Un anticyclone chamboule les stratégies

Will Oxley et Chris Nicholson sur Camper
DR

En cette fin de printemps, c’est le grand ménage sur l’Atlantique ! L’océan est scarifié de fronts qui se baladent de la mer de Béring à Terre-Neuve, du Groenland aux Bermudes, des Shetlands à Madère, de l’Ecosse à la mer Caspienne… pendant que l’anticyclone des Açores s’est rétréci comme une baudruche vide, tandis que de hautes pressions s’installent sur Saint-Pierre & Miquelon. Sans parler d’une dépression tropicale qui se reforme sur la Floride. Bref, tout cela est fort chaotique et les modèles météo s’embrouillent avec une multitude de minima dépressionnaires qui se font et se défont, fusionnent ou disparaissent, mélangeant leurs tourbillons au gré d’une descente d’air polaire ou d’une bouffée de chaleur… Il y a peu de gradient isobarique, c’est-à-dire que la pression atmosphérique est assez constante (entre 1006 et 1020 hPa). Or s’il n’y a ni collines, ni vallées, il n’y a pas de pente, donc pas de vent ou peu.

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Il y a encore deux jours, il semblait acquis que la flotte n’irait pas flirter avec la zone d’exclusion des glaces au large de Terre-neuve : le scénario s’est inversé puisque le peloton devrait finalement passer à moins de 200 milles du point le plus Sud, en bordure du courant froid du Labrador. Car ce marasme barométrique a provoqué un changement radical en moins d’une journée et demie : l’unique voie par l’Est s’est transformée en impasse quand le front qui glissait vers les Açores est parti plus vite que prévu, laissant derrière lui une zone de calmes. Les poursuivants de Groupama 4 et de Telefonica ont alors pu bénéficier d’une brise suffisante pour se recaler au Nord afin de contourner la bulle sans beaucoup de vent et réaliser une belle parabole pour se replacer devant les ex-leaders. Concrètement, les derniers sont devenus les premiers !

Une dépression à venir

En fait, c’est au louvoyage que la flotte progresse ce vendredi après-midi en bordure de l’anticyclone calé sur Terre-Neuve : le vent de secteur Nord-Est reste modéré à une quinzaine de nœuds et les équipages vont devoir ronger leur frein pendant une bonne journée avant que le flux ne s’accélère en tournant au Nord-Ouest. Et déjà les navigateurs divergent sur la manière d’aborder ce vent contraire : Abu Dhabi, Puma et Groupama 4 repiquent vers le Nord pour aller chercher la bascule, tandis que le leader néo-Zélandais prolonge vers l’Est pour couvrir les Espagnols. Mais il y a du « tricotage » dans l’air car c’est une succession de virements de bord qui va rythmer les quarts… En attendant l’arrivée d’une nouvelle perturbation venue du Canada qui va enfin permettre d’allonger la foulée : il ne devrait pas y avoir trop de chambardements hiérarchiques ces prochaines heures malgré les légers décalages latéraux (Telefonica est 50 milles plus au Sud) ou longitudinaux (Groupama 4 est 40 milles plus à l’Ouest que le leader).

C’est donc une phase de patience car tout le monde va être à la même enseigne sur la même option (grimper vers le Nord), mais aussi de concentration car le près dans du vent médium est le point fort des néo-Zélandais. Ce n’est qu’en milieu de week-end que la situation va se décanter quand la nouvelle perturbation va réorganiser l’Atlantique en propulsant la flotte dans un régime plus soutenu de secteur Sud-Ouest pour la Pentecôte. 

Classement de 15h

1. Camper – à 2 058,3 milles de l’arrivée
2. Abu Dhabi Ocean Racing – à 11,3 milles du premier
3. Puma – à 18,8 milles du premier
4. Telefonica – à 26,2 milles du premier
5. Groupama 4 – à 39,5milles du premier
6. Team Sanya – à 71,6 milles du premier