On y est, c’est le début d’une année impaire, d’une année transat 6.50 ! En janvier 2005, je n’avais pas régaté depuis bien longtemps, acheté mon Mini depuis 2 mois et 0 milles qualificatifs au compteur. Janvier 2007, je suis qualifié et inscrit pour la Transat, avec plus de 5000 milles en course et l’indispensable qualif solo. Je navigue en centre d’entraînement et des partenaires m’accompagnent. Ca fait pas mal de chemin parcouru. Je trouve que cela démontre surtout que c’est possible !
Il y a quand même un certain nombre de choses qu’il est utile de savoir avant de se lancer. La classe 6.50, bien qu’étant une association gérée bénévolement, vit avec son temps (peut-on le lui reprocher ?). Et a connu pas mal de changements. Dont les qualifications renforcées obligatoires dès 2001. Qui ont prouvé leur pertinence et, en les « sécurisant », a sans doute contribué à l’affluence des postulants au grand départ. En 2006, une nouvelle course solo d’envergure vers les Açores a été un grand succès . Et la Méditerranée tient son épreuve majeure dès 2007 avec « Les 3 continents ».
Une des conséquences marquantes de ces modifications est qu’un projet mini prend de plus en plus de temps et d’argent.
Au chapitre temps et à titre d’exemple, en 93, Thierry Dubois avait loué son Mini quelques semaines avant le départ. En 2007, on prend le départ à la fin de sa deuxième saison sur son canot, au moins. Des projets sortent actuellement pour …2009, avec au programme : les 3 Continents cette année, ensuite les Açores et enfin la Transat. Et objectivement, si vous comptez naviguer 4 semaines de courses, avec convoyage, contrôles sécu, préparation du canot,…il vous en coûtera certainement 8 au total.
Au paragraphe dollars, un série récent prêt à naviguer c’est 50 000€ sur les petites annonces. Les derniers protos sont pressentis se vendre plus de 100 000€ retour transat et ne comptez pas moins de 70 000€ pour un bateau compétitif. Avec une saison 2006 de 5 courses dont les Açores pour plus de 30 000€ en série, le passage par la case sponsor devient une nécessité pour beaucoup. Avec les légitimes obligations qui en découlent.
Il n’en reste pas moins que des courses comme ça avec une ambiance comme celle-là valent bien l’investissement consenti. Oui, certainement, la Mini a changé, change et changera. Mais (et ce n’est rien enlever à ceux qui ont pu par le passé mener leur projet en 6 mois) ne peut-on pas aussi considérer cet engagement au long cours, désormais obligatoire, comme enrichissant la démarche que constitue un « projet Mini » ? Je ne connais pas de ministes qui considèrent que leurs qualifs ne leur ont rien apporté. Et personnellement je me demande vraiment comment j’aurais pu me présenter en septembre prochain sans ces expériences.
En définitive peut être que la Mini, épreuve initiatique pour beaucoup, est, aujourd’hui plus que jamais, l’école d’un projet course au large du 21ème siècle dans toutes ses réalités : faire des pirouettes sur l’eau, avoir du Sika plein les doigts, la goutte au front dans le bureau d’un sponsor potentiel ou la banane à communiquer autour de son rêve.
Vous pourrez aussi, (rayer les mentions inutiles) : signer le plus gros chèque de votre vie, vous échouer dans l’entrée du vieux port, faire des podiums, comprendre comment on peut devenir maboul tout seul au milieu, sangloter de déception devant sa BLU et de joie à l’arrivée, démâter dans le baston, tourner autour des cargos en plein rail, somnoler au chant des filets d’eau, être hélitreuillé ou encore vous faire des amis pour la vie à la VHF.
Tout ce qui fait, ou presque, que je ne voudrais vraiment pas louper la saison qu’il me reste sur le feu.
Matthieu Girolet