Plus de 800 milles par jour dans l´Indien

Banque Populaire V Grand Sud
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Un vent de Nord Ouest soufflant aux environs des 30 nœuds et affichant une belle stabilité pour les heures à venir, les marins vont toujours aussi vite et ne semblent pas prêts de s’arrêter. Depuis leur entrée dans les 50ème la nuit dernière, les quatorze hommes du bord poursuivent doucement mais sûrement leur tour de l’anticyclone indien. "Petit à petit, comme le confirmait le routeur à terre Marcel van Triest ce midi, " le vent devrait tourner vers l’Est, permettant alors de faire du Nord pour éviter les icebergs. Il y a une centaine de cibles confirmées entre 90° et 120° Est et plus Sud que 50°. Les plus grands font 7 kilomètres". Autant dire que face à un tel voisinage, un petit détour s’impose naturellement.

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Le Maxi Banque Populaire V compose avec une météo toujours favorable et une mer peu maniable. Mais ce qui revient comme un leitmotiv, c’est d’abord la présence permanente du froid. Ainsi, les quelques polaires encore jalousement gardées dans les sacs jusqu’à il y a peu sont-elles venues compléter la couche "isolante" avec laquelle les marins luttent péniblement contre ce Grand Sud. Contacté ce midi, Kévin Escoffier dressait un état des lieux des conditions de vie et de navigation : " La mer est assez croisée. Nous avons eu 40 nœuds en rafales. Nous sommes actuellement sous deux ris/solent, avec 30 nœuds de vent. Nous avons rajouté des couches parce que l’eau est à 4°. Même si nous sommes à la latitude de l’île de la Réunion, ce n’est pas vraiment la même chose. Nous sommes passés dans le Nord d’une zone de glaces et le prochain danger de ce type se situe dans l’Est des Kerguelen. Nous serons aux Kerguelen aux environs de 5 heures demain et nous allons devoir nous en écarter pour éviter les dévents ".

Malgré le froid et cette présence confirmée d’un champ de glaces droit devant, les vitesses affichées au compteur restent impressionnantes, bluffantes mêmes à l’échelle d’un océan comme l’Indien. Kévin Escoffier le rappelait ce midi, rarement un bateau n’aura aligné de telles performances sur une journée de mer. Jusqu’à présent, seuls Groupama 3 et Banque Populaire V avaient dépassé le seuil des 800 milles en 24 heures. C’était en 2009 et surtout, à l’occasion du record de la traversée de l’Atlantique Nord, sur quatre jours de navigation.

Ingénieur et responsable du bureau d’étude au sein du Team Banque Populaire, le jeune Malouin confiait son admiration à l’égard d’une machine qu’il connaît comme le fond de sa poche de ciré : " C’est quand on arrive dans ces conditions qu’on se rend compte que la structure est vraiment fiable. Ce qui est impressionnant, c’est la charge sur la durée. Nous avions déjà fait subir ce genre de pression au bateau, mais pas sur une période aussi longue. C’est pour cette raison qu’il faut vraiment le préserver et faire des moyennes plus basses quand les conditions de navigation sont plus difficiles. C’est juste la troisième fois qu’un bateau atteint des moyennes de 800 milles par jour et ce qui est particulièrement impressionnant, c’est que ça se passe à l’échelle d’un tour du monde ".

Avance à 16h00 : 1860 milles par rapport au temps de référence