En s’approchant à grande vitesse (presque 27 noeuds de moyenne sur 24 heures) du continent africain, Groupama 3 va devoir quitter l’anticyclone de Sainte Hélène pour passer dans l’océan Indien. Car en longeant la bordure Sud de ces hautes pressions, la courbure des isobares s’incurvent parallèlement aux côtes de l’Afrique du Sud et le vent tourne (adonne) du secteur Nord-Ouest à l’Ouest, puis au Sud-Ouest… Logiquement, le trimaran géant a dû enclencher un nouvel empannage cette nuit vers 4h00 TU pour ne pas poursuivre sur cette trajectoire courbe qui le faisait doucement remonter vers le Nord-Est.
Zig-zags
Evidemment, par rapport à la trace de Orange II en 2005 d’une pureté remarquable depuis l’équateur, le sillage de Groupama 3 apparaît plus chaotique mais cela est justement dû à l’impératif de glisser entre des hautes pressions au Nord et des dépressions au Sud. En basculant au secteur Ouest, le vent portant oblige Franck Cammas et son équipage à naviguer en zigzag, tribord amure ce mardi matin, bâbord amure probablement à la mi-journée. En effet, un multicoque ne doit pas progresser plein vent arrière mais avec un angle d’attaque par rapport à la brise d’environ 40° : si le vent est Ouest comme en ce moment, le trimaran a le choix entre une route au 60° (Est-Nord Est) ou un cap au 150° (Sud-Sud Est). Pour optimiser sa trajectoire, le navigateur va devoir profiter des moindres petites bascules de vent pour se recadrer. Heureusement, derrière la dépression qui passe sous Groupama 3, la brise va passer en soirée du secteur Ouest au Sud-Ouest, ce qui permettra au trimaran géant de pouvoir suivre une route plus directe, tribord amure.
A noter que, à 7h00 TU ce mardi, Bruno Peyron passait virtuellement à quelques milles près sur la position de Franck Cammas de lundi à 8h00 TU : 23 heures d’écart réel séparent donc les deux multicoques à trois ans d’intervalle…
Ils ont dit :
Jacques Caraës, équipier d’avant : « Ça glisse très bien, on déroule sur une mer plutôt sympathique avec beaucoup de manoeuvres sur une route pas très simple. Sur la plage avant, c’est très impressionnant surtout la nuit. On utilise des harnais et des longes pour notre sécurité. »
Franck Cammas, skipper de Groupama 3 : « On va rester un peu bloqués sur le nord de la route, en conservant une trajectoire au dessus des quarantièmes rugissants. »