En tête de la flotte depuis une vingtaine de jours, Colman et Goodchild avaient encore 160 milles à parcourir avant de franchir la ligne d’arrivée à Wellington. A une cinquantaine de milles du cap Farewell le mardi 29 décembre, un front est passé. La brise ne soufflait qu’à une dizaine de noeuds, mais la mer était très agitée avec une houle de 4m. Très rapidement les conditions ont changé. Le vent s’est renforcé pour atteindre une trentaine de noeuds et il fallait remplacer le solent par la trinquette.
Ne pensant qu’à l’importance d’effectuer rapidement le changement de voile, Goodchild s’est précipité sur la plage avant sans mettre son gilet de sauvetage et sans attacher son harnais. Au moment où Goodchild affalait la voile d’avant, une grosse vague a heurté le Class40 et le jeune skipper britannique est tombé. Ne réussissant pas à attraper quoi que ce soit, il s’est trouvé projeté à la mer. Heureusement son co-équipier a vu Goodchild à l’eau et a essayé de barrer pour ralentir le bateau. Il lui jette une ligne, mais Goodchild n’arrive pas à la rattraper.
Colman voyait que la récupération n’allait pas être facile et a suivi les procédures. Il a appuyé sur le bouton MOB (homme à la mer) pour fixer la position et ensuite a dû s’éloigner du skipper afin de pouvoir revenir le récupérer. Goodchild a perdu le Class40 de vue, mais a vite compris la difficulté de Colman, car l’incident s’était produit en plein milieu d’un changement de voile et il fallait effectuer une série de manoeuvres pour pouvoir virer de bord.
L’eau commençait à remplir ses bottes et ses vêtements. Quand les vagues le poussaient sous l’eau, Goodchild s’est rendu compté qu’il fallait tout enlever, ne gardant que la capuche orange pour signaler sa présence. Pendant ce temps-là, Colman réussit à faire demi tour, mais la visibilité est réduite et les rafales atteignent 32 noeuds compliquant les recherches. Enfin, il a cru voir quelque chose et a dû manoeuvrer beaucoup pour s’en approcher. En voyant enfin le skipper, il lui a jeté une bouée.
Une dure leçon
Goodchild avait passé 25 minutes à l’eau et avait dérivé assez loin de l’endroit où il était tombé à la mer. La récupération n’était pas encore effectuée, car il fallait lui jeter une ligne. Colman s’est trompé et lui a jeté la drisse du foc, ce qui l’empêchait ensuite d’affaler la voile. Il a été alors contraint à couper les écoutes. Une fois à bord, il fallait réchauffer Goodchild.
24 heures plus tard le tandem franchit la ligne d’arrivée à Wellington en vainqueurs de cette seconde étape. Mais c’est surtout cet incident au large du cap Farewell qui restera gravé dans leurs mémoires. Sam Goodchild : "C’était une dure leçon, mais je ne l’oublierai jamais. On entend parler d’incidents comme celui-ci, mais on se dit que cela ne va jamais m’arriver. Une bêtise et cela peut être la catastrophe. Dans l’avenir, je vais toujours m’attacher…”