Le message envoyé par Michèle Paret – à bord de Temenos II qui devrait prendre la 3e place de la Barcelona World – est on ne peut plus explicite et ne laisse pas la place à l’interprétation : « On se fait "tabasser" ; c’est le détroit dans toute sa splendeur. La mer est démontée, elle est très courte, ça tape énormément, c’est une mer casse bateau, on ne peut pas mettre toute la puissance, on met moins de toile que ce l’on devrait pour préserver le bateau. Ca ne va pas vite, quand on regarde notre trajectoire sur l’écran d’ordinateur on a l’impression de ne pas avancer, ce passage de Gibraltar n’en finit pas. Ce sont des conditions très pénibles, à l’intérieur on est à quatre pattes, on se fait éjecter, on se cramponne, on n’arrive même pas à manger." Ajoutez à cela un trafic commercial impressionnant, comme le montre la capture d’écran du système AIS (Automatic Identification System) qui permet d’avoir une vue d’ensemble des navires sur zone, et l’on aura compris que la situation n’était pas des plus rassurantes. Après une légère accalmie, le vent est remonté ce matin comme nous l’a expliqué Dominique Wavre, qui venait de terminer un virement juste avant la vidéo conférence. "Mais après, cela nous emmène directement à Barcelone, et à 48 de l’arrivée, on y pense de plus en plus, je commence à faire mon petit menu pour le restaurant de dimanche soir !"
Musclé aussi pour Mutua Madrilena
Ayant réussi à gagner plus de 100 milles en 24 heures, Mutua Madrileña s’attend lui aussi à un passage musclé du détroit, et même s’il concède que Temenos II ne sera probablement pas inquiété, Javier Sanso ne se dit pas prêt à abandonner la lutte. "Nous n’allons par contre pas pousser le bateau dans le détroit en raison des conditions difficiles (…) La Méditerranée jusqu’à l’arrivée à Barcelone devrait nous offrir un passage rapide", expliquait le skipper. Pour Educacion Sin Fronteras, la situation n’est pas aussi limpide, et Servane Escoffier avouait aujourd’hui se poser des questions quant à la gestion d’une bulle anticyclonique qui pourrait lui donner du fil à retordre – faut-il prendre le risque de passer entre la côte et l’archipel des Canaries ? "Côté météo et stratégie, je progresse, j’essaie d’apprendre le plus possible", confiait la jeune navigatrice, qui par ailleurs cache difficilement son impatience de revenir à la civilisation. "Je ne suis pas sure que les humains soient fait pour rester seuls aussi longtemps", notait Servane, que le simple fait d’avoir fait un bout de route avec un caboteur ce matin avait mis en joie.
(source BWR)




















