Une dorsale, on sait quand on y entre, on n’est jamais certain de savoir quand on en ressort. Dans cette sorte de langue anticyclonique, le gradient de pression est quasiment inexistant sur l’axe de la dorsale. C’est de ce piège qu’il faut s’extirper. Il y a néanmoins des signes qui ne trompent pas : d’un bord à l’autre, le vent change radicalement de direction. Ici, la flotte devrait arriver dans un régime de nord à nord-est pour retrouver sur la face ouest de la dorsale des vents majoritairement de secteur sud. Toute l’astuce va donc être de franchir ce col au plus vite. Pour cela, il faut essayer d’être le plus perpendiculaire à l’axe de ce couloir de vents faibles. La couverture nuageuse, les variations du vent et celles du baromètre sont les trois indicateurs dont devront se servir les solitaires… en ajoutant aussi une pincée de chance.
Tampon au nord, frayeur à l’arrière
Visiblement, la majorité des solitaires semble penser que l’échappatoire se trouverait dans le sud. Giancarlo Pedote (Prysmian) a carrément infléchi sa route quand les tenants de la route nord ont, d’ores et déjà, subi un sacré coup de frein. Même si Jonas Gerckens (Netwerk) a perdu la place de leader qu’il occupait à 14h, le verdict n’est pas encore sévère en bateau de série. En proto en revanche, Davy Beaudart (Cultisol) est clairement sous la menace de Ludovic Méchin (Microvitae), voire même de Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace).
D’autres ont des soucis autrement plus immédiats à gérer. Alors que Sébastien Pébelier (Parc Naturel de Chevreuse) réparait son safran et que François Denis (So-boat.com) croisait à proximité, c’est un cargo qui s’est invité dans la danse en frôlant les deux Minis ainsi que le bateau accompagnateur qui guettait à proximité, lequel a laissé une partie de son bout-dehors dans l’histoire.
Une course dans la course
Derrière les ténors, on trouve le peloton de ceux qui savent déjà que, sauf total retournement de situation, ils ne décrocheront pas la timbale sur cette première étape. Reste pour eux, la motivation de faire mieux que le concurrent direct, les conversations VHF de bateau à bateau et l’envie d’en découdre jusqu’au bout. Certains savaient qu’ils auraient du mal à combattre, faute de disposer du matériel nécessaire. Ainsi Yann Claverie (MAP Product) et Quentin Vlamynck (quentinvlamynck.fr) ne se faisaient guère d’illusions au départ des Sables d’Olonne. Leur objectif commun est de bien résister, de naviguer propre et de saisir les opportunités qui se présenteront. C’est sensiblement le cas de Fidel Turienzo (Satanas) qui tente de tirer le meilleur profit de son proto de 2001, à l’aise dans les petits airs, mais manquant cruellement de puissance aux allures de reaching. D’autres peinent plus à trouver le bon rythme, à l’instar des deux navigateurs suisses Simon Brunisholz (minilab-www.defiat.ch) et Patrick Girod (Nescens) qui appréhendaient un peu la découverte de la navigation hauturière. Hervé Aubry (Voiles HSD) doit lui aussi mesurer à quel point c’est devenu difficile en Mini de passer d’un travail mobilisant l’essentiel de son temps à la barre de son bateau, sans avoir vraiment pu s’entraîner comme le font aujourd’hui les leaders. Il reste qu’il suffit parfois d’un déclic : un peu plus de confiance, un réglage fin que l’on trouve, des sensations qui reviennent, un coup de pouce de la chance… Tout ce qui sera engrangé sur cette première étape sera particulièrement bienvenu pour le retour aux Sables d’Olonne. En attendant, il va d’abord falloir franchir cette satanée dorsale. A chaque jour suffit sa peine.
Classement du 24 juillet à 17h00 :
Prototypes
1 Giancarlo Pedote (Prysmian), à 478,4 milles de l’arrivée
2 Davy Beaudart (Cultisol), à 37,1 milles du premier
3 Ludovic Méchin (Microvitae), à 59,8 milles
4 Nicolas Boidevezi (Imaginalsace), à 61,7 milles
5) Michele Zambelli (Fontanot), à 70,6 milles
Série
1 Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’enfance), à 584,8 milles de l’arrivée
2 Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown) à 2,9 milles du premier
3 Jonas Gerckens (Netwerk), à 3,3 milles
2 Damien Cloarec (ETF-www.damien-cloarec.fr), à 4,9 milles
5 François Jambou (Kairos), à 15,0 mille