Que d’émotions à Brest pour accueillir en héros les 6 membres d’équipage d’IDEC
Revivez le direct de l’arrivée à Brest d’Idec Sport
Francis Joyon “La moitié du roman de Jules Verne”
Francis Joyon : “C’est la moitié du roman de Jules Verne. C’est un chiffre symbolique. Quand Bruno Peyron a fait 80jours j’avais trouvé cela incroyable. Descendre de la moitié, cela nous touche. On a tout donné, on a été à fond tout le temps comme si on était en régate toute la durée du tour, comme en Baie de Quiberon. Il fallait tenir le coup, ne pas casser la bateau. C’était la seule limite que nous nous sommes donné. On a fait du bon travail. Les gars ont fait le maximum. C’est le fruit du travail de la préparation du bateau avec Clément et Corentin avant puis 40 jrs intense avec l’équipage. On a le sentiment d’avoir fait du bon travail. Ce qui a été dingue c’est la capacité qu’on a eu à faire 900 m plusieurs jours d’affilée dans le sud. On ne s’y attendait pas. On avait de la glace, pas de visibilité. C’est un bateau historique. Il l’était avant, il l’est encore plus maintenant.
Le passage de la ligne d’arrivée
Le passage de la ligne d’arrivée.
Arrivée d’Idec à Brest
“40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes !” Claude Breton, Président de la WSSRC a noté le temps de passage de la ligne. IDEC se dirige vers Brest où une conférence de presse va avoir lieu vers 11h
Première réaction de Francis après la ligne
Francis Joyon
“On est ravis d’avoir franchi la ligne. C’est un aboutissement de toutes ces années de travail. Après l’année dernière où notre tentative n’avait pas aboutie. Cette dernière nuit a été tonique avec une mer très très dure où le bateau tapait beaucoup. On était sous 2ris et J3. On est un peu sonné ce matin mais on est content d’arriver. Au passage de la ligne on était tous sur le pont à se congratuler. On pense être vers 10h à Brest.”
Un record salué par Yann Guichard :
Yann Guichard @yannguichard il y a 35 minutes
Fanstatique exploit de Francis Joyon et sa bande!une trace INCROYABLE… La barre symbolique de 40 jours n’est plus inimaginable… BRAVO!!!
IDEC Sport, ils sont incroyables ! 40 j 23h 30mn et 30s

IDEC a franchi la ligne ce jour à 8h49mn et 30 s et pulvérise le record en 40 j 23h 30mn et 30s. C’est incroyable ce que Francis Joyon, Clément Surtel, Alex Pella, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Sébastien Audigane ont réalisé ! 26 412 milles à la moyenne de 26,85 noeuds. Un record établi aussi grâce au concours de Marcel Van Triest, le routeur.
6 records ou temps de passage intermédiaires, à Leeuwin, Tasmanie, Antiméridien, Horn, Equateur et Ouessant. L’exploit est considérable, et l’analyse détaillée des performances quotidiennes fait ressortir d’étonnants faits d’armes, comme cette 14ème journée de mer à 894 milles parcourus à 37,3 noeuds de moyenne, ces 8 journées à plus de 800 milles, et 7 à plus de 700.
Avec le Vendée Globe, on les a suivis un peu de loin, du coin de l’œil, on ne les a presque pas vu venir et pourtant quel exploit ! 40 jours pour faire le tour du monde et à l’arrivée exploser le trophée Jules Verne détenu depuis 2012 par Loick Peyron.
On se souvient de la double tentative l’année dernière du trimaran rouge et de Spindrift, les vitesses incroyables, les efforts surhumains, les difficultés, les espoirs et … les désespoirs… et cette année après une tentative échouée en novembre, ils sont repartis le couteau entre les dents “terminer le boulot”, boostés par les performances de Thomas Coville, motivés pour remonter toute la flotte du Vendée. Un scénario dingue.
Francis Joyon, avant de partir, nous disait qu’il fallait de la chance au niveau météo pour battre ce record et de la chance à chaque océan. L’année dernière, juste avant le Cap Horn puis la remontée de l’Atlantique, les conditions avaient été fatales. Cette fois-ci, la descente aura correcte, l’Ocean Indien et le Pacifique extraordinaire, l’Atlantique sud clément et l’Atlantique Nord la cerise sur le gâteau !
« Nous partons le 16 décembre dernier dans la plus grande incertitude » avoue le benjamin du bord Gwénolé Gahinet. Après une première tentative avortée quelques jours auparavant, la faute à une Zone de Convergence Intertropicale en pleine expansion sur la route d’IDEC SPORT, Francis Joyon et ses hommes repartaient le 16 décembre 2016 avec une confiance mesurée en l’issue de leur expédition, confrontés à de nombreuses interrogations quant à l‘évolution des grands systèmes météos en Atlantique Sud. Comme à leur habitude, ils s’élançaient pourtant sans retenue et se montraient rapidement à leur avantage, portant dès le 5ème jour de course leur avance sur le chrono référence à plus de 210 milles. Mais le pot au noir, décidément très remonté contre le maxi trimaran rouge et gris, douchait vite l’euphorie naissante en infligeant un impitoyable traitement à base d’orages, de vents tourbillonnants et de calmes plats. A 6,4 noeuds de moyenne le 21 décembre, IDEC SPORT signait la pire journée de sa tentative, ne progressant que de 186 milles en 24 heures. Son retard sur son concurrent désormais virtuel, le maxi trimaran Banque Populaire V explosait, pour atteindre au 11ème jour de course, à l’entrée des 40ème Rugissants, les 755 miles. C’est avec ce déficit à l’esprit, que le TEAM IDEC SPORT allait signer l’une des plus impressionnantes pages de l’histoire des grands records océaniques.
L’exploit des mers du sud
Lent à l’équateur, IDEC SPORT, tout en mangeant son pain noir, était parvenu à se glisser intelligemment en bordure des calmes de l’anticyclone de Saint Hélène, coupant au plus court au coeur de l’Atlantique Sud pour attraper au vol une dépression australe « d’école » dans sa puissance et sa virulence. Cette dépression abordée idéalement par sa face nord est, Joyon et ses marins allaient s’y cramponner avec une rare assiduité. Leur entêtement à ne jamais se laisser dépasser par le fort flux de nord ouest portait rapidement ses dividendes, et durant les 11 jours suivants, IDEC SPORT n’allait que très occasionnellement progresser à moins de 30 noeuds de moyenne horaire. Avec des pointes enregistrées à plus de 44 noeuds, la bande à Joyon traçait un sillon unique, exceptionnel, au coeur des inhospitalières mers du Grand Sud, saluant Bonne Espérance puis Leeuwin, deux des trois grands caps identitaires de ce Trophée Jules Verne à 4 jours et 9 heures d’intervalle. L’avance sur le tenant du titre était, le 4 janvier dernier, portée à une journée et demi au passage sous la Tasmanie. Un internaute australien avisé s’exclamait : « Deux jours pour traverser l’Australie! On ne peut même pas faire cela en voiture! » Un peu plus d’une semaine plus tard, Alex, Seb, Gwéno, Francis, Bernard et Clément rajoutaient une nouvelle coche à leur impressionnante série de passages du Cap Horn cumulée. Banque Populaire V était alors relégué à 4 jours et 6 heures du tableau arrière d’IDEC SPORT! Phénoménal!
Un Atlantique Sud déjoué avec Intelligence.
Si Loïck Peyron avait, début 2012, connu une remontée de l’Atlantique Sud extrêmement favorable, IDEC SPORT se voyait confronté à un enchainement contrasté de phénomènes météos classiques en cette saison et dans cette partie du globe. Passées les îles Malouines, c’est une dépression très virulente surgit des côtes argentines qui infligeait à Francis Joyon et son équipe un traitement sévère à base de houle désordonnée et souvent contraire, dans des vents de sud ouest travers à la marche du bateau. Les hommes d’IDEC SPORT s’employaient à trouver le bon compromis entre préservation du voilier, et impérieuse nécessité de gagner rapidement vers le nord. Trois routes s’offraient ensuite à eux pour traverser au large du sud Brésilien ces zones peu ventées dites de transition. Entre quête du vent loin à l’est, et des allures de près le long des côtes Brésiliennes, Joyon, toujours soutenu par la pertinence des analyses de son routeur à terre Marcel van Triest, choisissait une voie médiane cap au nord, qui lui permettait, passé le cap Frio, de toucher dans des temps qualifiés de « corrects » les alizés de sud est. Restait une nouvelle fois, la quatrième en moins de deux mois, à affronter le pot au noir. Fidèle à ses (mauvaises) habitudes, celui-ci, à la vue du grand trimaran IDEC SPORT, choisissait de s’alanguir sous la forme d’une énorme bulle, certes peu virulente en terme d’activité orageuse, mais totalement déventée. Une nouvelle fois, les analyses de Francis et de Marcel s’accordaient pour jouer les extérieurs, les extrêmes, en poussant loin dans l’ouest et le nord de Fortaleza le choix d’entrée dans l’hémisphère nord. Pari gagnant. « Nous n’avons jamais été arrêtés! » pouvait s’exclamer Joyon en touchant les alizés de nord est.
Une arrivée tonique et tonitruante!
En adonnant progressivement à la latitude des îles du Cap Vert, les alizés offraient à IDEC SPORT angles et force de vents parfaits pour foncer vers le sud Açorien. Joyon and Co y accrochaient une nouvelle fois le bon wagon en partance pour la Bretagne. Ils renouaient avec un plaisir non dissimulé, malgré la légitime vigilance permanente à la bonne santé de leur monture, avec les très hautes vitesses, 30 noeuds et plus, pour dessiner une impressionnante parabole transatlantique depuis le nord este Brésilien.
Quelques chiffres…
La pire journée a été la 6e (le 21 décembre), avec une VMG de seulement 6.4nds
La meilleure journée a été la 14e, 894 milles sur le fond à 37,3noeuds de moyenne
Le retard max sur Banque Populaire a été de -755 nm, enregistrée le 11e jour, (26 décembre).
L’avance max a été de nm, enregistrée le 41ème jour (26 janvier)
La perte la plus importante de -384 nm en 24h, a été enregistrée le 10e jour et le gain le plus important, de 416 nm en 24h, a été enregistré le 25e jour (9 janvier).
Distance parcourue sur le fond : milles, contre 29 002 pour Banque Populaire V
Temps de passage :
Equateur Aller : 5 jours, 18 heures, 59 minutes, soit 4 heures et 3 minutes de retard sur Banque Populaire V
Bonne Espérance : 12 jours, 19 heures, 28 minutes, soit 0 jour, 21 heures et 40 minutes de retard sur Banque Populaire V
Cap des Aiguilles : 12 jours, 21 heures, 22 minutes, soit 0 jour, 21 heures, 34 minutes de retard sur Banque Populaire V
Cap Leeuwin : 17 jours, 06 heures, 59 minutes, soit 16 heures et 58 minutes d’avance sur Banque Populaire V
Tasmanie : 18 jours, 18 heures et 31 minutes, soit 1 jour, 12 heures et 43 minutes d’avance sur Banque Populaire V
Cap Horn : 26 jours, 15 heures et 45 minutes, soit 4 jours et 6 heures d’avance sur Banque Populaire V
Equateur retour : 35 jours, 4 heures et 9 minutes, soit 2 jours, 22 heures et 36 minutes d’avance sur Banque Populaire V.
Equateur – Ouessant : 5 jours, 19 heures, 21 minutes
Le fabuleux exploit d’IDEC Sport 40 jours autour du monde
Il fonce IDEC SPORT, et affole de nouveau les compteurs alors que la distance restant à parcourir pour rallier l’arrivée du Trophée Jules Verne se réduit à un rythme impressionnant. À moins de 550 milles du but en ce début d’après midi, Francis Joyon, Clément Surtel, Bernard Stamm, Sébastien Audigane, Alex Pella et Gwénolé Gahinet parachèvent leur chasse au record de vitesse absolue autour du monde de la plus belle manière : lancés à 35 nœuds de moyenne vers le cap Finisterre, dernier marqueur d’une chevauchée fantastique d’un peu plus de 40 jours autour de la planète mer. Les six marins d’IDEC SPORT sont attendus demain, jeudi 26 janvier 2017, au petit jour (entre 6h et 7h, heure française) au large d’Ouessant, pour ajouter leur nom au palmarès du plus prestigieux challenge maritime en équipage. Et recevoir dans la matinée à Brest, au terme d’un tour du monde express devant se conclure avec une avance de près de cinq jours sur le record à battre (45j 13h 42mn 53sec), un accueil à la hauteur de cet exploit collectif qui fera date.
« C’était assez agité dans du vent assez fort. Le bateau était pas mal secoué. Même si on allait un peu moins vite dans une mer plus formée de 3-4 mètres, cela nous a rappelé nos cavalcades dans l’océan Indien. Mais, on est très contents d’avoir réussi à rester à l’avant du front », commente ce matin, Francis Joyon qui ne cache pas se réjouir de cette arrivée qui se rapproche à vitesse grand V des étraves du vaillant trimaran rouge et gris. « On est hyper bouillants d’impatience à l’idée de cette approche », ajoute-t-il, confiant et serein devant les quelques milles qu’il reste à parcourir depuis le départ d’IDEC SPORT, le vendredi 16 décembre dernier, à 9h19 tapantes (heure française) dans sa chasse au record planétaire.
Vers une arrivée en accéléré
À ses côtés, ses cinq équipiers de haut vol ne sont pas en reste et affichent le sourire des grands jours. « On est au portant sous J2 et ça envoie plutôt pas mal, on progresse à 35-38 nœuds sur une mer plutôt sympa. On profite des ces derniers moments de mer, on profite à fond de ce beau bateau qui va super vite », confirment volontiers Gwénolé Gahinet et Sébastien Audigane en approche du cap Finisterre, leur indiquant la fin imminente et en accéléré de leur course effrénée face au chronomètre. Le bonus sur le tableau de marche de l’actuel détenteur du Trophée Jules Verne, qui dépasse la barre des 2 000 milles d’avance en ce début d’après-midi, en témoigne : IDEC SPORT progresse comme une fusée vers la ligne d’arrivée d’un tour du monde pour attraper dans ses voiles un record après une circumnavigation marquée sous le signe de la vitesse sur une trajectoire exemplaire.
« Ce Trophée Jules Verne, c’est une vraie ligne droite qu’on a pu tracer en gardant le même rythme que les fronts dans le Grand Sud, comme on est en train de le faire en Atlantique Nord. Selon les derniers routages, on devrait aussi battre le record intermédiaire entre l’équateur et Ouessant, ce sera un peu la cerise sur le gâteau », se félicite Clément Surtel. « C’est une trajectoire exceptionnelle. Le jour s’est levé et on peut donc attaqué un peu plus fort. »
« Un grand moment… »
Très attentifs au trafic maritime, aux centaines de cargos et de bateaux de pêcheurs qui croisent dans cette zone – « l’une des plus fréquentée au monde », selon Francis Joyon – les six marins continuent, sur leur lancée, portés par l’élan et l’énergie collective qui les accompagnent dans cette campagne planétaire en passe de hisser le team d’IDEC SPORT au rang de neuvième détenteur du Trophée Jules Verne, après les équipages de Bruno Peyron, Peter Blake, Olivier de Kersauson, Franck Cammas et de Loïck Peyron. « J’en ai vu partir des Trophée Jules Verne dont j’avais préparé le bateau avant le départ. De parvenir à le décrocher, c’est un peu un aboutissement dans mon parcours de marin, et c’est aussi un rêve qui se réalise. Couper la ligne d’arrivée, record à la clé, ce sera forcément un grand moment, » ajoute Clément Surtel qui n’a pas ménagé sa peine pour garder le potentiel du maxi-trimaran de 31 mètres intact tout au long du parcours.
Suivi live entre 10h et 12h30
D’après les dernières estimations, IDEC SPORT devrait couper la ligne entre 7h et 9h demain matin (heure française). Il est ensuite attendu à l’entrée de la rade de Brest dans le courant de la matinée. À partir de 10h débutera la retransmission en direct de cette arrivée victorieuse sur le site et les réseaux sociaux, suivie jusqu’à 12h30 par l’amarrage du bateau au ponton et les premières réactions à chaud sur le podium en présence du public attendu nombreux pour saluer cet exploit maritime.
Vers la fin de l’America’s Cup ?
Larry Ellison et Sir Russell Coutts ont dévoilé à Londres leur vision de la prochaine édition de l’America’s Cup en présence de 4 challengers dont Team France. Nous avions présenté dans le dernier numéro de Course au Large les grandes lignes. Il ne s’agit pas d’un protocole mais d’un accord-cadre « Framework agreement ». Une nuance importante en terme juridique.
Nous n’avons pas eu le document final. Si on peut trouver légitime les attentes des équipes pour avoir une visibilité sur la suite, ce qui a toujours existé dans la Coupe sans la remettre en cause, il n’en reste pas moins vrai que c’est cela la Coupe. Elle appartient à celui qui la gagne et c’est lui qui fixe les règles jusqu’à ce qu’on lui lance un autre défi. C’est un challenge permanent.
L’annonce qui est faite aujourd’hui n’a rien d’inédit sur le constat mais tout est fait pour détruire la Coupe dans le futur. Ce n’est pas une avancée mais une atteinte à la Coupe où les 4 challengers, dont TeamFrance, se fourvoient en cautionnant cela. Seuls les Néo Zed n’ont pas signé cet accord et c’est tant mieux. On peut espérer également que les Anglais ne le respecteront pas. L’une de ces deux équipes affrontera certainement le Defender pour l’America’s Cup Match. Espérons que l’un d’eux la gagne.
Russel Coutts et Larry Ellison veulent apparaître comme les « modernisateurs » de la Coupe alors qu’ils ont démontré un vrai cynisme pour se l’approprier et pour la défendre en l’organisant à la limite du Fair-Play. Ils tuent l’esprit de la Coupe et il est regrettable que TeamFrance les suivent dans cette voie-là. On peut gagner la Coupe sans forcément sacrifier son âme sur l’hôtel du Defender. Les kiwis avec des financements publics et privés, sans milliardaire derrière, prouve que l’on peut monter une équipe performante sur plusieurs éditions et sans rien renier. C’est de cet exemple ou de celui des Anglais que TeamFrance doit s’inspirer.
Vouloir organiser la Coupe tous les deux ans n’a aucun intérêt et le format tel qu’il est proposé fait oublier les rôles bien différents qui existent dans la Coupe : un Defender d’un côté, le meilleur challenger de l’autre.
Coutts veut verrouiller le système et il serait naïf de croire que ce soit pour de bonnes raisons. Coutts et Larry Ellison ont mis la Coupe à feu et à sang en 2007 en imposant à Alinghi un DOG Match. Les raisons : Alinghi avait créé un faux challenger espagnol – Oracle fait pareil avec Team Japan. Alinghi voulait moderniser la Coupe, Oracle l’accusait de remettre en cause le Deed of Gift – Oracle le déchire. Trois ans de querelles juridiques qui ont tués 11 équipes. 10 ans plus tard, il n’y a que 5 challengers.
La 34è édition , même si elle a été belle par le retournement de situation, a été un fiasco avec 3 challengers.
La 35è a été lamentable dans son organisation. Aucune des obligations du protocole n’a été respectées, tant dans la parution du calendrier, la définition de la jauge, que l’annonce des différents lieux de la Coupe. Pire, le Challenger of Record a disparu au profit d’un comité et il y a un challenger quasiment officialisé et étiqueté proche du Defender, en l’occurrence Team Japan. Le Defender organise la compétition des Challengers. Du jamais vu. Luna Rossa a disparu.
Le Fair-Play n’est pas du côté du Defender, encore moins de celui de Russel Coutts.
Si le spectacle de ces bateaux volants est magnifique et nul doute que le spectacle aux Bermudes sera beau, il doit subsister la magie de la Coupe dans un match entre deux nations qui s’affrontent autour d’un défi technologique, sportif et national où les deux ont leur chance.
Aujourd’hui, le Defender s’entraîne avec les challengers. Il n’est plus seul. Pire il va participer à l’élimination d’un challenger lors de la première phase. Un challenger qui aura dépensé 20 millions d’euros, participer à 8 courses avec son nouveau bateau et qui devra rentrer chez lui.
La modernité n’est pas là où l’on pense. L’histoire de la Coupe, plus vieux trophée sportif du monde est l’ADN de la Coupe. Vouloir changer les règles, en dénaturer l’esprit et le vider de sens pour en faire comme un championnat de F1 n’a pas de sens. C’est le programme proposé par le Defender et ses “supplétifs contraints”.
Ci-dessous le communiqué de la Coupe
“C’est un moment extrêmement important pour l’America’s Cup”, a déclaré Sir Russell Coutts, cinq fois vainqueur de la Coupe et le PDG de l’America’s Cup Event Authority. «Pour la première fois depuis plus de 165 ans, les équipes se sont rassemblées pour le bénéfice non seulement d’elles-mêmes, mais aussi de l’America’s Cup. Les équipes qui voudraient participer à la prochaine édition savent maintenant combien il en coûtera, quel type de bateau ils ont besoin de construire et quelles seront les règles », a déclaré Larry Ellison, fondateur d’ORACLE TEAM.
L’accord qui a été dévoilé concerne la 36e et la 37e America’s Cup qui auraient lieu en 2019 et 2021, soit tous les deux ans. Le cycle de la 36e America’s Cup commencerait dès 2017 avec des ACWS en AC45F.
Martin Whitmarsh, le PDG de Land Rover BAR, et Torbjörn Törnqvist, fondateur de l’équipe d’Artemis Racing ont approuvé cette vision. Une vision partagée par Iain Murray, le directeur de la 35e America’s Cup qui a déclaré: «Il y a un vide à combler entre deux éditions et nous avons essayé de répondre à cela. Il faut saisir cette opportunité. Cela assure de la stabilité et donne la possibilité aux équipes intéressées par la Coupe de s’organiser en offrant également un coût d’entrée plus bas. »
Franck Cammas, Skipper de l’équipe France, a ajouté : « Il est important pour les équipes de savoir ce que sera l’avenir de l’America’s Cup. C’est bon pour tout le monde, commercialement et pour avoir de la visibilité à long terme. ”
Sir Ben Ainslie, Land Rover BAR a commenté : « Cet accord est vraiment essentiel pour l’avenir de l’America’s Cup. La coupe a une histoire incroyable depuis plus de 165 ans, mais maintenant les équipes et l’America’s Cup Event Authority peuvent vraiment commencer à travailler. »
Cet accord cadre selon les organisateurs respecte et maintient tous les aspects du Deed of Gift qui régit l’America’s Cup : C’est celui qui gagne qui fixe les règles.
Entre les éditions, il est arrivé fréquemment qu’il y ait un laps de temps important avant d’enchaîner sur la suivante. Les règles changeaient également souvent entraînant la dissolution d’équipes et l’élimination d’équipements dispendieux et redondants.
Jimmy Spithill, skipper ORACLE TEAM USA, a déclaré: «Nous avons tous vu combien cette période de silence prolongée peut être dommageable pour chacun des intervenants de l’événement. Ce que nous avons fait au cours de la dernière année, c’est de travailler ensemble pour aborder ce problème de front. Nous savons que l’une des équipes actuelles va gagner, alors nous avons travaillé sur une vision commune pour la suite et officialisé certaines règles. Il y a maintenant un plan clair en place qui confirme le format de la compétition en utilisant les bateaux existants et le matériel autant que possible pour réduire les coûts. Je pense que cette annonce sera l’un des moments forts de l’histoire de l’America’s Cup. C’est bien pour les fans, les équipes et commercialement pour la Coupe – une victoire pour tous. C’est un énorme pas en avant. ”
Iain Percy, directeur d’équipe d’Artemis Racing « Nous réalisons tous que notre sport est sur la bonne voie et c’est le bon moment pour construire maintenant et pour les générations suivantes »
Larry Ellison a déclaré: « C’est un sport très moderne, c’est un sport extrême, c’est un sport d’équipe et c’est pays contre pays, donc je suis très optimiste pour rendre ce sport très attrayant pour la prochaine génération de marins. Les enfants l’adorent, et cela aidera aussi à le rendre attrayant pour le public qui ne pratique pas la voile tous les jours, mais adorent regarder la compétition à la télévision.
Les signataires de l’accord-cadre et du futur protocole de la 36ème Coupe de l’America (AC36) et de la 37ème (AC37) s’entendent donc selon les termes suivants :
– La Coupe de l’America se déroulera tous les deux ans, soit en 2019 pour l’AC36 et en 2021 pour l’AC37.
– Le circuit préliminaire, America’s Cup World Series (ACWS), débutera au cours du 4ème trimestre 2017. L’ambition est que ce circuit comporte 12 événements internationaux au cours des deux prochaines années.
– La première année des ACWS sera disputée sur des AC45 Foiling, c’est-à-dire sur les catamarans ayant courus les LVACWS 2015 et 2016.
– Une transition s’opérera à compter de la deuxième année vers les catamarans de la Class America’s Cup, classe qui aura concouru en 2017 aux Bermudes.(avec toutefois une modification de la règle de manière à étendre entre 4 et 26 nœuds, la gamme de vent dans laquelle peuvent courir les bateaux). Après ce passage aux Class AC, les AC45 Foiling sortiront définitivement du circuit.
– Le dernier grand prix des ACWS se tiendra sur le lieu où se jouera la Coupe. Le classement de ce circuit déterminera les équipes sélectionnées pour concourir sur les America’s Cup Playoffs.
– Le lieu où se tiendra la 36ème Coupe de l’America sera choisi par le vainqueur de la 35ème
– Pour réduire les coûts, les équipes ne seront pas autorisées à construire, à tester ou à s’entraîner sur les bateaux du type AC45 Turbo comme cela est aujourd’hui permis.
– Les mêmes règles seront appliquées sur la 37ème Coupe de l’America, à la seule différence que seuls les bateaux de la Class AC régateront sur l’ensemble des courses.
Cinq des six concurrents* et leur Yacht Club sont signataires de cet accord et d’ores et déjà d’autres équipes auxquelles cette entente a été soumise ont montré un vif intérêt et pourraient rapidement se présenter en tant que challengers. Emirates Team New Zealand n’est pas aujourd’hui signataire de l’accord-cadre mais a été tenu informé tout au long du process. Dès l’annonce du communiqué, ils ont tweeté que seul le Deed of Gift compte : C’est le vainqueur qui fixe les règles.
Ils ont dit :
Franck Cammas, skipper et membre fondateur de Team France :
« Etre présents dès le départ de cette nouvelle aventure nous permet de construire demain dès aujourd’hui avec des règles clairement identifiées. Boucler le budget en temps et en heure, conserver les talents qui sont à nos côtés sont autant d’atouts essentiels dans notre quête de l’excellence et de la performance. Grâce à cette entente historique, nous allons pouvoir présenter à nos partenaires et à nos futurs soutiens un plan clair afin que leur engagement se constitue sur de bases précises. C’est rassurant pour tout le monde et ça permet de construire une stratégie sur le long terme. Je pense que c’est vraiment une réelle avancée pour la Coupe de l’America afin qu’elle reste ce qu’elle est, à savoir le summum dans la course à la voile. »
Bruno Luisetti, Président de Team France :
« Cet accord et notre inscription à la 36ème Coupe de l’America sont la concrétisation de l’ambition des fondateurs du projet Team France et de ses Filières d’Excellence, d’inscrire notre projet dans la durée. C’est la condition du succès qui permettra à la France de devenir de manière pérenne, une des grandes nations de la voile en équipage. »
Amiral Yves Lagane, Président du Yacht Club de France :
« Au-delà d’accompagner Team France dans sa conquête de l’America’s Cup, nous supportons l’équipe dans sa démarche exemplaire qui a beaucoup de sens pour nous, en France. Celle-ci repose sur la recherche d’un idéal d’Excellence dans un processus qui engage simultanément la science, la haute technologie, l’intuition, l’esprit d’entreprise, l’engagement sportif et le sens marin. Elle passe aussi par la solidarité d’un équipage aguerri aux techniques de la régate au plus haut niveau international et le transfert de ses compétences aux nouvelles générations. »
Le trio magique le deuxième podium
Il y avait de l’ambiance aux Sables pour l’arrivée du trio Jean-Pierre Dick 4e, Yann Eliès 5e et Jean Le Cam 6e qui ont tous peu remonter le chenal à temps. L’écart était d’1h25 entre JP Dick et Yann Eliès qui montre que le match a été intense jusqu’au bout et s’est joué en mode Figaro.
Les 3 hommes sont revenus sur leur course lors de la conférence de presse confiant les bons et les mauvais moments comme le joie du devoir accompli : Terminer le Vendée Globe.
JP Dick : ” La course développe une force mentale. Il faut en vouloir, y arriver. Cela me rend fier. Je suis heureux d’arriver. C’était une belle aventure. Chaque Vendée Globe est différent. Là il y a eu une vraie course en permanence. J’ai eu le sentiment d’être en compétition.”
Yann Eliès lui a eu du mal à prendre du recul. La tête encore en course. Prêt à arriver tout seul. Une arrivée, un moment pas facile à vivre.
Y E : “J’ai fait la course comme je voulais le faire. J’ai l’impression que mon objectif est atteint. J’ai été surpris par la fiabilité des foilers qui sont aux 4 premières places. Je félicite les architectes. C’est une sacrée performance. On se sent chanceux de finir. Passer au travers des Ofnis, tempêtes et avaries. Alors quand les autres font trois ou quatre Vendée Globe et les finissent, je leur dit bravo.”
JP : “Mon moment fort a été de passer par le détroit de Bass. L’option d’ordinateur qui m’a été proposé par mon routeur. C’était un moment chaud et au final une bonne option pour moi. Elle m’a permis de me repositionner et créer un écart important. L’autre moment, cela a été quand j’ai dépassé la porte des glaces. Il y a eu un bug sur mon ordinateur. Je n’avais pas les bons points. Heureusement que le comité m’a averti. ”
YE : “L’énorme dépression que nous avons eu était un moment fort. Quand la mer devient très grosse. Il faut avancer avec la mer. Je la voyais grossir, grossir. J’ai eu peur et à la fois c’était fascinant.”
JP Dick : ” Avant d’arriver, j’ai du plonger 2h pour enlever les algues que j’avais pris. Physiquement, j’ai l’impression que les algues poussent sur mon corps (rires). Mais pendant que je plongeais, le vent changeait et je reculais. ”
YE : J’ai compris qu’il y avait un petit quelque chose qui était caché quand on m’a demandé de monter au mât pour dégager un hook.
C’est dur. 80 jours en mer, c’est long. Je pense à ceux qui sont derrière. C’est un truc de fou encore plus en foiler. C’est du sport de haut de niveau.
JP : La longueur ne me choque pas. C’est un truc un peu dingue de se retrouver face à soi-même. Une aventure extraordinaire, hors du commun, des moments qui m’enrichissent.
Jean Le Cam est arrivé avec sa caméra dont le clac-clac-clac restera marquante pour le Vendée Globe de Jean Le Cam.
“Si on fait le ratio Budget classement, c’est Jean Le Cam qui a gagné de loin” pour Alain Gautier.
“Cette édition a été pour moi 2 personnes Vincent Riou et Bernard Stamm qui m’ont permis de côtoyer leur façon de faire à bord. Je me suis enrichi de leur expérience.”
“C’est un projet d’hommes que nous avons monté.”
C’était mon plus beau Vendée Globe. Il a commencé avant la course, il m’a beaucoup appris sur moi, sur les autres. De ne pas avoir peur.
Tout ce qu’on fait à bord, c’est l’halu complet dans des situations extrêmes. Comment l’être humain fait pour passer les étapes. Il faut y aller. C’est dur. Très dur. Mais en moyenne, ça le fait.”
“J’y vais parce que je pense que je donne du plaisir au gens. Ils m’ont amenés ici. Il y a des moments où c’est difficile, comme lorsqu’on m’a demandé de vendre mon bateau. J’ai dit non.”
” Avec Yann, cela a été extraordinaire. Je sais que je le vois à l’AIS à 12 milles. Je sais quand je suis bon ou pas. Dans le sud, c’était la première fois qu’on parlait à quelqu’un. Nos échanges avec Yann c’était deux cochons qui parlaient dans la même porcherie.”
“Etre au départ c’était un soulagement, le Cap Horn aussi et l’arrivée c’est t’es content.”
” Je n’ai pas manqué de nourriture parce que le Lyophilisé c’est un truc de fainéant. C’est pour ceux qui n’aiment pas matossé. On doit avoir 4t de ballast. La nourriture ça sert à matosser. C’est un trou dans la jauge. Les choses légères et délicates sont dans un filet. Si tu matosses les chips, je te raconte pas la fin de l”histoire. Tu fais de la poussière mélangée avec du beurre. Je ne matosse que ce qui est dense. On ne matosse pas des plumes.” (rires).
5e place pour Yann Eliès après 80 jours 03 h 11 mn
Yann Élies est arrivé ce mercredi peu de temps après Jean-Pierre Dick et devant Jean Le Cam. Un finish serré et une belle 5è place pour Yann, premier bateau à dérive droite à franchir la ligne et la première fois pour le skipper, après son abandon sur blessure lors de l’édition 2008-2009. Son temps de course : 80 jours 03 heures 11 minutes et 09 secondes.
Yann Éliès voulait absolument boucler ce Vendée Globe. « Je suis admiratif de ce qu’a fait Yann, je vois ça comme un exploit. Y retourner après ce qu’il a vécu est extraordinaire. Je ne sais pas si j’aurais été capable d’en faire autant » a déclaré à son sujet Jérémie Beyou mardi, en conférence de presse. Bel hommage.
Joli coup dans l’Atlantique Sud
Dès le départ le 6 novembre dernier, Yann Eliès montre qu’il faudra compter avec son savoir-faire, celui qui lui a permis de gagner trois fois La Solitaire du Figaro, entre autres faits d’armes de son (très) impressionnant palmarès. Yann navigue à bord du tout premier bateau signé VPLP-Verdier, à savoir l’ex-Safran de Marc Guillemot, troisième du Vendée Globe en 2009… C’est donc à la fois la machine qui a montré la voie prise depuis par tous les IMOCA, mais aussi le bateau avec lequel Marc était venu le secourir dans les mers du Sud. Au cap Finisterre, Yann Éliès est dans le paquet des dix bateaux de tête, alors aux côtés de Paul Meilhat et Jérémie Beyou, puis de Sébastien Josse et Vincent Riou. Au Cap-Vert, il est classé huitième. Même pointage à l’équateur, malgré un pot au noir complexe. Yann navigue alors devant… Jean Le Cam et Jean-Pierre Dick, deux concurrents qu’il retrouvera très souvent tout au long du parcours. Hélas une première avarie sur son hook de grand-voile lui fait perdre une cinquantaine de milles, qui se multiplient vite en sa défaveur.
Son premier joli coup stratégique intervient dans la descente de l’Atlantique Sud : vers le 20 novembre, les sept bateaux de tête s’échappent et les circonstances météo vont faire que, toujours, cela va « partir par devant ». C’est le moment où Jean Le Cam annonce « des écarts énormes », en plusieurs milliers de milles… Ce qui se confirmera dans les grandes largeurs. Yann Éliès – qui émarge à 300, puis 800 et près de 1 200 milles derrière le groupe de tête – est fortement menacé de faire partie de la charrette subissant la double, puis triple punition… C’est-à-dire ceux qui vont se retrouver très vite dans une toute autre course, à 3 000 milles et plus des leaders. Pour garder le fil avec la tête de flotte, Yann tente alors une option très osée, via un couloir de vent étroit qui « coupe le fromage » dans l’Atlantique Sud. C’est chaud, mais ça passe et au cap de Bonne-Espérance, Quéguiner-Leucémie Espoir limite son débours au leader, à un gros millier de milles. Bien joué !
Deux fois bloqué par des tempêtes
Yann Éliès est classé en sixième position dans l’océan Indien, devant Jean Le Cam et Jean-Pierre Dick. Malheureusement, il est obligé de mettre sa course entre parenthèses une première fois pendant 24 heures, car il n’a pas d’autre choix que de ralentir volontairement afin de laisser passer devant lui une grosse tempête venue de Madagascar. Il peste. Du coup, sa traversée de l’Indien est solitaire, intercalé à longue distance entre Jérémie Beyou devant lui et Jean Le Cam derrière. Yann double la longitude du cap Leeuwin en cinquième position après 33 jours et 4 heures le 9 décembre, vingt-trois heures après le Maître CoQ de Jérémie Beyou.
Le Sud de l’Australie, de sinistre mémoire pour lui, se passe relativement bien hormis ces coups de vent qui le freinent pendant que, devant, la météo favorise encore le duo des meneurs : Armel Le Cléac’h et Alex Thomson. Nouveau coup de frein obligatoire au Sud de l’Australie, où il doit ralentir une deuxième fois pour laisser passer une furieuse tempête avec des vents prévus entre 60 et 80 nœuds ! C’est le moment où il temporise, pendant que Jean Le Cam peut passer plus au Sud et que, a contrario, Jean-Pierre Dick s’en va plein Nord emprunter le détroit de Bass, entre Tasmanie et Australie. C’est à la suite de cette option que le trio infernal se constitue, au Sud de la Nouvelle-Zélande : Jean-Pierre Dick, Yann Éliès, Jean Le Cam… On n’est encore qu’à la moitié du parcours du Vendée Globe et déjà ces trois compères-là ne se quittent plus, ou presque.
Bord à bord avec Jean Le Cam
Dans le Pacifique, Jean-Pierre Dick prend les devants par intermittences grâce aux performances de son foiler. Mais les deux « briscards » Yann Eliès et Jean Le Cam (tous deux triples vainqueurs de La Solitaire du Figaro) naviguent bord à bord. Et leur match dans le match est époustouflant. Par leur manière de naviguer bien sûr, mais aussi par leurs appels entre eux à la VHF et les vidéos qu’ils envoient au service de presse du Vendée Globe, souvent amusantes.
Au cap Horn le 30 décembre, il y a du monde au portillon : Jean-Pierre Dick passe en début de matinée à 7h34, puis Jean Le Cam à 16h48 et Yann Eliès à peine plus d’une heure plus tard, à 17h56. Yann s’accroche : il veut d’abord absolument finir ce Vendée Globe et si possible à la cinquième place. « C’est tout bête, mais on ne voit que les cinq premiers sur les home-page des sites Internet », se justifie-t-il malicieusement. Jean-Pierre Dick essaie de leur fausser compagnie via le détroit de Lemaire et l’Est des Malouines. Nouveau contretemps pour Yann quand il déchire la chute de sa grand-voile sur un double empannage. Mais l’ex maître-voilier sait réparer ce genre de chose, comme il avait su également fabriquer un dessalinisateur fonctionnel avec les pièces des deux qui ne l’étaient plus… Entre autres menues avaries.
Dans la remontée de l’Atlantique, Yann Éliès et Jean Le Cam ne se quittent plus et se taquinent par vidéos interposées quand ils ne le font pas directement entre eux. Le retour à la maison va lui aussi se faire quasiment bord à bord pour les deux Bretons. Au passage retour de l’équateur en 67 jours le 13 janvier, il n’y a qu’une demi-heure d’écart (31 minutes) entre Yann et Jean ! À grande vitesse, ils parviennent même à revenir à portée de lance-pierres de Jean-Pierre Dick, dans le dernier contournement de l’anticyclone des Açores. Tous deux tenteront d’ailleurs de lui faire l’intérieur du virage dans les deux derniers jours avant l’arrivée… Jusqu’au final dont on connaît maintenant le dénouement : Yann Eliès a bouclé le Vendée Globe. Cinquième. Et premier des « anciens » bateaux à dérives droites. On ne saura jamais quel aurait pu être son classement sans ces deux tempêtes scélérates qui l’ont contraint à copieusement ralentir dans le Grand Sud. Probablement meilleur encore, évidemment… Mais c’est déjà une sacrée performance de revenir aux Sables d’Olonne après à peine plus de 80 jours de mer ! Lui aussi a réussi son tour du monde. Bravo, Yann !