35 à 40 noeuds établis avec des rafales pouvant aller jusqu´à 50 noeuds

Bapteme Actual
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Yves Le Blevec et Jean-Baptiste Le Vaillant se sont préparés à affronter ces conditions à risque avec pour objectif d’en prendre le moins possible, de risques.

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Yves Le Blevec, skipper de l’Ultim Actual : « La dépression dont tout le monde parle depuis quelques jours est très évolutive. Selon les modèles météo, les prévisions sont assez différentes et celles d’aujourd’hui sont plutôt meilleures que celles d’hier… Cela peut bien sûr encore changer. Les routages conseillent d’aller assez au large, là où il y aura le plus de vent et de mer. Même si le gain sur le papier est important, ce n’est pas la stratégie que nous suivrons. L’objectif reste de naviguer de la façon la plus sécuritaire qui soit pendant les deux premiers jours de course. »

Forts du plein d’énergie emmagasiné hier soir, Yves Le Blevec et Jean-Baptiste Le Vaillant peuvent se concentrer pleinement sur la gestion de ces 48 premières heures de course.

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Avec un départ dimanche à 13h30 dans une petite brise de secteur sud-est, la flotte des quarante-deux duos de la Transat Jacques Vabre va entrer progressivement dans le rythme océanique. Car si les premiers milles s’annoncent laborieux, le tempo va s’accélérer dès la pointe du Cotentin pour devenir emballé à la sortie de la Manche. Ces conditions vont donc créer des écarts importants entre les quatre classes et des trous au sein de chacune d’elles selon les choix stratégiques à Ouessant.

S’il n’y a qu’une voie pour sortir de la Manche, il y a bien des chemins pour glisser vers l’équateur. Et la configuration météorologique qui se présente ce week-end est particulièrement intéressante de ce point de vue puisque le choix s’avère cornélien pour les navigateurs : suivre les logiciels de routage qui incitent à piquer vers l’Ouest pour passer au-dessus d’une dépression atlantique, ou se faufiler au louvoyage vers le cap Finisterre en longeant le front froid ? Telle est la question que se pose tous les duos, qu’ils embarquent sur un prototype tout neuf ou sur machine affûtée, qu’ils entament leur première traversée de l’équateur ou qu’ils cumulent plusieurs tours du monde…

Car il y a l’optimum et le raisonnable, la vitesse à risque et la préservation du matériel et des hommes, la volonté de s’échapper coûte que coûte ou la nécessité d’arriver à bon port. Et ce choix va semble-t-il dépendre autant du potentiel de la machine que du caractère des tandems.

Du mou qui s’accélère…

En fait, la plus grosse difficulté… sera au moment du coup de canon libérateur ! La brise s’annonce en effet plutôt faible (5 nœuds) de secteur est à sud-est. Il ne sera pas aisé de s’extraire de la masse pour avoir un souffle d’air face à un courant de marée encore contraire jusqu’à 15h30. Les 16 milles à parcourir jusqu’à la bouée Conseil Départemental Seine Maritime devant Étretat vont être laborieux mais la brise va doucement s’installer au sud-est en forcissant jusqu’à une petite dizaine de nœuds en fin d’après-midi : il y aura donc un sacré trou entre le premier trimaran Ultime qui devrait mettre une heure environ avant de piquer vers la sortie de la Manche et le dernier Class40 qui pourrait lui concéder plus de trois heures d’écart…

Et ce delta ne va que s’amplifier pour cette première nuit de course car il faudra attendre minuit et le débordement de la pointe du Cotentin pour que la brise de sud-est monte à plus de dix-huit nœuds ! Ça va donc partir par devant avec les Ultime à la longitude de Ouessant au lever du jour lundi quand certains Class40 seront encore au large des îles Anglo-Normandes… Les grands multicoques fileront à plus de trente nœuds quand les monocoques de 40 pieds peineront à une dizaine de nœuds au moment de la renverse à Cherbourg-Octeville (pleine mer à 7h30, coefficient 97) : le paramètre marée va d’ailleurs s’avérer essentiel pour les Class40 alors qu’il sera peu important pour les trois autres classes, à l’exception du passage de Ouessant pour ceux qui longeront les côtes françaises…

Trois voies vers les alizés

La dépression au large de l’Irlande étant relativement peu mobile, la route optimale pour les logiciels de routage fait passer au nord de son centre pour aller chercher la bascule du vent, mais si les 300 milles dans une forte brise de sud-est seraient vite avalés surtout par les Ultime, la descente vers les Açores serait particulièrement musclée avec huit mètres de creux et plus de 40 nœuds de nord-ouest : c’est un choix très risqué pour le matériel, surtout qu’une nouvelle dépression venue de Terre-Neuve mardi soir, imposerait soit du près, soit de repiquer vers l’Espagne…

La deuxième solution serait de serrer le vent dès Ouessant pour piquer dans une brise de sud 20-25 nœuds avec grains. Il faudrait ensuite effectuer plusieurs virements de bord pour déborder le cap Finisterre dans un vent oscillant du sud à l’ouest dans un front froid qui se délite. Cette voie semble la plus raisonnable et la plus logique sachant que les bateaux devront ensuite négocier une transition délicate et étendue pour passer du flux perturbé d’ouest de l’Atlantique Nord aux alizés faibles à modérés de nord-est sous Madère : rester au large des côtes portugaises en milieu de semaine (option 2) permettrait de conserver de la pression quand arriver par l’ouest des Açores (option 1) obligerait à traverser un anticyclone en plein remaniement !

Enfin, certains duos pourraient être tentés de jouer la sécurité avant tout, en restant à l’intérieur du golfe de Gascogne où la mer restera maniable avec un vent d’une douzaine de nœuds de secteur est à sud en avant du front… Ce pourrait être le choix de certains Class40 qui auront tout de même à se recaler au niveau des côtes espagnoles pour déborder le cap Finisterre dans un flux de sud-ouest 20-25 nœuds.

Une flotte scindée en trois

Route ouest (option 1), sud-ouest (option 2) ou sud (option 3), la flotte de la Transat Jacques Vabre va de toute façon se scinder en trois groupes en raison du différentiel de vitesse : dès lundi midi, certains seraient au sud de l’Irlande, d’autres à la sortie de la Manche et les derniers au large de Roscoff… Et après 48 heures de course, les premiers Ultime seraient à la latitude de Lisbonne, les leaders IMOCA et Multi50 à la hauteur du cap Finisterre et les Class40 sur le parallèle des Sables d’Olonne. Et quand le premier trimaran va toucher les alizés poussifs des Canaries, les monocoques IMOCA et les Multi50 peineront à sortir d’un flux d’ouest entre Açores et Madère quand les premiers Class40 seront encore au louvoyage au large de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique… Les trous de la Manche ne vont que s’agrandir au fil des jours !

Mais pour autant, la course annonce ensuite une succession de chambardements car les alizés sont très instables et plutôt mous, le Pot au Noir très développé vers le Nord, l’Atlantique Sud mal organisé. Il faut donc s’attendre à ce que les nouveaux prototypes ne soient pas à la fête pour ces trois premiers jours de course mais ils auront bien des opportunités de revenir dans le match d’ici l’arrivée à Itajaí !