Halvard Mabire revient sur ses vracs

    Halvard Mabire
    Halvard Mabire

    Halvard Mabire profite de quelques moments de répit pour regarder les soucis techniques à bord de son Class40, Campagne2France. Il revient sur les problèmes qu’il a eus depuis le départ de Saint-Malo. « Il était temps d’ouvrir le dossier “mécanique”. Pour rester dans la comparaison automobile, on pourrait dire que la première nuit de course j’ai eu comme un souci de direction. Mes deux safrans se sont désolidarisés. Les conséquences furent assez comparables à ce qui peut se passer sur une voiture si les deux roues avant décidaient de suivre leur propre direction, sans concertation aucune avec leur soeur jumelle. C’est à dire que je suis allé dans le décor. Dans notre jargon on appelle ça “partir au tas” ou “faire un vrac”. Les Bretons emploient aussi l’expression “partir en distribil”. Pour un vrac c’en était un beau, et l’ennui ce que ça n’allait être que le premier d’une longue série.”

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    “Avec un monocoque, l’avantage par rapport à un multicoque, c’est que tant que l’on garde sa quille on ne peut pas se retourner. Sur un Class40 le volume des ballasts est limité, mais nous avons droit tout de même à 750 litres de chaque côté, que l’on essaye de placer le plus loin possible de l’axe du bateau pour une efficacité maximum. Quand on fait un vrac et que le bateau se retrouve brutalement du mauvais côté,on se retrouve alors couché pour un bon moment, presque à 90°, parce qu’en plus de tous les poids du mauvais côté, les voiles sont elles aussi à contre et contribuent à plaquer le bateau sur l’eau. C’est ce qui est arrivé à votre infortuné narrateur. Pas trop de dommages dans ces cabrioles, excepté que le moteur, dont l’échappement est latéral, a bu la tasse. Comme je suis resté assez longtemps couché, les vagues ont petit à petit rempli le tuyau d’échappement, le col de cygne, censé prévenir ce genre d’incident mais jusqu’à un angle de gite “raisonnable” , et aussi le bloc moteur. L’eau se mélangeant avec l’huile, on obtient alors ce que l’on appelle de la “mayonnaise”. Demandez à votre Garagiste, il vous expliquera ce que c’est et pourquoi ce n’est pas très bon. En soit ce n’est vraiment pas un problème et si l’on intervient à temps il n’y a aucun souci pour le moteur. Par contre il vaut mieux éviter de faire tourner la mécanique en l’état et donc, depuis le départ, je n’ai plus de moteur.”