Dominique Wavre, Mirabaud : “Nous avons passé la nuit au moteur pour nous éloigner du centre de la dépression. Nous attendons le passage de la dépression et nous verrons ensuite si nous pouvons monter un gréement de fortune avec la bôme et mettre le tourmentin dessus. Nous sommes à plus de 700 milles des côtes et nous n’avons pas beaucoup de gasoil. Nous allons essayer de rallier un port, mais nous ne savons pas encore lequel.
Quand cela s’est passé, nous avions la mer de face, le bateau avançait à 10 nœuds et cognait très violemment, on a entendu un crac. Nous avons vu que la barre de flèche à bâbord du 3e étage s’était cassée. Tout est allé très vite, nous n’avons rien pu faire, la partie supérieure du mât est tombée, environ 7 m de mât.La tête de mât a tapé dans la barre de flèche, le mât a commencé à bouger dans tous les sens, on a donc coupé les haubans. Il y a eu 2 à 3 heures où nous nous sommes bagarrés pour que le pont soit net. Il n’est pas endommagé, le bateau est étanche. Nous ne savons pas encore comment va fonctionner le gréement de fortune et donc il est difficile d’avoir une estimation sur le temps pour rejoindre un port argentin. Ça risque d’être très long…”
Kito de Pavant, Groupe Bel : « La logistique à Ushuaïa n’est pas très simple. Nous avions une fenêtre météo pour travailler sur le bateau et enlever le mât et la quille. Il faisait très beau le matin, mais le ciel s’est couvert et la neige est arrivée. Le bateau est démonté. Groupe Bel est en trois morceaux : la quille et le mât sont sur le quai, le bateau au mouillage. Cela permet d’avancer sur les solutions de rapatriement avec un cargo. Nous sommes bien heureux d’avoir pu finir ce travail, car ce n’est pas simple. La météo en Terre de Feu est très variable. Tout le monde se met en quatre ici pour nous aider et trouver une solution pour rapatrier le bateau.
L’objectif maintenant est le Tour de l’Europe. Ce n’est pas gagné. C’est un nouveau challenge qui est devant nous. Le cargo pour le retour va prendre du temps. Il va mettre environ un mois avec des escales en Uruguay, au Cap Vert. En plus le cargo arrivera au Portugal, en Angleterre ou l’Allemagne. Il faudra en plus convoyer le bateau par la mer jusqu’à Port Camargue. Il faudra alors le réparer et réaliser une nouvelle quille, car celle-là est foutue. »