Un compromis entre prudence et vitesse

A bord de Groupama Pacifique Sud
DR

C’est glacé, c’est cahoteux, c’est bruyant. C’est dangereux. Alors, que faire ? Aller vite afin d’arriver bien placé au cap pour la remontée finale vers le Brésil ? Ou freiner et assurer la survie du matériel et de l’équipage ? « Pour le moment, on a le pied à fond sur l’accélérateur et on pousse fort, » répondait ce matin Chris Nicholson. Le skipper de Camper a pris la tête de la course en gardant son spi dans la grosse brise du sud. « On est dans 35 à 40 nœuds de vent et je pense qu’on est le seul bateau sous spi. On va essayer de le garder jusqu’à la tombée de la nuit puis on enverra un foc. C’est toujours la même vieille question : où est la limite ? Il faut trouver le juste équilibre. »

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Pour les Français, deuxièmes à une douzaine de milles à 14h, la réponse est dans la modération. « Camper vient effectivement de nous passer en restant sous grand gennaker, » raconte le barreur et régleur Phil Harmer, « mais on a tous nos moments forts. On est entre deux voiles, le choix est difficile : s’obstiner à garder une plus grande voile ou changer pour une plus petite. C’est parfois frustrant parce qu’on n’est pas très rapides. Mais ce n’est pas un mauvais choix vu l’état de la mer et les bascules de vent. »

« Le seul moyen de préserver le bateau, » affirme un autre barreur et régleur du bateau français, Charles Caudrelier, « c’est de ralentir. On est loin d’aller aux vitesses où on pourrait être si la mer était correcte. On pourrait être à plus de 30 nœuds, on est plutôt entre 20 et 25. On réduit la toile et on préserve le bateau. C’est certainement la plus belle manche à gagner. Mais c’est aussi celle qui peut te faire perdre la Volvo Ocean Race. Si tu casses le bateau là … Il faut faire gaffe. »

50 noeuds attendus sous les grains

Le point culminant de la tempête australe qui balaye le Pacifique Sud est attendue pour samedi soir (heure française) lorsque le centre de la dépression sera proche de la flotte et que la deuxième marque virtuelle de la limite des glaces (47°S – 130°W) sera en vue. La brise devrait alors dépasser les 40 noeuds avec des rafales supérieures à 50 noeuds sous les grains. Mais cette violence des éléments ne devrait durer que quelques heures car la perturbation, qui remonte de l’Antarctique depuis deux jours, va ensuite replonger vers le Sud en se comblant lentement.

La stratégie de course est donc totalement différente depuis jeudi lorsque les leaders sont entrés dans la zone au Nord des glaces. L’objectif premier de tous les skippers et de leurs équipages est de sortir de cette dépression en parfait état. Mais dans ces conditions extrêmes, le but est également de ne pas se faire décrocher. Si Camper maintient son rythme parfois supérieur de deux noeuds vis à vis des autres concurrents, il va certes gagner encore de la marge ces prochaines 36 heures, mais cela ne devrait pas dépasser les cent milles dimanche matin. C’est justement à ce moment-là que les voiliers vont pouvoir incurver leur route vers le Sud-Est, en direction du cap Horn. Le vent restera de secteur Sud-Ouest à Ouest en diminuant à 25-30 noeuds, c’est donc un bord de vent de travers qui est au programme après la deuxième marque virtuelle de la limite des glaces. Puis en début de semaine, le final vers le cap Horn s’annonce très rapide avec un flux de Nord-Ouest de 20-25 noeuds.

Classement de 14h

1. Camper à 5002,5 milles d’Itajaí
2. Groupama à 11,7 milles du leader
3. Telefónica à 30,7 milles du leader
4. Puma à 52,6 milles du leader
5. Abu Dhabi à 479,8 milles du leader
6. Team Sanya à 795,2 milles du leader / en route pour la Nouvelle-Zélande