Depuis 36 heures, Spindrift navigue dans une zone de glaces et accuse son plus gros retard depuis le départ, soit 260 milles. La priorité est donnée à la sécurité alors que Spindrift est confronté à des conditions de vent qui l’oblige à empanner plusieurs fois.
Les satellites peuvent détecter la présence d’icebergs seulement à partir de 100 mètres de grandeur. Pour des questions de sécurité, Yann Guichard a décidé de passer à 50 milles nautiques de distance des iceberg détectes sur notre route ; le plus grand jusqu’ici faisant 400 mètres. Il met également en place un système de veille, de jour comme de nuit, où l’équipage se relaie pour détecter les growlers, ces blocs de glaces plus petits qu’un iceberg mais tout de même de plusieurs tonnes dérivants à la surface de l’eau. Il fait jour à 1 heure du matin, et les jumelles remplacent alors, les lunettes infrarouges. L’atmosphère à bord est studieuse et concentré.
Dona Bertarelli : ” La mer est de couleur grise, laiteuse, tel un lac de haute montagne. Il fait froid, dehors comme dedans, mais Thierry me met en garde, ce n’est encore rien. Dans quelques heures, le vent forcissant, cette fois-ci de secteur Sud venant tout droit de la banquise, nous ferra vivre la pleine puissance de l’Océan Austral. Je ne quitte plus mes gants ni mon bonnet en mérinos. Même pour dormir. Les tâches quotidiennes, tel que laver la casserole et les gamelles nous rappelle que l’eau est à 3 degrés. Impossible de se laver les dents sans risque de faire sauter l’email. Il faut faire chauffer l’eau. Les oiseaux se font plus nombreux et semblent nous annoncer l’approche de l’Archipel des Kerguelen. Notre route nous y amènera peut-être tout prêt. Cela fait deux semaines que nous sommes en mer et voir un morceau de terre, sera bienvenu.”