– Ce n’est pas la première fois qu’un coureur s’élance en pirate : en 2003, le Néo-Zélandais Chris Sayer l’avait déjà fait entre La Rochelle et Salvador de Bahia : que pouvez-vous faire pour éviter cela ?
"Déjà, en 2003, il n’y avait pas autant de monde en liste d’attente. Ce n’est pas le cas cette année puisque l’on a environ 30 skippers qui ne partiront pas sur la Transat. La situation est donc beaucoup plus tendue. Elle l’est aussi sur les autres épreuves du circuit. Donc, nous sommes bien obligés de prévenir afin d’éviter d’être confrontés à une épidémie de départs en pirate. Sur ce sujet-là, nous ne pouvons pas être laxistes".
– Pour quelles raisons limitez-vous le nombre de partants sur vos épreuves ?
"Premièrement pour une problème de surveillance de la flotte. Lors de la 2e étape, où le terrain de jeu est immense, il est déjà difficile de surveiller 84 bateaux. Il est impossible de la faire avec 140 minis, surtout que le niveau n’est pas homogène. Ensuite, c’est une raison de capacité d’accueil dans les ports : si cela ne pose pas trop de problème sur le littoral Atlantique, il n’y a, en revanche, aucun port aux Canaries ou à Madère capable de recevoir autant de minis à l’escale. Enfin, si on augmente le nombre d’engagés, on doit aussi augmenter en conséquence les moyens logistiques et humains. Cela nécessiterait un budget plus important. Il faut savoir que sur la Transat 6.50, l’inscription n’est que de 1.500 euros pour les skippers, le reste du budget étant supporté par l’organisateur".
– Un pirate sur une course : en quoi cela est-il préjudiciable pour la Classe ?
"Même si la législation maritime autorise n’importe qui à prendre la mer, un skipper-pirate peut perturber une course. De nuit, qui peut distinguer un concurrent pirate d’un "vrai" concurrent ? Cela peut fausser le jeu. En cas de détresse, cela aurait des conséquences néfastes car ça obligerait un bateau-accompagnateur ou un autre concurrent à lui porter secours".
– Outre les problème de sécurité et d’assistance que cela poserait aux organisateurs, ne pensez-vous pas que ce genre de comportement jettrait le discrédit sur la Classe Mini ?
"Bien sûr. A ce sujet, je rappelle que nous sommes dans une année d’appel d’offres pour les deux prochaines éditions de la Transat 6.50 (2009 et 2011) et que, dans le cahier des charges, nous avons demandé aux organisateurs de monter jusqu’à 96 bateaux. Cette année, on va aussi fêter les 30 ans de la Transat 6.50 : si cette course existe encore malgré bien des vissicitudes, c’est avant tout parce que la Classe a acquis, dans la difficulté, une image de sérieux et de rigueur. Il serait malheureux que des démarches maladroites et irresponsables viennent gâcher la fête : elles viendraient ruiner toute notre crédibilité auprès des autorités maritimes et sportives et dissuader les organisateurs de course".
Philippe Eliès
La chasse aux pirates
- Publicité -