(Grosses) surprises

Départ Les Sables - Les Açores
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De toute l’histoire de la voile depuis les premières confrontations océaniques en solitaire de 1960 avec la transat anglaise (Ostar), jamais un dernier n’a terminé premier ! Et pourtant, c’est bien ce qui est en train de se passer entre Horta et Les Sables d’Olonne avec Gerard Marin, le bien nommé… Parti tout seul dans le Nord (et rejoint plus tard par quelques skippers qui pourraient aussi se refaire la cerise avant l’arrivée), l’Espagnol est en passe de réaliser l’improbable : pointé parmi les derniers des « Mohicans » il y a seulement une journée et demie, il est déjà classé douzième au scratch (et premier voilier de série) ce lundi après-midi… Et puisqu’il navigue deux fois plus vite vers le but que les leaders actuels en prototype, il risque fort de se retrouver premier de toute la flotte dans moins de 48 heures !
 
Et en Mini, il faut le faire : décider de se séparer totalement de la flotte dès la sortie des Açores, c’est faire preuve d’un courage et d’une détermination hors du commun. Savoir qu’il n’y aura personne au bout du fil (radio VHF) pendant dix jours ou plus, ne confirmer sa trajectoire que sur les bulletins météo diffusés en français et en anglais une fois par jour sur Monaco Radio, ne fonder ses certitudes que par la lecture du baromètre et la couleur du ciel, voilà ce qui marque les qualités d’un grand Marin ! Car Gerard est plutôt dans le genre discret : quatrième de la première étape à seulement 1H 21’ du vainqueur en voilier de série, le portugais Francisco Lobato(BPI), il pourrait avoir plus d’une journée d’avance sur le peloton des voiliers de série… à l’arrivée aux Sables d’Olonne. Car l’Hispanique formé à l’école du dériveur Europe puis au 470, s’avère avoir non seulement le sens de la navigation mais aussi un sacré coup de patte : sur son Pogo-2, il flirte régulièrement avec les 9,5 nœuds de moyenne depuis dimanche ! Et à ce rythme, il va tout simplement exploser tous les prototypes…
 
La barre à gauche toute !
 
Mais les plus attentifs ont compris que la solution passait par le Nord, qu’il fallait se décider à naviguer à 90° de la route pour sortir des méandres anticycloniques afin d’attraper le flux portant de Sud Ouest au dessus du 44° Nord. Car si le peloton rame dans les hautes pressions, et si les leaders de la flotte ont encore de quoi progresser vers le but, mais en avant lente à cinq nœuds, la situation prévue n’est pas très favorable sur la route directe. Il faut choisir et ce genre de décision est particulièrement rude à prendre, seul, en mer, après six jours de course.
C’est ce qu’a fait intelligemment Adrien Hardy (Brossard) qui a percuté qu’il faut arrêter de persévérer dans du mou. Il est suivi plus au Sud par Xavier Haize (Carben Composites), Andraz Mihelin (Adria Mobil Too), Fabien Despres (Soitec), Kristian Hajnsek (Adria Mobil), Fabrice Lucat (Hakuna Matata), et plus récemment, par le leader de la flotte David Sineau (Bretagne Lapins).
 
Côté voiliers de série et loin derrière l’Espagnol Gerard Marin (Escar l’escala-CN Llanca), l’animateur des premiers jours  de cette deuxième étape, rétrograde à l’inverse de sa vitesse sur l’eau : Thomas Bonnier (architecture élémentaire) n’arrive pas à se sortir des tentacules de la pieuvre anticyclonique tout comme Vincent Barnaud (STGS.fr) qui le suit roue dans roue… Tout au Sud, Hervé Piveteau (Jules) tente aussi désespérément de remonter au Nord et sa place de second du jour, devrait vite se transformer en une dizième position mardi… La Bérézina !
Car les nouveaux animateurs sont bien tous dans le Nord à l’image de Jean-François Quélen (Galanz), de Dominik Zurrer (Ubik 245), de Mathieu Girolet (Le roi du matelas). Tous ceux qui ont pris le bon virage suffisamment tôt… Heureusement, dès mardi soir, les Minis retardataires vont aussi toucher un flux de Sud Ouest portant avec l’arrivée d’un front froid sur l’Atlantique, un système météo qui devrait les accompagner jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne. Cela va encore changer la hiérarchie dans le peloton. Mais certainement pas pour le conquistador ibère, qui pourrait ainsi non seulement remporter haut la main le classement parmi les voiliers de série, mais en sus, gagner devant tous les prototypes : il ne concédait à Horta pour la première étape, que sept heures au vainqueur Adrien Hardy… Ce serait la première fois dans l’histoire des courses Mini depuis la victoire en 1977 de Daniel Gilard sur Petit Dauphin, un Serpentaire, lors de la première édition de la Mini Transat, qu’un voilier de série serait sacré. Un tournant historique dans le virage atlantique !

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Source Les Sables – Les Açores