Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) :
« Avec Erwan (Tabarly) et Thomas (Rouxel) on se tient en moins d’un mille et on en train de dormir dans la bannette car on a passé une nuit assez épouvantable, sous des grains, à empanner tout le temps. On n’a pas eu beaucoup de vent, maintenant on essaye de revenir tant bien que mal. On s’est fait piéger par le vent. On a évolué avec ce qu’on avait. On a eu 24 heures de molle alors que derrière, ils n’ont continué d’avancer vite si l’on en croit les pointages. On n’a pas trop compris pourquoi. Actuellement aucun fichier ne prévoyait le vent qu’on a eu et pourtant il était bien là ! On fait ce qu’on peut pour essayer de revenir et on va arriver au sud de la Martinique à cinq. La tension elle existe. On regarde comment y aller au plus vite en espérant arriver avant eux là-bas. »
Romain Attanasio (Savéol) :
« J’ai 25 nœuds de vent, je suis sous spi, ça va très vite. Il y a un peu de mer, ce n’est pas super évident mais c’est bien car depuis deux jours c’était la galère. Là, c’est enfin revenu. Cette nuit il y a eu des grains énormes. J’ai passé 2h30 sous le déluge avec des bourrasques de 40 nœuds qui rentraient. Pas facile. Le paquet de tête n’est pas loin, j’aimerais pouvoir le recoller. Il va y avoir un petit empannage à réaliser, reste à savoir quand je peux le placer. Pour le moment on va gérer l’approche de l’île. Ca devrait se faire demain midi. J’essaye de faire au mieux et on verra ce que ça donne demain matin en arrivant en Martinique. Pendant quelques jours que je me suis positionné au sud pour avoir plus de vent. Ca a marché au début, après j’ai pris cher ! Là ça remarche. Un peu tard, mais bon… 27 milles ce n’est pas loin. Demain il peut se passer plein de choses, il faut s’accrocher. »
Thomas Rouxel (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) :
« Je suis toujours au contact avec Erwan Tabarly et Fabien Delahaye mais malheureusement Jeanne Grégoire et Nicolas Lunven se sont rapprochés. On ne s’y attendait pas trop mais ce sont les joies de la course à la voile. C’est vraiment une grosse surprise. On ne s’y attendait pas du tout et on s’en serrait bien passé, c’est sûr. Pour le moment ça va bien, on va vite vers la Martinique mais le problème, c’est que ce n’est pas le vent qu’on attendait. Je suis vraiment sous le choc de la matinée. La nuit a été difficile, on s’est battu avec les grains toute la nuit et voir les deux autres bateaux revenir sur nous aussi rapidement c’est dur d’autant qu’ils sont en train de nous dépasser. J’ai fait une petite pause, j’étais à la sieste. A présent, je vais me replonger dans tout ça maintenant pour anticiper la suite. On s’attend bien sur à une nuit très intense du fait de la proximité des bateaux. Vu la configuration des derniers jours, on s’attend encore à une nuit avec beaucoup de grains et de variations de vent, donc ca va être assez épique je pense. Il y aura probablement de gros changements dans les classements au fil des pointages. On verra ce que ça peut donner en espérant que la tendance s’inverse un peu et qu’on puisse repasser devant nos collègues qui sont un peu plus nord. Pour le podium, on va sûrement se battre à cinq. C’est bien mais on aurait préféré continuer de se battre à trois. C’est comme ça, on va faire avec. »
Jeanne Grégoire (Banque Populaire) :
« Je pensais que tout le monde allait empanner hier parce que ça faisait trois jours que le routage nous disait que si on voulait faire du tribord c’était à ce moment-là ou jamais. J’y suis allée, en plus j’ai fait un peu tout et n’importe quoi parce qu’il y avait des grains dans tous les sens. Je n’étais jamais vraiment bien réglée ou avec avec la bonne voile, mais finalement c’est bénéfique. C’est bien, j’arriverai avec mes copains! Je n’imaginais pas qu’eux puissent ne pas empanner. Les routages insistaient tellement pour qu’on fasse un jibe ! Surtout, je me disais que ce serait dommage que je sois là seule à ne pas y aller parce que, pour le coup j’arriverai vraiment après les autres. Ce matin, j’allais super vite. J’ai eu un grain pendant super longtemps, entre 26 et 30 nœuds. C’est sûr que dans ces conditions, on avale du mille. »
Jean Paul Mouren (Groupe SNEF) :
« Tout va bien ! Je suis dans des conditions optimales, nous faisons une énorme cavalcade vers l’écurie. On fait du 10 nœuds, tout droit vers la Martinique. Le soleil nous tabasse dehors, il faut faire attention car notre peau n’est pas bien préparée, il faut rester couvert ! Nous avons quelques nuages qui amènent de l’ombre, la nuit les grains nous secouent dans tous les sens mais on a pris l’habitude et je suis ravi de voir la fin du voyage. C’est tout à fait une course de chevaux, peu essoufflés et pleins d’énergie. Une jeune dame, Jeanne Grégoire, fait figure de cavalière émérite et Erwan Tabarly, en tête, ne veut pas laisser passer sa chance. Vu de terre, vous allez observer un finish digne des 24 heures du Mans de la belle époque. J’ai 36 menus d’avance, donc j’ai plein de choix niveau gustatif. Il me reste même une bouteille de vin que je vais déguster demain, je savoure mon transit en solitaire et en toute responsabilité ! »