Le retour de Capian
Le lendemain de notre retour sur le continent, un message de l’expert mandaté par l’assurance m’informe que, pour lui, il faut considérer le bateau en « perte totale ». Je raccroche. Je ne récupérerai pas mon bateau, puisqu’ils n’iront pas le chercher, il finira explosé je ne sais où. La saison à peine débutée est finie, et mon projet mini s’arrête peut-être là, faute de disponibilité et d’argent pour refaire une saison en 2006.
Mon téléphone sonne à nouveau, je décroche machinalement sans regarder qui est mon interlocuteur :
– Le bébé est emmailloté.
– Pardon ?
– Ton bateau est sagement en remorque derrière Cirrus.
– …
– Cela n’a pas été facile mais il est là. Nous te le ramenons à « Port Ca », avant le prochain coup de vent annoncé. .. »
C’était Gilbert. Il a tout simplement réussi à le retrouver, alors que la SNSM, malgré toute sa bonne volonté n’a pas eu l’accord pour y aller car il était trop éloigné des côtes. Un mercenaire n’y serait allé que plus tard, sans garantie et aurait coûté plus cher qu’un proto neuf. L’assurance pensait s’en tirer à bon compte avec la « perte totale ». C’est l’expert qui a dû faire une drôle de tête au bout du fil quand je lui ai annoncé que le bateau serait visible à son port d’attache en fin de semaine ! Quelle joie d’accueillir Gilbert, son fidèle ami Maurice Bost et leur équipier, la nuit où ils sont arrivés.
Etat des lieux
Le lendemain matin, c’est l’heure de l’état des lieux. De l’extérieur, à part le panneau solaire arraché de son support (par une déferlante vraisemblablement) le bateau n’a rien ! Bien sûr, il n’y a plus de mat, ni gréement. Cependant, cela ne se voit pas qu’il a passé 5 jours dans « la baston » alors que l’ancre flottante était en lambeaux. À l’intérieur, c’est Tchernobyl. Visiblement le bateau a fait des tours complets sur lui-même car il y a un impact au milieu du plafond. Tout est trempé. Les bidons d’eau ont explosé (d’où l’utilité de les assurer) et de l’eau de mer est entrée par l’étambrai.
Il faudra quasiment deux jours pour tout vider, dessaler et assécher.
Jean Pierre Magnan ( architecte constructeur du bateau, avec par ailleurs trois mini transats à son actif) viendra, par un examen minutieux, conforter le premier diagnostic. Rien n’a bougé !
Que dire de plus sur la robustesse du Super Câlin qui est aussi le plus léger des minis de série : 880 kgs. Nous n’avions pas douté une seconde du bateau et cet épisode ne fait que renforcer la confiance que j’ai en Capian.
Le temps est compté
Nous sommes à moins de 4 semaines du départ de la prochaine course mini « la course des Lions ». Il nous faut entre autres un gréement et des voiles.
Mais avant tout l’expert doit donner son accord pour commencer à travailler sur le bateau ce qui sera fait une semaine plus tard.
En sachant que le bateau doit être prêt trois jours avant le départ pour le contrôle de sécurité, il nous reste un peu plus de 15 jours.
Et cette fois-ci, c’est du chantier que le miracle est arrivé. Pour avoir un mat normalement, il y a 8 semaines de délai. Susy Magnan en a trouvé un en attente chez un gréeur de Lorient, qui a été là en quinze jours. Mais il est arrivé nu, quasiment sans aucune défonce, sans rien. Jean-Pierre a puisé dans son stock et nous a apporté son énergie ; le dimanche soir, nous avons pu mâter entre deux minis. Ce sera encore le « rush » mais nous serons prêts.
C’est la veille du départ et à la nuit tombante que nous retaillons les coulisseaux de GV inadaptés au nouveau mat et installons le nouveau panneau solaire ultraléger. Nous arriverons en retard au repas des coureurs mais tellement contents d’y être.
Durant cet épisode, je me suis rendu compte à quel point j’étais entouré et soutenu. On parle souvent de ce que l’on appelle « la solidarité des gens de mer » ou de « l’esprit mini » en ne sachant pas très bien ce que cela recouvre. Comme certainement tous les autres je suis venu chercher quelque chose en faisant du mini. Je sais déjà que j’y ai trouvé des personnes sur qui compter et de véritables amis.
À tous : David, Gabrielle, Gaël, Gilbert, Jacky, JC, Jean-Pierre, Maurice, Patrick, Susy MERCI. Et comme vous nous avez permis à Patrick et à moi d’être au départ de la Course des Lions, on va essayer de vous faire plaisir…