Quel regard portes-tu sur la Volvo Ocean Race ?
” C’est une histoire que je suis depuis tout petit quand elle s’appelait Whitbread avant même Volvo. Par contre, je ne l’ai jamais faite. J’étais assez occupé par ailleurs avec des histoires de bateaux à voile en solitaire comme en équipage. Je ne sais pas si ça m’arrivera un jour d’y participer. On ne sait jamais. Cela montre que le paysage voile est large. On n’est pas obligé de tout faire pour se sentir bien là où on est. Nous sommes dans un monde où tout se passe vite. La Volvo est un long sacerdoce rien qu’au niveau de la préparation. C’est un vrai engagement. C’est ce qui fait le challenge de la course. C’est sur la durée que l’on reconnait une belle équipe et ce n’est pas simple à gérer. Mais c’est superbe. C’est devenu un peu plus intéressant grâce au one design. La problématique du one design, c’est que ça fige une période de l’architecture et de l’intelligence humaine alors qu’elle évolue tous les jours. Mais ça a l’intérêt de comparer les bonhommes et pas les budgets.”
Justement que penses tu de la course en monotypie ?
“Avec la monotypie, les équipages gèrent différemment leur course en effet. Avec les mêmes logiciels de routage et les mêmes bateaux, tout le monde va au même endroit. Ou alors quand ils ne le font pas, c’est un peu comme au casino. Ils misent car leur situation au classement leur permet de prendre des risques. Et c’est vrai qu’à certains moments, on aimerait ne plus avoir d’information météo, ne plus avoir la position des autres pour ré-ouvrir le jeu et éviter le panurgisme. Il n’y a pas que sur la Volvo que ça existe. C’est peut être frustrant même si cette course au contact est géniale.”
Et les Français dans cette Volvo ?
“Ils font les choses bien ! Même si tout ne leur a pas souri entre le démâtage et cette dernière étape. Ils montrent une chose passionnante : la spécificité française qu’est le solitaire, génère les meilleurs skippers qui soient et les meilleurs équipiers qui soient. Pourquoi ? Parce qu’on est obligé de tout faire. Notre spécialité finalement est d’être généraliste. Cette école française est vraisemblablement la mieux adaptée aujourd’hui pour ce type de problématique à l’image des projets comme Dongfeng ou même Oman sur d’autres circuits. Nous avons une meilleure façon de naviguer dans le respect d’un équipage. Quand on est tout seul sur un immense bateau qui a été conçu pour un équipage, il faut bien se débrouiller. Les Anglo-saxons ne savent même pas comment on fait. Ce n’est pas du tout un défaut d’avoir fait du solo. C’est un vrai plus. Je pense que beaucoup de gens devraient faire un peu de solo dans beaucoup de disciplines de la voile pour mieux respecter leur équipage, pour mieux anticiper sur leurs demandes et leurs difficultés. D’où les résultats que l’on n’attendait absolument pas. On les prenait pour des jeunes peintres. Maintenant ils sont pris au sérieux tout comme l’ensemble de la voile française depuis pas mal d’années maintenant et comme Groupama la dernière fois.”
Vous avez un conseil à donner à Dongfeng avant cette dernière étape ?
“Dongfeng a un peu touché le fond et il n’y a rien de mieux que ça pour rebondir. Ils ont peu de choses à se reprocher. Ils sont déjà dans une position dans laquelle personne ne les attendait. L’essentiel du travail a été fait. Après, les aléas d’une course à la voile font qu’ils sont là où ils sont, c’est tout. Ils ont fait beaucoup plus que ce que l’on pouvait espérer. Il faut juste profiter et peut être même avoir un peu de fun sur la fin. Tout simplement. Car c’est la fin d’une très belle histoire quelle que soit son issue. On n’est pas obligé de gagner pour réussir. Ils ont déjà réussi !”
Source: VOR




















