Bagarres dans le Grand Sud

hugo boss
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Il est "unique" ce Sud, selon les termes de Jean-Pierre Dick, et a cette semaine inspiré des commentaires parfois lyriques aux marins engagés dans la Barcelona World Race. Le skipper de Paprec-Virbac 2, solide leader de la course malgré les assauts d’un Hugo Boss très menaçant, écrivait hier : "On sent ici que le vent n’a pas de limite. Il monte tout simplement : 35, 40, 45 noeuds. On n’en attendait pas tant ! De la rigueur, tout vérifier, prise de ris, réduction de la voile d’avant : voilà le beau programme de l’après-midi. Essayer de ne rien oublier, c’est ce qu’il faut se rabâcher intellectuellement pour ne pas passer à côté d’une petite chose. Chercher à être zen, à relativiser pour se reposer un peu et repartir à l’affront des vagues, de l’eau gelée et braver la mer qui, c’est sûr, restera toujours la plus forte. Pourvu qu’elle nous laisse une porte entrebâillée où nous nous faufilerons !"

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"La chance de naviguer ici"

Pas de repos car il s’agit de résister à la pression d’un Hugo Boss qui a déjà fait étalage de son potentiel de vitesse – la menace est donc bien réelle, et les simulations ne donnent pour l’heure que quelques heures d’écart entre les deux bateaux pour le passage du détroit de Cook. A bord du monocoque noir, Alex Thomson admettait naviguer de manière "conservatrice en raison des nombreuses rafales qui ne facilitent pas la tâche", et se réjouissait également d’être en mer à cette époque de l’année. "Je pense à vous tous, en train de faire vos achats de Noel à la dernière minute, alors que nous profitons de la simplicité de notre vie en mer."
Une vie simple certes, mais une vie éprouvante, avec comme lot de consolation la conscience de vivre une expérience à nulle autre pareille, comme le soulignait Javier Sanso, dont le Mutua Madrileña navigue dans les 50èmes hurlants. "Depuis 48 heures nous avons une mer forte avec des vagues de 5 ou 6 mètres, 30 ou 35 noeuds avec des rafales à 40 noeuds. Le bateau est plus rapide maintenant, on surfe beaucoup, les conditions à bord sont très inconfortables (.) Je pense que le corps est résistant et comme vous savez que vous ne pouvez pas vous échapper, vous ne perdez pas votre temps à paniquer.. Nous naviguons vite, nous avons un bon cap. C’est un plaisir d’avancer à 17 noeuds, de surfer à 26 ou 27 noeuds, nous vivons des moments fantastiques. Ce n’est que pour 2 ou 3 semaines mais quand vous y êtes vous ne dites pas la même chose.. Peu de personnes ont l’opportunité de naviguer dans cette zone de la planète. Nous avons de la chance !"
Même son de cloche du côté d’Educacion Sin Fronteras, à bord duquel Servane Escoffier, jointe cet après-midi lors de la vidéo conférence, expliquait qu’Albert Bargués et elle-même avaient fait le choix de passer au nord des Kerguelen pour bénéficier de vents plus favorables. "Tout va bien, nous sommes heureux", indiquait la jeune navigatrice visiblement sous le charme de ces contrées qu’elle découvre pour la première fois. A près de 3000 milles du bateau de tête, Educacion Sin Fronteras fait sa route et vit intensément son aventure, sa part de rêve.

Le classement du 21/12/2007 à 17h

1 PAPREC-VIRBAC 2 à 12872 milles de l’arrivée
2 HUGO BOSS à 88 milles du leader
3 TEMENOS 2 à 1489 milles
4 MUTUA MADRILENA à 1962 milles
5 EDUCACION SIN FRONTERAS à 2932 milles
ABD ESTRELLA DAMM
ABD DELTA DORE
ABD PRB
ABD Veolia Environnement