Populaire V vient d’entrer de plein pied dans la grande histoire des records en s’emparant du Trophée Jules Verne au terme d’une navigation de 45 jours 13 heures 42 minutes 53 secondes autour du globe et d’un parcours sans faute contre le temps et les éléments. Arrivés à Brest ce samedi matin sous les acclamations de centaines de supporters, Loïck Peyron et les 13 équipiers viennent de réaliser un exploit sans précédent, avalant les 29 002 milles de leur parcours à la vitesse moyenne de 26,51 nœuds, méritant plus que jamais leur réputation de chasseurs de record.

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A peine partis et déjà de retour, voilà l’impression qui dominait ce samedi matin quand les 40 mètres du trimaran géant sont venus s’amarrer au ponton de la marina du port du Château. Au matin du 22 novembre dernier, le Team Banque Populaire déclenchait le décompte du temps en coupant la ligne de départ du Trophée Jules Verne entre Ouessant et le cap Lizard. A bord du grand multicoque, Loïck Peyron et treize équipiers, dont huit bizuths du tour du monde, pointaient alors leurs étraves vers un défi unique et s’attaquaient aux 48 jours 7 heures 44 minutes et 52 secondes du temps de référence détenu depuis mars 2010 par Franck Cammas et Groupama 3.

D’entrée de jeu, 30 nœuds de secteur Nord propulsaient l’équipage vers L’Equateur et plongeaient les hommes dans le vif d’un sujet un peu corsé. Deux jours de mer dans le sillage et déjà l’archipel des Canaries était derrière eux. Après un Pot au Noir express, le Maxi Banque Populaire V pointait ses étraves dans l’hémisphère Sud, à peine une semaine après son départ. Signant une superbe courbe atlantique et passant maître dans l’art des grandes glissades, il pulvérisait le temps de passage à Bonne Espérance, faisait son entrée dans l’Indien moins de douze jours après le coup d’envoi et totalisait alors 2 364 milles d’avance, ce qui allait se révéler le plus grand delta sur l’ensemble du parcours. Sitôt franchie la porte symbolique du Grand Sud, les glaces s’imposaient comme un acteur à part entière sur l’échiquier, imposant de garder ses distances et plus que jamais de doser l’effort pour épargner la machine. A mi-parcours, le Pacifique se révélait fidèle à sa réputation et infligeait des conditions de navigation particulièrement éprouvantes ; des vents très violents, une mer extrêmement inconfortable, rien ne manquait. Au vingt-quatrième jour de course, la menace fantôme se concrétisait, prenant la forme d’une rencontre aussi inoubliable qu’impressionnante avec les icebergs et leurs dérivés, ces growlers qui plongeaient les marins de la Banque de la Voile au cœur d’un véritable champ de mines.

Un tour pour finir
Un mois après leur départ, les 14 équipiers butaient dans une dorsale et connaissaient un coup de frein significatif dans leur progression, voyant leur vitesse chuter sous les 15 nœuds et faisant trainer le Pacifique en longueur. Le 23 décembre, à 7 heures 50 minutes et 30 secondes, après un mois de course, les quatorze marins du bord passaient le Cap Horn, dernier des trois caps du parcours, permettant à Ronan Lucas, Thierry Chabagny, Yvan Ravussin, Pierre-Yves Moreau, Emmanuel Le Borgne, Kevin Escoffier, Xavier Revil et Jean-Baptiste Le Vaillant de gagner leurs galons de tour-du-mondistes. Noël en Atlantique, le Maxi Banque Populaire V entamait alors une remontée expresse jusqu’à l’Equateur, faisant du retour au Nord une simple formalité. Renouant avec la chaleur et les alizés, après une confrontation virile et angoissante avec les glaces et le froid, l’équipage retrouvait ses ailes avant le sprint final. Après une première nuit particulièrement houleuse dans l’hémisphère Nord, c’est par un grand tour de l’anticyclone des Açores par l’Ouest, le compromis idéal entre progression et préservation du bateau, que cette équipe de choc en terminait avec le globe et confortait ainsi son avance sur le temps de référence en jouant avec la plus grande habileté avec la frontière du phénomène. Au terme d’une conclusion irlandaise, Loïck Peyron et son équipage suspendaient le chronomètre hier soir à 23 heures 14 minutes et 35 secondes et signaient un nouveau temps de référence de 45 jours 13 heures 42 minutes 53 secondes, améliorant le précédent record de 2 jours 18 heures 1 minute 59 secondes.

Avec ce chrono, ils deviennent les nouveaux détenteurs du Trophée Jules Verne et inscrivent leur nom au plus prestigieux des palmarès. Florent Chastel, rentre quant à lui dans le cercle très fermé des triples vainqueurs du record, quand Frédéric Le Peutrec, récidive en tant qu’homme le plus rapide autour de la planète pour la deuxième boucle consécutive.

Ils ont dit :
Loïck Peyron, skipper du Maxi Banque Populaire V : “Ce genre d’histoire nous fait monter en pression pendant pas mal de temps et il faut être patient pour que ça retombe aussi. Nous avons eu cette chance extraordinaire de pouvoir nous reposer les uns sur les autres. La confiance que nous avions les uns dans les autres fait qu’on est assez reposé paradoxalement. Etonnement, cette course n’est pas la plus fatigante. Tous les records sont fait pour être battus et celui-là le sera un jour où l’autre. S’il y a un bateau pour le battre, c’est celui-là ! “.

Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire et navigant : “ Je suis content que nous décrochions ce record parce que je me dis que le travail paie et que ça fait du bien de s’acharner et de se dire qu’on va y arriver, d’y croire, de se battre pour que les choses évoluent. J’avais ce rêve de gosse de faire le tour du monde, passer le Cap Horn, aller dans le Sud, voir les immenses vagues, les douze mètres de creux dans l’Indien. J’ai été très touché par l’accueil ici à Brest. C’était beaucoup d’émotion pour nous, mais également du côté de l’équipe technique, c’est leur récompense aussi. Ils n’ont pas vu les Kerguelen mais ils ont vu ce monde. J’étais convaincu que Loïck Peyron était quelqu’un de brillant. J’avais envie de travailler avec ce Monsieur depuis déjà longtemps et il est plus que brillant. Il est doué pour tout ! C’est un vrai leader, tout le monde a eu envie de se saigner pour lui et il a trainé le groupe derrière lui “

Kévin Escoffier, responsable du bureau d’études et navigant : “ Je savais que j’aimais beaucoup faire du bateau mais tu as toujours le petit doute quand tu pars 45 jours de te demander si tu vas toujours autant apprécier… Eh bien oui ! J’ai vraiment adoré chaque instant, à aucun moment je ne me suis dit : qu’est-ce que je fais là ? J’ai tout adoré, chaque moment je voulais que ça dure plus longtemps. “