Bruno Peyron surveille Cammas et prépare la riposte !

Record Atlantique Nord : skipper Bruno Peyron
DR

– Quelle impression cela fait de voir une nouvelle équipe s’attaquer à votre record autour du monde ?
– Bruno Peyron : je suis heureux que ce soit la meilleure équipe qui s’y attaque et j’ai hâte de suivre leur assaut.

- Publicité -

– Cammas vous a déjà repris les 24h et l’Atlantique nord, peut-il battre votre record du tour du monde ?
BP : Je pense sincèrement que oui. Et aussi paradoxal que celà puisse paraître, je souhaite leur victoire, afin de rendre encore plus évident notre retour !

– Quel potentiel le trimaran Groupama 3 possède-t-il par rapport à Orange II et sur quels partiels peut-il faire la différence ?
BP : On a vu que les potentiels étaient assez proches dans des conditions de record sprint (Atlantique et record des 24h). Nos deux bateaux ont un potentiel d’environ 3 jours et 20 heures sur la traversée de l’Atlantique et  de 800 milles parcourus sur le record des 24 heures. Nous allons voir maintenant ce qui peut se passer sur un plus long parcours. Je pense que Groupama peut faire la différence notamment dans sa descente jusqu’à l’équateur où nous avions choisi de sacrifier une trentaine d’heure pour tenter d’accrocher un front nous permettant de passer dans l’Atlantique sud. Ce sera plus difficile entre l’équateur et le Cap de Bonne Espérance où nous avons été assez vite sur la route directe.

– Et dans le grand sud ?
BP : Groupama peut gager beaucoup s’il a un meilleur angle. Nous avions du rallonger notre route de manière conséquente. Ils peuvent gagner pratiquement une journée avec les conditions qu’a eu Francis (Joyon) par exemple. Le Pacifique, c’est possible en vitesse pure mais ils ont moins a gagner car nous avons fait une route assez directe et très rapide.

– Après le Horn !
BP : Entre le Cap Horn et l’équateur, tout dépendra de la transition avec l’anticyclone de St Hélene où nous avions perdu une trentaine d’heures. De l’équateur à l’arrivée, c’est évidemment le partiel, avec le premier où il y a le plus à gagner. Avec des conditions météo normales et non exceptionnelles sur ce partiel, nous aurions du gagner 3 jours pour terminer en 46 / 47 jours.

– En conclusion ?
BP : A part une vraie attaque dans la descente de l’Atlantique sud, nous avions fait le choix de naviguer de manière assez conservatrice en en gardant sous le pied. Je ne sais pas quel gain supplémentaire peut exister en attaquant tout le temps au maximum, et à partir de quand ça casse… C’est l’éternelle question ! En conclusion, je pense que le potentiel de ces 2 bateaux, les plus rapides du monde, est à peu près de 43 à 45 jours, avec de bons enchaînements météo. Je pense que si nous étions en course, nous ne serions pas forcement sur les mêmes routes. Groupama doit être plus rapide jusqu’a 20 / 25 noeuds de vent, nous devons faire jeu égal entre 25 et 30 noeuds, et je pense que nous devrions avoir un petit plus au dessus de 30 noeuds. Cela veut donc bien dire que nos stratégies météo seraient adaptées à nos ranges de vent respectifs.
 
– Les conditions dans lesquelles Groupama a pris le départ sont-elles exceptionnelles selon vous ?
BP : Elles sont idéales pour un bon départ, en tout cas meilleures que les notres pour ce premier partiel, avec de meilleurs angles de descente sur l’équateur où ils peuvent passer, avec près de 2 jours d’avance.

– 6 jours à l’équateur c’est ce qu’ambitionne Franck Cammas. C’est précisément ce qu’à réalisé Joyon en solitaire. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
BP : Je pense que l’on peut faire moins de 6 jours sur le premier partiel. Nous étions partis en acceptant de mauvaises conditions sur ce premier partiel, pariant sur l’accroche d’un front nous permettant de couper l’anticyclone de St Hélène, ce qui a bien fonctionné, mais l’addition était lourde au départ. Il reste évident que si l’enchainement est bon depuis le départ, c’est 2 jours à prendre et je ne doute pas que le Team Groupama mettra toutes les chances de son coté.

– C’est le premier tour du monde de Cammas, quels conseils lui donneriez-vous ?
BP : Je pense que l’équipe n’a pas besoin de conseils. Ils savent tres bien où ils vont et pourquoi. Ils ont analysé toutes les tentatives précédentes et sont plus riches, comme nous de l’expérience du passé. Trois équipiers du team Orange (Ronan Le Goff, Sebastien Audigane et Jacques Caraes) sont d’ailleurs a bord… Une seule chose a leur dire : profitez, ca va être exceptionnel !

– Cela vous donne envie d’y retourner ?
BP : Ca commence à me travailler sérieusement, mais je serai plus motivé encore si notre record est battu !

– Quelle sera l’actualité 2008 de Bruno Peyron ?
Trouver des partenaires sérieux et motivés pour préparer la riposte !! … et relancer The Race avec tout le monde pour 2010 / 2011. L’heure d’un grand combat entre géants approche et nous saurons être au rendez vous. Les G Class sont nés en 2000, mais leur histoire ne fait que commencer …
 
Propos recueillis par Pierre Giboire