Les sondages atmosphériques n’avaient pas prévu le coup de vent qui a balayé la zone de navigation au Sud-Est de Rio de Janeiro avec plus de 40 nœuds et une mer très hachée, la nuit dernière. La fatigue du tour du monde commence aussi à se faire sentir et l’équipage a perdu du poids depuis le départ de Ouessant. Cette transition d’environ 300 milles vers le Nord au gré des humeurs éoliennes sera peut-être la clé de ce Trophée Jules Verne…
« On ne s’attendait pas à ce que cette phase de vents forts soit si longue ! Le mauvais temps avec 35-37 nœuds ne devait durer que de 4h à 10h mardi. En fait, il a duré quatre heures de plus en montant jusqu’à 42 nœuds et une mer forte… On est resté à deux quarts sur le pont parce que de toute façon, on n’arrivait à dormir ni même à tenir debout à l’intérieur. On a réduit jusqu’à trois ris dans la grand-voile sans foc devant ! La plateforme tient bien le coup, mais l’accastillage commence à fatiguer. Ce midi, le vent est franchement tombé, à seulement 10-17 nœuds selon les grains, avec une brise très changeante. Cela fait trois heures qu’on est poursuivi par un gros cumulonimbus… La mer est plate, l’eau de mer à 25°C, la chaleur moite et l’atmosphère suffocante, » indiquait Loïc Le Mignon à la vacation de ce midi.
Ni à droite, ni à gauche…
Des bulles à gauche et des bulles à droite : les calmes encerclent Groupama 3 qui doit zigzaguer au gré des grains qui modifient profondément la force et la direction du vent, avec des bascules de plus de 60° et des brises qui oscillent entre 10 et 20 nœuds… Franck Cammas et ses hommes doivent donc être en « vigilance orange » pour s’adapter à ces changements incessants, enchaînant les virements de bord pour optimiser la route. Le trimaran géant est heureusement très à l’aise dans ces conditions et peut aligner dix-huit nœuds de vitesse avec seulement douze nœuds de vent au près. La nouvelle moins réjouissante pour l’équipage de Groupama 3 est que cette situation va perdurer jusqu’à la latitude de Vitoria, soit à 300 milles dans le Nord.
« On espère toucher les alizés jeudi dans la nuit. Mais en ce moment, on est vraiment gêné dans notre progression vers le Nord. Quand on va à gauche vers les côtes brésiliennes, le vent refuse en passant au Nord-Ouest et on bute sur une ligne de grains. Et quand on part vers la droite, le vent tourne au Nord-Est en mollissant ! Nous sommes obligés de tirer des bords en permanence en restant au centre… On tricote avec la brise. Heureusement, comme Groupama 3 est un bateau très évolutif dans les vents faibles, on arrive à tirer notre épingle du jeu. Orange 2 n’aurait pas progressé comme nous dans ces vents-là ! »
Il ne sera pas nécessaire d’attendre le week-end prochain pour connaître le résultat de cette « éjection brésilienne » : dans la région, le vent est soit orageux et inconstant en raison d’une dépression néo-tropicale, soit il est régulier et travers sur la bordure septentrionale de l’anticyclone de Sainte-Hélène.
« Groupama 3 est un bateau extraordinaire ! Ce trimaran peut être manœuvré très facilement et nous pouvons virer de bord très rapidement. Pour moi, c’est une expérience très enrichissante avec cet équipage français : on mange bien, l’ambiance est agréable, les moyennes sont étonnantes. Actuellement, ce n’est pas facile avec les grains, mais on espère retrouver les alizés au plus vite. Je reste confiant pour la suite de ce Trophée Jules Verne, car tout l’équipage est extrêmement motivé pour arriver dans les temps… » indiquait Stan Honey, le navigateur américain du bord.
Nombre de milles parcourus par rapport à la route optimale du Trophée Jules Verne :
Jour 38 (10 mars 15h) : 321 milles
Retard sur le temps d’Orange 2 = 384 milles




















