Servane Escoffier : “envie de Vendée Globe”

Servane arrivée BWR
DR

Même si elle ferme la marche de la Barcelona World Race, Sevane Escoffier et Albert Bargues font partie des 2 équipages (avec Paprec-Virbac 2) qui ne se sont pas arrêtés pendant la course. Heureuse de boucler son premier tour du monde, à seulement 26 ans, Servane est entrée dans la cité catalane les yeux pétillants de bonheur et de joie. Sur le ponton, elle partageait ce grand moment avec sa famille et une trentaine d’amis, venus spécialement de Bretagne et de partout en France pour l’accueillir. Servane Escoffier a vécu de très grands et difficiles moments dans cette Barcelona World Race mais cette aventure a été une expérience plus qu’enrichissante. Pour elle, ce galop d’essai en double, lui a donné envie d’y retourner mais en solitaire cette fois ! En effet, son objectif est de s’aligner au départ du prochain Vendée Globe, le 10 novembre 2008.

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Que ressens-tu maintenant ?
Servane Escoffier : Je suis heureuse ! C’est que du bonheur ! Je viens de faire le tour du monde. Je ne réalise pas que j’ai passé 108 jours en mer. C’est une belle page de ma vie ! L’objectif est atteint et nous ne nous sommes pas arrêtés. J’ai envie de dire merci à tout le monde, à ma famille, mes amis, mon équipe… à toutes ces personnes qui m’ont soutenues pendant ces 3 mois et demi.

Comment as-tu vécu cette Barcelona World Race ?
Servane : J’ai eu très froid aux mains. J’étais toute engourdie et c’était parfois difficile de manœuvrer sur le pont. Avant le passage du Cap Horn, nous avons eu un problème de pilote automatique. Là, je me suis vue en train de nous relayer à la barre toutes les deux heures jusqu’à Barcelone. Heureusement, Albert a résolu le problème en quelques heures. Je dois avoir un problème avec mon cordon ombilical car ma famille et mes amis m’ont beaucoup manqués. C’est en partie grâce à eux et à leur soutien que j’y suis arrivée. Mais j’ai vécu de très grands moments. Aujourd’hui, ce sont ceux-là qui effacent tous les mauvais.

Quels étaient ces meilleurs moments ?
Servane : D’abord, il y a eu le départ car toute l’équipe a été à fond pendant des mois et le 11 novembre dernier Educacion sin Fronteras était prêt à s’élancer autour du monde. Le Cap Horn restera inoubliable. Je suis contente d’y être passée pour sa beauté et le symbole qu’il représente. Pendant 3 mois et demi, nous avons véhiculé des valeurs essentielles et dont je suis fière : l’éducation sans frontières. Et bien sûr aujourd’hui car je suis la plus heureuse !

Comment s’est passée ta collaboration avec Albert ?
Servane : Partir 108 jours avec une personne qu’on ne connaît pas, ce n’est pas évident. Mais avec Albert, nous avions un objectif commun : aller au bout de la Barcelona World Race. Il y a eu des moments difficiles, et dans ces cas-là, nous nous sommes serrés les coudes. Dans un espace long de 18 mètres, c’est important de faire des efforts et de prendre sur soi. C’est quelqu’un de très attentif au matériel et de bricoleur. J’ai appris beaucoup sur ce point. Et puis, il a une sagesse, de part son expérience, que je n’ai pas.

Qu’as-tu prévu de faire maintenant ?
Servane : D’abord, redevenir une fille ! Je vais commencer par prendre une bonne douche et mettre une jupe. J’ai envie de prendre soin de moi, d’aller chez le coiffeur, chez l’esthéticienne. J’ai envie de faire du sport, d’aller au ski, de manger avec mes amis, de repeindre ma cage d’escalier…. Bref, de retrouver tous les petits plaisir de la vie.

Repartir pour un tour ?
Servane : Pendant la Barcelona World Race, je me suis dit : non je ne veux pas revenir par là et 2 jours après le bateau va vite, c’est du bonheur et là tu te dis que tu as envie de revenir et retrouver cette adrénaline. Cette histoire vaut la peine d’être vécue. Il n’y a rien de plus beau que de partager avec les gens. Donc maintenant, on va tout faire pour trouver un partenaire et être sur la ligne le 10 novembre prochain parce que j’ai envie de repartir pour un tour du monde, pour le Vendée Globe.

Portrait Express

Servane est tombée dans la voile toute petite. Son père, Bob Escoffier, dirige une entreprise de location de vieux gréements et de voiliers de courses, basée à St Malo. Servane a vu tous les grands départs de courses, dont bien sur ceux de la Route du Rhum. En 2003, elle embarque avec son papa et participe à la Transat Jacques Vabre. Cela reste une aventure inoubliable. Elle a déjà une dizaine d’années de navigation derrière elle. Skipper : c’est désormais son métier.
Une tête bien faite. Servane sort diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce de la Rochelle avec dans ses bagages plusieurs stages, dont un en particulier en Angleterre chez Ellen Mac Arthur et Mark Turner d’Offshore Challenges. D’ailleurs, c’est sur le monocoque d’Ellen (celui avec lequel elle a participé au Vendée Globe), qu’elle réalise ce premier Tour du monde.