Hugo Boss revient dans le match

Hugo Boss
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« C’est la pire des situations pour nous ! C’est rageant ! Tout le travail réalisé dans le Pacifique est mis à mal. » Si le grand Sud est comme une longue ascension à endurer dans le gris et le froid, l’ensoleillé Atlantique est une toute autre épreuve, comme l’explique Jean-Pierre Dick, ralenti par des vents contraires tandis qu’Hugo Boss déboule au portant dans une brise soutenue. Depuis lundi après-midi, Alex Thomson et Andrew Cape croquent à belles dent les milles qui les séparent des leaders. 183 milles repris en 24 heures (entre 12h GMT hier et 12 h GMT aujourd’hui). Au dernier pointage, Hugo Boss n’était plus qu’à 614 milles de Paprec-Virbac 2. Et l’élastique n’a sans doute pas fini de se retracter entre les deux concurrents. A noter également que Temenos II a lui aussi repris des milles au leader : 160 milles en 24h.

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« C’est rageant ! »

Le répit moral et physique aura donc été de courte durée pour Jean-Pierre Dick et Damian Foxall. Cinq jours après leur passage du cap Horn, la pression est remontée d’un cran avec ce fulgurant retour d’Hugo Boss. Ce coup d’accordéon était attendu par les leaders, mais entre le prévoir et le vivre, le stress n’est pas le même. « La direction du vent est mauvaise. On ne va jamais passer au portant selon nos prévisions. On va remonter toute la côte au près, au près . C’est rageant ! Ça me rappelle le Vendée Globe où j’avais perdu 1000 milles en quelques jours ! J’espère franchement que la vapeur va s’inverser. On se focalise sur notre vitesse. Il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre », commente le skipper de Paprec-Virbac 2.

50 noeuds pour Hugo Boss?

La régate reprend donc ses droits en Atlantique Sud. D’autant que les deux bateaux de tête vont évoluer encore pendant plusieurs jours dans des systèmes météo bien différents. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall doivent composer avec des brises contraires et modérées. Ils remontent vers le Nord en tirant des bords pour atteindre au plus tôt les alizés. Le duo anglo-saxon va lui essuyer une dépression : « on attend jusqu’ à 50 noeuds de vent et une mer difficile, mais nous devrions continuer à bien progresser vers les côtes brésiliennes », précise Alex Thomson, « Il faudra en revanche être très attentif à notre positionnement dans le front, car à quelques milles de différence, on peut se retrouver au près ou au portant ! » Situation délicate donc, mais rapide, assurément plus rapide que Paprec-Virbac 2. Ensuite, l’avenir nous dira si l’anticyclone de Saint Hélène sera là pour barrer la route au bateau noir, ou s’il se sera évanoui vers l’Est. A 5 500 milles de l’arrivée (10 000 km), soit trois bonnes semaines de mer avant Barcelone, rien n’est donc joué. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall sont certes très bien installés en tête depuis plus de cinq semaines maintenant, mais la paire Thomson/Cape ne va sûrement pas laisser passer une aussi belle opportunité de revenir titiller la première place.
Les occasions ne vont de toute façon pas manquer d’ici la ligne d’arrivée : après Sainte Hélène à contourner, l’équateur et son pot au noir à négocier il y a aura encore Gibraltar à passer et la Méditerranée, tant redoutée des régatiers. Et nul n’est à l’abri d’un grave souci technique.

Dur Pacifique pour les autres

Dans le Pacifique, la nuit a été difficile. « On s’est bien fait secouer », lance sobrement Dominique Wavre. 45 noeuds avec des rafales à 50 et une mer toujours très hâchée, difficile à négocier et « casse bateau »… le cocktail a causé une petite avarie à bord de Mutua Madrilena : la grand voile s’est déchirée sur 30 cm. Javier Sanso et Pachi Rivero ont bataillé six heures dans des conditions très difficiles pour réparer. Pendant ce temps, Temenos II s’était envolé 300 milles devant. Mais le moral reste au beau fixe à bord de Mutua Madrilena. Le duo espagnol a par ailleurs décidé de plonger Sud pour doubler le cap Horn, même s’ils sont conscients que les icebergs sont forcément proches. « Nous n’avons jamais été aussi Sud (55° Sud), mais tant que la météo nous sera favorable, nous persisterons dans cette option », précisait Javier Sanso dans un email envoyé ce matin.

Le raisonnement "glaces" est bien différent pour Dominique Wavre : « nous sommes déjà dans une zone à risque. Nous sommes d’ores et déjà en veille active permanente au radar et sur le pont. La visibilité n’est pas bonne et les nuits sont un peu trop longues à mon goût ! » A 1000 milles du cap Horn, Temenos II devrait être de retour en Atlantique vendredi ou samedi prochain. Enfin, Educacion sin Fronteras fait route direct vers le myhique rocher depuis ce matin : « ça y est, on est pile sur la route, à 18-20 nouds sous spi, on a un bon flux d’Ouest établi pour les prochains jours, ça devrait être pas mal ! » Si Servane et Albert maintiennent ce rythme, ils pourraient doubler le Horn d’ici une semaine.

Classement du 15 janvier à 15h

1. PAPREC-VIRBAC 2 à 5465 milles de l’arrivée
2. HUGO BOSS à 614 milles du premier
3. TEMENOS II à 2426 milles du premier
4. MUTUA MADRILENA à 2716 milles du premier
5. EDUCACION SIN FRONTERAS à 3560 milles du premier
ABD. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD. ESTRELLA DAMM
ABD. DELTA DORE
ABD. PRB

(source Barcelona World Race)