Tous les chemins mènent au Horn, mais certains sont plus faciles que d’autres ! Et qu’importe la trajectoire, pourvu qu’on ait l’ivresse… de la vitesse. Fort justement, Groupama 3 s’interroge sur le fait que le Grand Sud ne lui ai pas été très favorable pour l’instant car, après trois jours de houle de travers, une journée de transition et 24 heures de bonne glisse, voilà que le trimaran géant se retrouve sous un front qu’il n’arrive à pas à dépasser… Bien sûr, les vitesses sont toujours étonnantes par ces brises qui ne dépassent pas les vingt-cinq nœuds, mais de fait, Franck Cammas et ses hommes piétinent sans pouvoir exprimer tout le potentiel du bateau… Il leur faudra passer la longitude du cap Leeuwin demain mercredi pour espérer que la situation s’améliore. « Nous n’arrivons pas à rattraper le front qui est juste devant nous à 160 milles et, entre lui et les brises de derrière, il y a une zone de vents relativement mous. Il faudrait que nous passions devant pour partir avec mais, malheureusement, nous ne pouvons pas le franchir tout de suite… Nous sommes donc obligés de zigzaguer. »
Toujours dans les temps
Alors que le décalage horaire commence à se ressentir entre le PC Course à Paris et le trimaran qui « rentre en nuit » vers 15h (heure française) et qui baigne en plein été austral avec six petites heures de nuit, les conditions de navigation restent tout à fait supportables par l’équipage qui n’a pas encore connu les bises glaciales venues de l’Antarctique ! Pourtant, Groupama 3 pointe ses étraves par 48° Sud, à 800 milles environ dans l’Est des Kerguelen et à plus de 1 200 milles dans le Sud-Ouest du cap Leeuwin. Une mer maniable mais un vent instable qui ne permet pas de stabiliser la vitesse même si, par rapport à Orange II, l’écart reste stable …
« Nous sommes avec un ris dans la grand voile et trinquette dans des vents d’Ouest à Sud-Ouest de 25 nœuds en tribord amure. L’objectif est de se positionner pour la suite mais on sait qu’on ne va pas gagner beaucoup de milles sur cette route. On a un problème avec une dépression qui se crée dans notre Nord et qui va générer des vents très forts : il faut éviter cette zone là et pour se faire, il vaut mieux la laisser passer devant. On essaye de se faufiler, mais ce n’est pas évident. Le point positif, c’est que la mer reste maniable. »
Maintenant une vitesse de « croisière » de plus de 22 nœuds, Franck Cammas et ses neuf équipiers ont pu récupérer des jours difficiles qu’ils ont dû supporter après le cap de Bonne Espérance. Les chocs dus à la houle de travers sont pansés et le confort minimum pour dormir retrouvé… Le trimaran géant est toujours à 100% de son potentiel, la cloison de bras de liaison réparée. Les dix hommes sont reposés et aguerris par ces presque trois semaines de mer ! Certes, ils vont encore ronger leur frein avant de glisser sur la grand houle du Sud, mais d’ici deux jours, c’est par paquets de cent milles que le différentiel va se creuser au profit de Groupama 3 ! La fin de l’Indien annonce une allure de cow-boy… Les chevaux vont être lâchés.
Ils ont dit
Franck Cammas : "« On a beaucoup utilisé les informations des navigateurs qui nous ont précédé dans le Grand Sud cet hiver. On sait que nous n’aurons pas d’icebergs en ce moment, mais il faudra remonter dans le Pacifique au niveau de la Nouvelle Zélande. Là, nous ferons une veille radar et visuelle mais le but est avant tout d’éviter cette zone de glaces. En ce moment, c’est plutôt humide à bord : il n’y a rien qui sèche ! Il va falloir attendre trois jours après le cap Horn pour avoir des affaires sèches… Les nuits durent environ six heures mais elles sont sans lune : il y a un quart qui navigue vraiment dans le noir ! Dans l’ensemble, c’est plutôt nuageux en ce moment et il n’y a pas beaucoup d’animation dans le bourg… Pas de cétacés et moins d’oiseaux : nous sommes vraiment loin de toute terre ! Quand on regarde la carte, on voit que nous sommes très isolés mais les vagues restent les mêmes où que nous soyons : nous ressentons bien cette ambiance particulière de décalage spatial… »
Repères :
Trophée Jules VerneTemps à battre : 50 jours 16 heures 20 minutes et 4 secondes –
Vitesse moyenne : 17,89 noeuds
Record détenu par Bruno Peyron, à bord du maxi catamaran Orange II, depuis mars 2005.
Les chiffres du jour
Départ le 24 janvier à 7h50’17” TU
Arrivée avant le samedi 15 mars 2008 à 00h09’21” TU
Jour 19 à 8h 00′ TU
*Distance parcourue sur l’eau en 24 heures : 535,7 milles
*Distance parcourue depuis le départ : 10 081 milles
*Distance par rapport à l’arrivée : 14 449 milles
*Moyenne du jour 19 : 22,32 noeuds
*Moyenne depuis le départ : 22,11 nœuds
*Avance par rapport à Orange II : 520,6 milles
Les temps de référence
*Trophée Jules Verne : 50j 16h 20′ (Orange II en 2005)
*Ouessant-équateur : 6j 6h 24′ (Groupama 3 en 2008)
*Equateur-cap des Aiguilles : 7j 02h 22′ (Groupama 3-2008)
*Ouessant-cap des Aiguilles : 13j 08h 47′ (Groupama 3-2008)
*Cap des Aiguilles-Tasmanie : 9j 11h 04′ (Orange II en 2005)



















