Le 25 mars prochain se tiendra à Paris l’Assemblée Générale de la Fédération Française de Voile avec, comme tous les 4 ans, l’élection de son Conseil d’Administration et de son Président. Le scrutin de liste proportionnel à 1 tour* permettra aux représentants des Ligues régionales de désigner les membres du Conseil d’administration. Jean-Pierre Champion, actuel Président, a de son côté choisi de ne pas de se représenter. Deux listes officielles ont été déposées : celle de Jean-Luc Denéchau et celle de Nicolas Hénard.
LISTE DE JEAN-LUC DENECHAU
M DENECHAU Jean-Luc
M MERIC Jean-Claude
Mme MIGRAINE Corinne S R HAVRE
M RUSSO Edward C N VALERIQUAIS
Mme PEBEREL Nathalie Y C PORQUEROLLES
M BOVYN Olivier C V B ERQUY
Mme FOURICHON Christine LES GLENANS
M TINCELIN Dominique YC ST VAAST
Mme VIAUD Brigitte C V BORDEAUX
M LE BOUCHER Pierre LOGUIVY CANOT CLUB
M ADAM Paul S R HAVRE
Mme COURTOIS Christine S R BREST
M RAPHALEN Serge S N O NANTES
Mme LANNUZEL-JOURDAS Marie-Thérèse CV PARIS
M ROUSSANGE Paul YCPR Marseille Médecin
Mme HENRI Géraldine S N V V
M LE BACQUER Claude Y C TOULON
Mme LE ROY Gwenaëlle ASN QUIBERON
M COUR Jean-Christophe C Y V MOSELLE
Mme COIGNET Christiane S R ROCHELAISES
M TROUBLE Bruno S R HAVRE
Mme SERVE Eliane PROMO R.V.I.
M LE BRETON Bruno USAM Voile Brest
Mme BOYER Patricia S L N PORTICCIO
M CASTE Pierre C V MARTIGUES
Mme LA SALMONIE Héléne YCI BISCARROSSE
M BOURRIQUEL Laurent SORAC
Mme DOS SANTOS Anne U N C ANNECY LE VIEUX
M GUEVEL Arnaud C V A N NANTES
Mme BREAU Claire S R V ANNECY
M POUTRIQUET Yvon Y C ILE DE France
Mme PASCAL Henriette ASCE VOILE ESPAR
LISTE DE NICOLAS HENARD
M. HENARD Nicolas C N WIMEREUX
Mme FOUNTAINE Claire S R ROCHELAISES
M. SALOU Jean-Pierre C N HAUTE SEINE
Mme HARLE Sylvie CSBF
M. BERENGUIER Régis C O Y C HYEROIS
M. LIMOUZIN Eric C V ARCACHON
Mme PFEIFFER Frédérique 2 DN VOILE
M. BACCHINI Henri S R BREST
M. PITOR François YCL
M. MEUNIER Philippe CN ARRADON
Mme CHAURAY Marie-Pierre A DIJON ARC VOILE
M. MALLARET Bernard Y C MAUGUIO CARNON
Mme LOBERT Caroline S N O NANTES
M. AVRAM Olivier UNCL
Mme PAPAIS Ode ASPTT MEYZIEU/DECINE
M. ROGUEDAS Hervé C V ST QUENTIN Médecin
Mme DARROU Valérie S N BASSE MOSELLE
M. BERTIN Frédéric C V ANNEVILLE S/S
Mme RIGAUD Géraldine C V PYLA S/M
M. FRETAY Stéphane Y C ST LUNAIRE
Mme CARDON Hélène ARMENTIERES C.LL
M. LOSTIS Jean-Pierre Y C ILE DE FRANCE
M. MINARD Alexis SR DOUARNENEZ
Mme LAPERCHE Sabine S N TRINITE S/MER
M. SOYEZ Jean-Michel Y C MER DU NORD
Mme MEZOU Laurence S R BREST
M. SEGUIN Damien S N O NANTES
Mme TATIBOUËT Claudine C N SCHOELCHER
Mme LEMAY Henriette SNPH
Mme DUMONTEL-JUILLARD Emmanuelle CN PAYS AURILLAC
Mme ROYER-FLEURY Agnès ECOLE NAV COQUELIN
Mme SEGURET Olga B N DE SCIEZ
Au cours des semaines précédentes, les clubs de la FFVoile ont désigné leurs représentants aux Assemblées Générales des Ligues. Ces dernières sont elles-mêmes en train de désigner leurs grands électeurs qui seront leurs représentants lors de l’Assemblée Générale de la FFVoile le 25 mars. Chaque ligue dispose d’un nombre de voix proportionnel à celui de ses licenciés.
Ces représentants auront pour mission le 25 mars prochain d’élire le prochain Conseil d’Administration, pour une durée de 4 ans. Le Conseil d’Administration se compose de 36 personnes : 32 représentants des associations locales (clubs), 1 représentant des établissements et 3 représentants des membres associés. Une fois élus, les membres du Conseil d’Administration désignent à leur tour le nouveau Président de la FFVoile, ainsi que le Bureau Exécutif. Ce dernier est composé, outre du Président, du Secrétaire Général et du Trésorier, de 4 à 7 autres membres.
Candidature au titre des Etablissement : Denis Horeau se représente. Candidature au titre des autres membres Serge PALLARES Candidature au titre membres associés Associations de classes Christian SILVESTRE
La Commission de surveillance des opérations électorales a émis un avis favorable, validé par le Bureau Exécutif, pour les deux listes déposées auprès de la FFVoile au titre des associations locales (clubs) :
– Liste de Jean-Luc Denéchau
– Liste de Nicolas Hénard
*Le mode de scrutin : Scrutin de liste proportionnel à 1 tour
L’attribution des 36 sièges se fait proportionnellement au nombre de suffrages recueillis par chaque liste. Les représentants des ligues votent ainsi pour la liste de leur choix. 17 sièges sur 32 sont attribués à la liste majoritaire. Le reste est attribué entre toutes les listes à la proportionnelle. Les 4 derniers sièges étant réservés à 1 représentant des établissements et 3 représentants des membres associés.
Présenté dans le numéro Course au Large n°70, le prototype Mini 6.50 Arkema 3 a fait sensation dès ses premières navigations en 2016. Il restait à l’équipe de course au large Lalou Multi et au skipper Quentin Vlamynck de vailder les nombreuses innovations du bateau. C’est maintenant choses faites et le Team Arkema Lalou Multi est maintenant prêt avec comme ojectif la Mini Transat 2017.
Retour sur ce prototype hors du commun
Arkema 3 est un concentré d’innovations comme aucun autre voilier dans sa catégorie ne l’a été jusque-là. Tout d’abord dans son procédé de construction, avec l’utilisation d’Elium®, première résine thermoplastique liquide permettant de fabriquer des pièces composites recyclables. Issu de la R&D d’Arkema, ce matériau présente des propriétés mécaniques similaires voire supérieures aux résines époxy. Il a été développé et mis en œuvre en partenariat avec le Team Lalou pour la construction du Mini6.50.
Ce monocoque brille également par ses nombreuses innovations techniques et architecturales : étrave arrondie, foils orientables, quille pendulaire, mât aile, étai pivotant et bout-dehors rétractable… Une « bête de course » que Quentin Vlamynck devra apprendre à dompter !
ARKEMA 3 – Proto Mini 6.50 N°900 – Skipper : Quentin Vlamynck
La préparation du bateau à la saison 2017
Après une pause bien méritée cet hiver, Quentin est revenu au Verdon-sur-Mer à la mi-janvier pour relancer le chantier d’optimisation de son monocoque : « Il ne s’agit pas d’un chantier majeur car il n’y a aucun problème structurel ou de résine, et tous les appendices ont été validés. Nous sommes davantage sur un chantier de fiabilisation et d’amélioration. Par exemple, nous changeons les chandeliers et modifions le système de bascule des foils » explique le skipper. « Les nouvelles pièces arrivent et le bateau commence à être remonté. L’objectif est de le mettre à l’eau début mars pour rapidement reprendre les entraînements. »
La préparation du skipper Membre du Pôle France de La Rochelle, le jeune skipper bénéficie d’un entraînement complet aux côtés d’une vingtaine d’autres skippers, en vue des épreuves d’avant-saison mais surtout de la Mini Transat 2017. Navigation, stages théoriques et diverses formations rythmeront les semaines et week-ends de Quentin avant la première confrontation en course. « Je me suis également rendu compte que le bateau était vraiment physique. J’enchaîne les entraînements pour me renforcer musculairement. Je suis dans une phase ‘cardio’, avec de la course à pieds, du vélo et du fitness. Il faudra également que je sois équipé de protections pour amortir les chocs… Et pourtant, je n’ai encore jamais régaté en mode course à bord ! » poursuit Quentin.
Être prêt pour la compétition ! Dès avril, c’est sur la Lorient BSM, en double avec Lalou Roucayrol, que Quentin et Arkema 3 débuteront cette saison 2017. Avec une quinzaine de prototypes prévus au départ de ce parcours de 150 milles nautiques entre les Glénan et l’île de Groix, cette première confrontation en course devrait être particulièrement riche d’enseignements. « Mon objectif n’est pas de gagner à tout prix, d’autant que j’ai un bateau typé Transat, qui n’est pas polyvalent, notamment dans le petit temps. Tout dépendra des conditions météo que nous aurons. » Pour la suite des épreuves, Quentin s’élancera en solitaire et validera sa qualification à la Mini Transat en terminant la Pornichet Select 6.50, la Mini en Mai et le Trophée MAP. « L’objectif ultime est cette transatlantique en solitaire et j’ai envie de bien faire. Si on arrive au bout, le bateau va marquer l’histoire de la Mini ! Tout dépendra de la concurrence, mais je vise un podium. »
L’œil du coach : Initiateur du projet, mentor de Quentin, Lalou Roucayrol œuvre sur le chantier de son Multi50 Arkema, mais garde également un œil attentif sur le projet Arkema 3 : « Quentin gère très bien le projet. Il est très investi et connaît déjà son bateau sur le bout des doigts. Pendant le chantier d’hiver, nous travaillons davantage sur la communication, sur l’identification et l’expression de ses besoins. Parfois, Quentin a encore des difficultés à transmettre ce qu’il ressent à bord car ce monocoque truffé d’innovations. Mais il doit y parvenir pour progresser encore et toujours dans la préparation et la prise en main. Il a d’ores et déjà réalisé un cumul de données très important en navigation et peut désormais les exprimer en besoins techniques. Le prototype nécessite une autre forme de réflexion sur la mise au point du bateau. Ce n’est pas évident et je l’accompagne dans cette démarche. ».
Programme 2017 du Mini 6.50 Arkema 3 :
Lorient Bretagne Sud Mini – départ le 8 Avril 2017 à 13h
Pornichet Select 6.50 – départ le 22/04 à 12h
Mini en Mai – départ le 9 mai à 11h
Trophée MAP- départ le 8 juin
Transat Mini 6.50 – départ le 1 Octobre à 15h30
Le nouveau président de la Fédération Française de Voile sera connu le 25 mars prochain, à la suite de l’AG qui se tiendra à Paris. Deux candidats briguent ce poste pour succéder à Jean-Pierre Champion. Entretiens avec les deux prétendants, Jean-Luc Denéchau et Nicolas Henard qui proposent chacun une liste (A lire entretien complet ce mois-ci dans Course au Large n°73). Mais avant tout explication du système électif de la Féderation. Comment est élu le président de la FFVoile.
Le système électif de la FFV est décrit dans ses statuts (Disponibles sur le site de la FFV). C’est un peu un système de grands électeurs, à l’américaine. Il prend en compte le nombre de licences délivrées par les clubs ainsi que la répartition hommes-femmes à fin 2016. Sur cette base, un nombre de mandats électifs est attribué par les ligues régionales. Des représentants sont élus, porteurs de ces mandats qui représentent un nombre de voix donné (pour cette élection, il y a 155 mandats, qui correspondent à 108 959 voix). Les représentants vont ensuite élire à Paris, en assemblée générale, le conseil d’administration. L’élection se déroule au scrutin de liste proportionnel à un tour ; 17 sièges sont réservés à la liste gagnante, les 15 autres sont répartis à la proportionnelle en fonction des résultats des listes. Les listes ont été déposées le 8 février. L’élection des représentants se déroulera jusqu’au 11 mars.
Le conseil d’administration comporte également 4 autres postes d’administrateurs, pour lesquels le système électif est différent :
– l’élection du représentant des établissements affiliés (1 poste) se déroule au scrutin uninominal majoritaire à un tour ;
– l’élection des représentants des membres associés se déroule au scrutin uninominal majoritaire à un tour, pour élire le représentant des associations de classe (1 poste) ;
– et les représentants des autres membres associés (2 postes).
À noter que le conseil d’administration sera constitué d’au moins 15 femmes.
Le président de la FFV est élu à la majorité par le conseil d’administration, qui compte 36 administrateurs. On connaîtra son nom le 25 mars prochain. Au travers de ces élections, on peut voir le poids de chaque fédération et les clubs les plus importants, l’évolution du nombre de licenciés et les différentes pratiques. Enfin, on peut voir la répartition hommes-femmes dans chaque pratique. Une bonne photographie de la voile d’aujourd’hui. Toutes les statistiques ici.
C’est le premier kiwi à boucler un Vendée Globe. Conrad Colman écrit lui aussi à son tour sa page dans l’histoire du Vendée Globe avec sa propre aventure. Il termine ce Vendée sous gréement de forture. Il a franchi la ligne d’arrivée le 24 février 2017, à 15 heures 00 minutes et 41 secondes (heure française) . Conrad Colman (Foresight-Natural Energy) prend la seizième place du Vendée Globe, qu’il a parcouru en 110 jours 1 heure 58 minutes et 41 secondes, à la vitesse moyenne de 10,57 noeuds pour 27 929 milles.
Colman, gréeur et voilier professionnel, a pu fabriquer un des gréements de fortune les plus impressionnants de l’histoire de la course à partir de sa bôme cassée, son tourmentin et une partie de sa grand-voile. Seulement Philippe Poupon et Yves Parlier ont déjà franchi la ligne d’arrivée du tour du monde en solitaire sous gréement de fortune en restant en course (d’autres comme Stéphane Le Diraison et Loïck Peyron ont également installé des gréements de fortune pour ramener leurs bateaux). Il a ainsi réussi à atteindre son objectif de devenir le premier skipper à boucler un Vendée Globe sans utiliser d’énergie fossile. A la place il a utilisé un moteur électrique innovant, des panneaux solaires et un hydro-générateur en stockant l’énergie dans des batteries. Avant son départ des Sables d’Olonne, Conrad Colman déclarait : “L’objectif est de satisfaire à ma façon de penser. En Nouvelle-Zélande, j’étais bien conscient du trou dans la couche d’ozone. Je suis devenu végétarien, non pas parce que j’aimais les petits agneaux, mais que j’étais préoccupé par l’impact de cette production et cette consommation.”
Tout au long de cette course, Conrad a démontré son talent et sa capacité à surmonter les problèmes techniques. Il a trouvé une façon innovante de réparer son vérin de quille après des dégâts qui risquaient de mettre fin à sa course. Un incendie a endommagé le système électrique à bord de Foresight Natural Energy, mettant son pilote automatique hors service. Un jour, il a dû faire l’ascension du gréement à trois reprises pour réparer ses voiles. Et cela malgré le souvenir de son père qui est mort lors d’une chute de son mât. Au milieu de l’océan Pacifique, près du Point Némo, Conrad s’est trouvé au centre d’une des plus grosses tempêtes de l’épreuve. Son étai s’étant détaché lorsque l’axe de la fixation s’est cassé, son IMOCA a été couché pendant quelques heures dans une mer forte avec des rafales de 40-45noeuds. Il lui a fallu quatre journées de travail pour remettre le bateau en état, ce qui a permis à son ancien co-skipper du tour du monde en double, Nandor Fa de prendre la poudre d’escampette devant lui.
Dématâge avant l’arrivée
Conrad devient également le premier skipper néo-zélandais à boucler le Vendée Globe. Cet exploit marque la réalisation d’un rêve, qui a commencé il y a plus de dix ans, lorsqu’il a déménagé des Etats-Unis vers la France après une carrière professionnelle et des études outre-Atlantique, le pays d’origine de son père regretté. Colman a travaillé dans le secteur nautique pour développer ses compétences. Avant le départ il expliquait comment il a tout hypothéqué pour participer à cette épreuve. Il a trouvé un IMOCA 60, un plan du sud-africain Angelo Lavranos, utilisé à l’époque pour des sorties à la journée en Bretagne. Il a dû travailler dur pour optimiser ce monocoque et dix jours avant le départ du 6 novembre, Conrad n’avait le financement que pour une participation minimaliste. Mais il restait déterminé et, grâce au soutien de dernière minute de la société londonienne Foresight Group, le skipper néo-zélandais a pu effectuer quelques optimisations supplémentaires.
Après son démâtage du 10 février dernier, lorsqu’il était en dixième place à 250 milles à l’ouest de Lisbonne, Conrad Colman a construit et mis en place un gréement de fortune, qui lui a permis de boucler les 740 milles restants jusqu’à l’arrivée aux Sables-d’Olonne. Ce démâtage s’est produit au moment où il traversait une dernière tempête avant la ligne d’arrivée, qu’il prévoyait de franchir en dixième position quelques jours plus tard. Sa course a donc basculé à ce moment et depuis, ses réserves de nourriture se vident, le contraignant à manger les rations d’urgence du radeau de survie, en effet, il a deux jours il avouait par radio n’avoir à bord que deux petits gateaux secs !
Ambiance channel during Finish arrival of Romain Attanasio (FRA), skipper Famille Mary - Etamine du Lys,15th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 24th, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Romain Attanasio (FRA), skipper Famille Mary - Etamine du Lys, 15ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 24 Février 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Le marin français de 39 ans Romain Attanasio, skipper de Famille Mary / Etamine du Lys, a accompli son rêve en réussissant son premier Vendée Globe. Romain a franchi la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne ce vendredi 24 février à 11h06 après 109 jours 22 heures et 4 minutes de course. 15ème à l’arrivée – et 5ème bizuth sur 14 au départ – Romain a réussi un véritable exploit après de multiples galères.
« Un Vendée Globe, ça se gagne ou ça se termine » Romain Attanasio n’avait jamais affronté les mers du sud, n’avait jamais navigué plus de 20 jours en solitaire… Il a finalement parcouru 28 569 milles nautiques soit près de 53 000 kilomètres seul sur un bateau d’ancienne génération. Il a subi 3 collisions, cassé ses deux safrans, brisé une dérive et une partie de la bôme… Chaque fois, il a réparé… repartant de plus belle avec l’objectif de finir cette course mythique que tant de grands noms de la voile ne sont jamais parvenus à boucler. A court de nourriture, il vivait rationné depuis quelques jours mais n’a jamais baissé les bras ni perdu le sourire.
Romain et Samantha, un couple hors du commun Il était resté à terre lors des deux dernières éditions du Vendée Globe pour laisser partir sa compagne Samantha Davies. 8 ans après l’exploit de la navigatrice anglaise*, Romain a réussi son pari de terminer le Vendée Globe. Sam et Romain forment désormais le premier couple à figurer au palmarès de la course. A l’arrivée de Romain, Samantha était accompagnée de leur fils Ruben.
Romain Attanasio vient de terminer ce Vendée Globe 2016-2017 avec l’ancien Initiatives Cœur de Tanguy de Lamotte, un bateau légendaire de 1998 qui a déjà pris le départ de cinq tours du monde -trois Vendée Globe et deux Around Alone- !
Un arrêt de deux jours en Afrique du Sud
Le public retiendra la rencontre de Famille Mary-Etamine du Lys avec un objet non identifié, le 5 décembre au sud de Bonne Esperance. Le marin annonce à la Direction de course que les deux safrans de son bateau étant endommagés, il décide de remonter vers Cape Town pour entamer une réparation. Le skipper met plus d’une journée pour rejoindre la baie de Simontown, où il prend un mouillage afin d’entamer un véritable travail de forçat. Romain installe son unique safran de secours à babord et répare l’autre qui est en piteux état. « Mon deuxième safran était très délaminé, maintenant je vais reprendre ma course avec un safran et demi… » Explique-t-il au cours d’une vidéo qui montre l’étendue des dégâts, ainsi que le déroulé de la remise en état.
Malgré la frustration de ne pouvoir livrer une véritable compétition avec ses adversaires, Romain profite de cette expérience incroyable qu’est le Vendée Globe et, face aux difficultés il reconnait le mérite de sa compagne Samantha Davies, 4ème du Vendée Globe 2008-2009, sur Roxy : « Je découvre la valeur de sa performance et j’admire encore plus ce qu’elle a accompli ». Le petit groupe formé d’Alan Roura (la Fabrique), Enda O’Coineen (Killculen Voyager-Team Ireland) et Rich Wilson (Great American IV) s’est échappé dans les mers du sud, et c’est avec l’espagnol Didac Costa (One Planet One Ocean), revenu dans l’arrière garde de la flotte –on rappelle qu’il était parti quatre jours après les autres, suite à son avarie du 6 novembre- que Romain poursuit sa route. Le skipper de Famille Mary-Etamine du Lys subit la maxime rendue célèbre par Michel Desjoyeaux « Le Vendée Globe, c’est un emm… par jour », son bateau qui n’a pas loin de vingt ans et tant de milles au compteur, accumule les soucis techniques : « Je savais le Vendée difficile mais pas à ce point ! » raconte Romain lors d’une vacation. Il se fait pourtant une énorme frayeur le 18 janvier, lorsqu’il chute violemment dans le bateau, alors qu’il était grimpé dans sa bôme « Je suis tombé à plat dos et je me suis évanoui, j’ai imaginé le pire en pensant aux accidents qu’avaient eu Yann Eliès (en 2008 ndr) et Paul Meilhat (en 2015 ndr)….heureusement tout va bien, je ne suis pas blessé ».
Duel jusqu’au bout avec Didac Costa
Romain Attanasio franchit le cap Horn le 20 janvier, après 75 jours de course, il navigue toujours en duel avec le Catalan Didac Costa 100 milles devant lui. Les concurrents se retrouvent même au contact à plusieurs reprises lors de la remontée de l’Atlantique. Ils passent l’équateur le 7 février et une nouvelle avarie importante surgit sur Famille Mary-Etamine du Lys, une rencontre (encore) avec un OFNI occasionne la casse d’une dérive « Il y a une petite fuite dans le puits de dérive, mais qui ne m’empêche pas de continuer, ça va être juste embêtant pour faire du près. Il faut faire avec, c’est la vie. Je n’ai vraiment pas de chance car c’est la troisième fois que je tape quelque chose, c’est dingue ! Je croise les doigts pour que ça n’arrive plus, et je vais bien finir par arriver aux Sables». En effet, malgré la casse de son vit de mulet (pièce qui fixe l’extrémité de la bôme au mât), qui survient à la veille de son arrivée et, après avoir doublé un Conrad Colman (Foresight Natural Energy) sous gréement de fortune à quelques heures de la ligne seulement, c’est chose faite, Romain est rentré aux Sables d’Olonne ce vendredi 24 février, en 109 jours et une poignée d’heures !
Des partenaires soudés autour de Romain Si Romain Attanasio a réussi à prendre le départ du Vendée Globe, c’est grâce au soutien inconditionnel de Benoit Mary, un dynamique entrepreneur passionné de sport qui dirige l’entreprise Famille Mary spécialisée dans la production de miel. Mais aussi grâce à Etamine du Lys qui conçoit des produits d’entretien biologiques ainsi qu’à un collectif de partenaires réunis sous la bannière Sixième Océan.
Celebration during Finish arrival of Didac Costa (ESP), skipper One planet One ocean, 14th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 23rd, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Didac Costa (ESP), skipper One planet One ocean, 14ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 23 Février 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Didac Costa n’aura pas démérité sur ce Vendée Globe. Après une voie d’eau juste après le départ qui l’aura obligé à partir 1 semaine après les autres, le skipper catalan de Barcelone boucle son deuxième tour du Monde (le 1er était la Barcelona World Race en 2014-2015 en double), son premier en solitaire avec l’un des plus petits budgets de la flotte.
Il aura mis 108 jours 19 heures 50 minutes et 45 secondes, parcouru 27 964 à la vitesse moyenne de 10.70 nœuds.
C’est à une très belle 14e place et après 108 jours de course que Didac Costa, unique skipper espagnol de cette 8e édition, conclut son premier Vendée Globe. Accueilli en héros par ses homologues sablais, le pompier catalan a franchi la ligne d’arrivée ce jeudi 23 février à 08h52 (heure française). Tout au long de la course, il a su montrer une grande maîtrise de son bateau ainsi qu’une persévérance impressionnante malgré de nombreuses difficultés et ce avant même de prendre le départ : la foudre avait frappé One Planet One Ocean un mois avant le début de la course.
Retour sur une course riche en émotions…
Moins d’une heure après le coup d’envoi du Vendée Globe, le 6 novembre, Didac Costa décide de faire demi-tour. Le skipper espagnol décèle une voie d’eau et un problème électrique à bord de son IMOCA One Planet One Ocean. Un tuyau de ballast s’est en effet déconnecté et l’eau contenue dans le ballast s’est déversée dans l’habitacle endommageant le moteur, le générateur et les batteries.
4 jours plus tard le 10 novembre à 12h00, après trois jours de travail intense et grâce à la mobilisation hors normes des teams des concurrents et des pompiers des Sables d’Olonne, One Planet One Ocean et son skipper Didac Costa sont de nouveau prêts pour la grande boucle. Didac repart avec la volonté farouche de recoller à la queue de peloton.
Trois semaines après son nouveau départ, Didac Costa revient sur la queue de flotte et dépasse tour à tour Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcéan), Pieter Heerema (No Way Back) et Romain Attanasio (Famille Mary – Etamine du Lys).
Jalonnée de difficultés…
Tout au long du Vendée Globe, Didac a fait face à de nombreuses difficultés. Durant la descente de l’Atlantique Sud, Didac perd une première voile « Je savais qu’elle était très usagée et qu’elle n’aurait pas tenu jusqu’au bout. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me lâche si tôt dans la course. Malgré ce problème majeur, je me retrouve en vingtième position avant de passer le cap de Bonne Espérance ». Les avaries de voiles ont constitué le handicap majeur qui a empêché Didac de se rapprocher du milieu de la flotte les premières semaines de course.
Dans l’océan Indien, le skipper catalan subit des avaries de safran et de pilotes automatiques – essentiels pour la navigation en solitaire – qui l’ont obligé à être très prudent et à préserver son matériel pour parvenir jusqu’aux Sables d’Olonne, son objectif ultime.
Malgré tous ces soucis techniques, Didac a livré un beau duel avec Romain Attanasio (Family Mary – Etamine du Lys) qui naviguait lui aussi sur un IMOCA d’ancienne génération. Naviguant à vue avec Romain à l’Equateur le skipper catalán a tout de même réussi à le distancer dans l’Atlantique nord.
Didac a pu atteindre l’Everest des Mers que représente le Vendée Globe, en grande partie grâce au soutien de la Fundació Navegació Oceànica Barcelona (FNOB) et de quelques entreprises privées, ainsi qu’au crowdfunding qui a mobilisé 284 donateurs et a permis de récolter 31 900 €.
Le pompier catalan se voit déjà participer à la prochaine édition “J’espère que dans quatre ans je parlerai mieux français.” mais sous certaines conditions :”Oui j’aimerais monter un beau projet, prendre le temps de préparer le bateau et avoir moins de soucis… J’aimerais revenir sur le prochain Vendée Globe avec un projet plus abouti et des financements pour pouvoir me focaliser sur la navigation.”
En attendant, Didac va pouvoir célébrer sa victoire avec ses amis et sa famille venus en nombre de Barcelone et ses environs. Une fête est prévue à la caserne des pompiers des Sables d’Olonne mais comme l’a si bien dit Jordi : “La fête a déjà commencé”.
Les mots de Didac : “C’est incroyable, je suis vraiment très heureux. C’est difficile d’expliquer cette sensation. Je rentre aux Sables d’Olonne après 108 jours en mer… Quand je suis reparti il y avait 28 bateaux devant moi ce n’était pas la situation que j’espérais et j’étais loin de m’imaginer que je finirais 14e. L’aide des pompiers a été vitale pour le projet, quand je suis revenu au ponton après le départ, le bateau souffrait d’une avarie majeure. Nous sommes un des plus petits budgets de la flotte, une petite équipe, les réparations ont été difficiles.”
“Quand mes voiles ont montré des signes d’usure les unes après les autres, je savais que je pouvais les réparer. J’ai relativisé, surtout quand je voyais ce qui arrivait aux concurrents contraints d’abandonner.”
“Je suis très content d’avoir fait cette course en solitaire même si c’était plus dur que je n’imaginais. Je n’ai jamais douté de la fin de ma course.
Au fur et à mesure tu t’habitues à régler les problèmes, toutes les avaries m’ont aidé à me surpasser.”
“Je ne savais pas à quoi m’attendre aujourd’hui, j’ai été impressionné par la qualité de l’accueil et la quantité de gens présents.”
Celebration and emotion during finish arrival of Rich Wilson (USA), skipper Great American IV, 13th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 21st, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Rich Wilson (USA), skipper Great American IV, 13ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 21 Février 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Rich Wilson (Great American IV) a franchi la ligne d’arrivée du 8e Vendée Globe ce 21 février 2017 à 13 heures 50 minutes et 18 secondes (heure française). Il occupe ainsi la treizième place de ce Vendée Globe 2016-17, tour du monde en solitaire qu’il avait déjà terminé en 2008 (9ème). Son temps de course est de 107 jours 00 heure 48 minutes 18 secondes et le skipper américain a parcouru 27 480 milles sur l’eau, à la vitesse moyenne 10,70 nœuds.
Diplômé de mathématiques à Harvard et de sciences au MIT (Massachussetts Institute of Technology) à Boston sa ville d’origine, Rich Wilson est également un navigateur émérite qui s’est fait connaître en 1980 en remportant l’épreuve Newport-Les Bermudes. A partir des années 1990, il utilise la voile comme support éducatif et établit plusieurs records : San Francisco-Boston, New York-Melbourne et Hong Kong-New York en double à bord de Great American, un trimaran de 60 pieds, il est suivi par des milliers de scolaires et d’adultes aux Etats-Unis. A 58 ans, il était déjà le doyen du Vendée Globe 2008-2009 qu’il a bouclé en 121 jours. De retour dans la huitième édition avec un programme éducatif, Rich Wilson navigue à bord du plan Owen Clarke de 2006 avec lequel Dominique Wavre a participé aux deux derniers Vendée Globe (Mirabaud). Formidable ambassadeur du Vendée Globe aux USA, il est à 66 ans également le doyen de l’édition 2016-2017. Retour sur sa course…
Un petit groupe international dans les mers du sud
Dès le deuxième jour de course, Rich sort la caisse à outils afin de remplacer un chariot de latte sur le rail au mât, puis de colmater une grosse fuite d’huile au niveau de la pompe de l’hydrogénérateur. A l’équateur qu’il franchit le 19 novembre, pour la douzième fois de sa vie, il se trouve alors en 21e position. A l’occasion d’une longue pointe de vitesse à 25 nœuds, il envoie ce message « je ne comprends pas comment les leaders peuvent supporter le stress qu’engendre un tel rythme ! » Entrant dans l’océan Indien le 6 décembre, le skipper de Great American IV fait de nouveau face à des soucis d’ hydrogénérateur. Heureusement Rich Wilson profite d’un voisinage sympathique, en effet il navigue dans un petit groupe, aussi multigénérationnel qu’international, en compagnie du benjamin suisse Alan Roura (la Fabrique), des quadragénaires français Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) et Arnaud Boissières (La Mie Câline) ainsi que du marin-musicien irlandais Enda O’Coineen (Team Ireland). En cette période qui précède Noël, l’Américain prend beaucoup de plaisir à échanger par mail et VHF avec ces marins qu’il ne connaissait pratiquement pas avant le départ.
Deuxième partie de course éprouvante
Au large de la Nouvelle Zélande le 31 décembre, le skipper de Great American subit de nouveau une avarie, cette fois avec son pilote automatique. Lorsqu’il franchit le cap Horn derrière Alan Roura le 17 janvier, les conditions de mer sont extrêmement violentes. Le marin avoue qu’il se sent à la fois démoralisé et très épuisé « Je ne peux rien faire dans le bateau car je dois m’accrocher en permanence » lâche-t-il lors d’une vacation par téléphone. Puis c’est un scénario radicalement opposé qui se présente devant son étrave pour remonter l’Atlantique. Fin janvier à la latitude de Rio de Janeiro, le skipper américain avoue sa frustration d’être pris dans une pétole insoutenable et se désole de tourner en rond sans avancer durant des heures. Il doit patienter jusqu’au 5 février pour retrouver l’hémisphère nord.
Dans une boutade avant le départ, Rich Wilson avait prévenu avec malice : « En cas d’élection de Donald Trump, je resterais plus longtemps en mer ». Pourtant, assurant une moyenne d’un peu plus de 10 nœuds, ces dernières 24 heures Great American IV est allé plus vite que prévu. Nul doute que Rich recevra lui aussi un accueil triomphal dans le chenal des Sables-d’Olonne, car boucler l’Everest des mers à 66 ans est un exploit inédit !
Podium with Swiss skipper Bernard Stamm, Eric Bellion (FRA), skipper Comme Un Seul Homme, and Jean Le Cam (FRA), skipper Finistere Mer Vent, during Finish arrival of Alan Roura (SUI), skipper La Fabrique, 12th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 20th, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Alan Roura (SUI), skipper La Fabrique, 12ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 20 Février 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Le benjamin de la course âgé de 23 ans dont la barbe lui donnait des airs de vieux loup de mer a bouclé son 1er Vendée Globe. Un bel exploit pour celui qui bricolait encore sur son bateau la veille du départ. C’est le plus jeune participant de ce Vendée Globe et de toute l’histoire de la course a terminer son tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, à bord de son IMOCA de 2000, La Fabrique. Le jeune Suisse de 23 ans a coupé la ligne lundi 20 février à 9h 12min 32sec, bouclant ainsi la boucle en 105 jours, 20 heures, 10 minutes et 32 secondes à la vitesse moyenne de 9,6 noeuds. Soit une moyenne de 11,16 noeuds sur la distance réelle parcourue (28 359 milles). Il termine 31 jours, 6 heures, 34 minutes et 46 secondes après le premier, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII).
Après une enfance bercée au clapotis du Léman puis une adolescence traversée sur l’Atlantique et le Pacifique, Alan s’est très tôt lancé le défi d’accomplir ses rêves de course au large. À 13 ans, il choisit d’arrêter sa scolarité pour poursuivre son apprentissage à l’école de la vie et s’acheter son premier bateau. À 20 ans, il participe à sa première course en solitaire, la Mini Transat 2013 (traversée de l’Atlantique en solitaire, à bord d’un voilier de 6.50m). L’année suivante, il récidive au chapitre du solo sur le parcours légendaire de la Route du Rhum. En 2015, il part en double sur la Transat Jacques Vabre. Trois chemins riches d’enseignements qui le mèneront au départ du 8ème Vendée Globe, où la valeur n’a jamais attendu le nombre d’années. Alan Roura, qui fête son prochain anniversaire le 26 février, est le plus jeune participant dans l’histoire du Vendée Globe. Son bateau, Superbigou a été imaginé et construit par son compatriote Bernard Stamm en 1997, lequel a signé deux victoires dans le tour du monde en solitaire avec escales.
Le départ
Après les fortes émotions du départ, Alan Roura est entré dans la compétition au sein de l’arrière-garde de la flotte. Lors de la descente de l’Atlantique, malgré les moments stressants à cause des nombreux cargos, le marin suisse a choisi une option payante à l’ouest des Canaries. Cavalant au portant à une moyenne de 16 nœuds, il s’offre le plaisir de doubler Rich Wilson ( Great American IV), Kojiro Shiraishi ( Spirit of Yukoh ) et Romain Attanasio (Famille Mary – Étamine du Lys) lors du passage du cap Vert. Au passage du Pot au noir La Fabrique subit une avarie de l’antenne Fleet et, durant plusieurs jours, il ne dispose alors plus de tous les fichiers météo. Il doit se rapprocher des côtes brésiliennes, afin de télécharger les indispensables logiciels nécessaires à la réparation du système. Un détour qui lui vaudra une importante perte de terrain sur ses concurrents.
Découverte du grand Sud
Alan Roura découvre les conditions musclées des mers du sud, avec des vents atteignant les 50 nœuds et une houle imposante, lorsqu’il doit faire face à un problème concernant la fixation de son safran tribord. Après une nouvelle séance de réparation, le jeune homme accélère pour revenir dans le peloton. Le 20 décembre, le skipper de La Fabrique en termine avec l’océan Indien et lorsqu’il franchit la longitude du cap Leeuwin à Noël, il entre dans le Pacifique en douzième position. Alors qu’il navigue dans un petit groupe de cinq bateaux, le 2 janvier le marin informe son équipe qu’il a heurté un OFNI et que son safran tribord est cassé. L’incident a provoqué une voie d’eau à l’arrière du bateau qu’il faut colmater avant de changer le safran. Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) s’échappent devant le jeune suisse ralenti par son avarie. Le marin ayant également perdu son rasoir dans la bagarre, on le découvre sur les images avec une barbe qui s’allonge au fil des milles ! Alan double le cap Horn le 16 janvier, après 71 jours de course.
Les dernières épreuves
Après une enfance bercée au clapotis du Léman puis une adolescence traversée sur l’Atlantique et le Pacifique, Alan s’est très tôt lancé le défi d’accomplir ses rêves de course au large. À 13 ans, il choisit d’arrêter sa scolarité pour poursuivre son apprentissage à l’école de la vie et s’acheter son premier bateau. À 20 ans, il participe à sa première course en solitaire, la Mini Transat 2013 (traversée de l’Atlantique en solitaire, à bord d’un voilier de 6.50m). L’année suivante, il récidive au chapitre du solo sur le parcours légendaire de la Route du Rhum. En 2015, il part en double sur la Transat Jacques Vabre. Trois chemins riches d’enseignements qui le mèneront au départ du 8ème Vendée Globe, où la valeur n’a jamais attendu le nombre d’années. Alan Roura, qui fête son prochain anniversaire le 26 février, est le plus jeune participant dans l’histoire du Vendée Globe. Son bateau, Superbigou a été imaginé et construit par son compatriote Bernard Stamm en 1997, lequel a signé deux victoires dans le tour du monde en solitaire avec escales.
Après les fortes émotions du départ, Alan Roura est entré dans la compétition au sein de l’arrière-garde de la flotte. Lors de la descente de l’Atlantique, malgré les moments stressants à cause des nombreux cargos, le marin suisse a choisi une option payante à l’ouest des Canaries. Cavalant au portant à une moyenne de 16 nœuds, il s’offre le plaisir de doubler Rich Wilson ( Great American IV), Kojiro Shiraishi ( Spirit of Yukoh ) et Romain Attanasio (Famille Mary – Étamine du Lys) lors du passage du cap Vert. Au passage du Pot au noir La Fabrique subit une avarie de l’antenne Fleet et, durant plusieurs jours, il ne dispose alors plus de tous les fichiers météo. Il doit se rapprocher des côtes brésiliennes, afin de télécharger les indispensables logiciels nécessaires à la réparation du système. Un détour qui lui vaudra une importante perte de terrain sur ses concurrents.
Découverte du grand Sud
Alan Roura découvre les conditions musclées des mers du sud, avec des vents atteignant les 50 nœuds et une houle imposante, lorsqu’il doit faire face à un problème concernant la fixation de son safran tribord. Après une nouvelle séance de réparation, le jeune homme accélère pour revenir dans le peloton. Le 20 décembre, le skipper de La Fabrique en termine avec l’océan Indien et lorsqu’il franchit la longitude du cap Leeuwin à Noël, il entre dans le Pacifique en douzième position. Alors qu’il navigue dans un petit groupe de cinq bateaux, le 2 janvier le marin informe son équipe qu’il a heurté un OFNI et que son safran tribord est cassé. L’incident a provoqué une voie d’eau à l’arrière du bateau qu’il faut colmater avant de changer le safran. Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) s’échappent devant le jeune suisse ralenti par son avarie. Le marin ayant également perdu son rasoir dans la bagarre, on le découvre sur les images avec une barbe qui s’allonge au fil des milles ! Alan double le cap Horn le 16 janvier, après 71 jours de course.
Les dernières épreuves
Le 29 janvier lors d’une manœuvre sur La Fabrique, un winch s’est détaché de sa base, nécessitant encore une grosse session de bricolage. A l’équateur au 3 février, après 89 jours de course, Alan Roura rentre dans l’hémisphère nord pour un finish dans l’Atlantique qui met ses nerfs à rude épreuve, car les prévisions évoluant constamment, les choix de route sont difficiles. Il décide de faire un crochet à l’ouest pour contourner les conditions anticycloniques. Les tous derniers jours, Alan Roura est très ralenti dans une zone de hautes pressions. « Se retrouver bloqué, si proche du but, c’est vraiment atroce. Je n’avance pas, j’ai eu jusqu’à 24 cargos autour de moi dans la nuit, ils passent à 200 mètres de moi, c’est horrible !» se désole Alan, peu avant de terminer la boucle. Le skipper de La Fabrique, qui achève son premier Vendée Globe, est déterminé à revenir en 2020 avec un bateau plus performant et tire sa conclusion de cette expérience « Il y a une part de peur mais au moins j’aurais fait un beau Vendée Globe. Je me serais battu du mieux que je pouvais. Je peux rentrer la tête haute. »
Retour sur son aventure qu’il a livré en conférence de presse. “Le jour du départ était incroyable. Il a fallut du temps pour comprendre ce qui se passait. Là c’est pareil, je suis encore à l’ouest. Ce matin j’étais encore tout seul et là je suis devant une foule. C’est un jour magnifique car c’est la fin de notre projet, qui a été monté avec de la débrouille. C’est une victoire pour tous les gens qui ont participé à ce projet. C’est une fierté d’avoir passé la ligne d’arrivée avec ce bateau.”
La Fabrique, ex Superbigou “Pour un premier Vendée Globe, partir avec ce bateau était un choix intelligent car il était fiable, mais aussi stupide car il est dur à naviguer. Il n’est pas simple à manier. C’est comme si je faisais le Paris-Dakar avec une 4L. C’est fiable mais tu te traines.”
“Mon bateau est une légende de la course au large. Il dégage un truc, il est beau. Il est rond. Il est doux. Un bateau ça doit être élégant. Bernard (Stamm) a toujours été mon idole. Je me suis dit que mon Vendée Globe c’était avec ce bateau car il allait m’emmener au bout. Il pourrait aller au musée, mais il a prouvé qu’il n’était pas encore prêt à être rangé.”
Dans la cour des grands “Le Vendée Globe c’est l’aventure, la casse, les pleurs, les rires. Je revois les vidéos de l’édition 2000 avec Michel Desjoyeaux, Ellen MacArthur, qui m’ont donné envie de faire ça. Avec ce que j’avais pu lire et entendre, je n’ai pas été surpris de ce qui m’arrivait. Mais tant que tu ne l’as pas vécu tu ne peux pas te rendre compte. Douzième c’est incroyable.”
“Pour réussir le Vendée Globe, il faut prendre le départ, terminer, et le gagner. Pour moi tout est gagné.” Triptyque de Noël “La rencontre de Noël avec Eric (Bellion) et Enda (O’Coineen) s’est faite un peu par hasard. On s’est dit que ça serait cool de se dire bonjour. On a tous eu nos moments de galère et on s’est retrouvés dans cette zone. On n’est pas partis pour gagner le Vendée Globe mais pour raconter une aventure. On a tous agit en marin sur ce moment. Tout le monde a été assez intelligent pour faire ça. Et résultat, on a eu un Noël avec 3 bateaux qui se rencontrent.”
Avarie de safran “La veille, je me suis dit, Alan si tu pètes, il ne faut pas que ça soit là… Mon safran était cassé, la mèche était abimée. J’ai mis mon bateau à la cape. Je me suis posé, j’ai réfléchi. J’ai mis le safran à l’eau, je me suis pendu à l’arrière du bateau et j’ai réglé ça en une heure après un effort incroyable. Ça parait simple mais ça ne l’était pas. C’est un moment où tu te dis, je suis un marin.” Vivre l’aventure “On a eu un Vendée Globe magique dans l’histoire, avec une performance des leaders, Jean le Cam qui se tire la bourre avec Yann Eliès et nous, notre petit groupe.”
“Ce n’est pas simple tous les jours parce que t’es tout seul. Même en prison tu vois des gens. Là, tu prends 3 mois dans une cellule humide Il faut être cinglé, et à la fois c’est tellement bon. Tous les jours tu te dis que c’est dur, mais aussi que tu ne pourras peut-être par revivre ça. La solitude est dure mais c’est ce qu’on vient chercher.”
“Toutes les journées en course sont belles. On est là pour ça. Tu te dis, mais pourquoi je fais ça? Et quand tu poses le pied à terre tu oublies tout et tu te dis que tout a été magique.”
L’expérience d’une vie “Le Vendée Globe est une course de marin. Je n’ai pas beaucoup de courses à mon actif mais je suis sur les bateaux depuis l’âge de 2 ans. Pendant tous les moments compliqués, j’avais mes souvenirs de gamin, comment on faisait pour réparer. On ne s’invente pas marin. J’ai ramené le bateau aux Sables en gérant des situations de crise, et c’est ça la course au large.”
“Je ne me suis jamais pris pour un pro de la course au large. Ça n’a jamais été mon métier. C’est une passion, c’est ce qui me fait rêver. Je reviendrai dans de meilleures conditions. Il n’y a pas que le bateau, il y a tout ce qui va autour. Une carrière en voile peut s’arrêter du jour au lendemain. C’est un milieu qui est très dur car ça ne fonctionne qu’avec des sponsors. Je ne suis pas venu pour être le plus jeune mais parce qu’on m’a laissé la chance d’y aller. Ce n‘est pas simple à 23 ans de monter un projet comme ça. Va vendre un projet en disant que tu vas assurer derrière.” Et maintenant? “J’ai envie de revenir et je vais me battre pour ça. C’est ce que je sais faire et ce que j’aime faire, trouver des sponsors, un bateau. Mon premier Vendée Globe est fini et il y a une part de tristesse. Je suis content d’avoir terminé et de voir tout le monde mais demain matin, je vais me lever, et je fais quoi? Je veux revenir en 2020 avec un bateau performant. Je veux prendre le temps de m’entrainer. Avec du temps et du budget, il y a moyen de faire quelque chose.”
Ambiance channel during Finish arrival of Fabrice Amedeo (FRA), skipper Newrest Matmut, 11th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 18th, 2017 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Fabrice Amedeo (FRA), skipper Newrest Matmut, 11ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 18 Février 2017 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendee Globe
Fabrice Amedeo voulait faire le Vendée Globe mais surtout le finir. Il connaissait les statistiques sur les taux d’abandon à chaque édition. Il a réussi son pari, fait le tour du monde, passé le cap Horn et ramené son bateau jusqu’aux Sables d’Olonne. Une belle aventure avec la remontée du chenal des Sables en apothéose.
Après 103 jours 21 heures et 01 minute de mer, Fabrice Amedeo a bouclé ce samedi 18 février son premier Vendée Globe, en coupant la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne à 10 heures 03 minutes. Une superbe performance pour le skipper de Newrest-Matmut, deuxième bizuth de cette édition, qui met un terme à une aventure « incroyable ».
« C’est un beau Vendée Globe », sourit-il après presque 104 jours de mer, un mois après le vainqueur, Armel Le Cléac’h. « L’aventure était incroyable : j’ai appris des choses pendant toute la course. J’ai connu des hauts et des bas, notamment dans le Sud. Ca a été un bonheur de passer le Cap Horn. Certes, la remontée a été difficile. Là, je me sens porté par le bonheur de l’arrivée. De voir toute cette foule, c’est vraiment beau ! ».
Son état d’esprit au départ
Avant de réaliser son premier tour du monde, il y avait chez le skipper un mélange d’excitation et d’appréhension, lui qui n’a jamais caché son admiration pour ceux qui s’élançaient à ses côtés. Ces marins, il les côtoie depuis plusieurs années déjà, alors qu’il était, il y a deux ans encore, journaliste au Figaro. « Avant, j’étais à votre place » lâche-t-il amusé en conférence de presse aux journalistes venus nombreux couvrir l’événement. Pourtant, Fabrice a franchi les étapes progressivement – Solitaire du Figaro, Transat AG2R, Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, New-York/Vendée – avant de se lancer dans ce défi de géant. « Naviguer en bon marin » est un de ses leitmotivs les plus récurrents, sur terre comme en mer. Quelques jours après son départ, il confie : « j’ai passé un deal avec mon bateau. Je lui ai dit : ‘je prends soin de toi, je ne te fais pas mal et tu prends soin de moi’. « Je n’ai jamais pensé à abandonner, malgré les difficultés. Michel Desjoyeaux m’avait dit que le Vendée Globe, c’est une emmerde par jour. Il n’a pas tort ! Tous les jours, j’ai fait des choses qui étaient hors de ma portée. Le plus dur, c’est le mental. Je n’avais pas mesuré à quel point c’est vrai. »
Sa course
Après un début de course maîtrisé lors de la descente de l’Atlantique, Fabrice est ralenti par l’anticyclone de Saint-Hélène avant de batailler lors de son entrée dans l’océan Indien, où il doit faire face à une succession de dépressions. Des conditions rudes, marquées également par une chute brutale des températures, et un bateau à ménager. Après avoir dû composer avec une voile bloquée en haut du mat, sa grand-voile se déchire mi-décembre alors qu’il déboule dans les mers du Sud.
Une nouvelle fois, il parvient à réparer pendant la semaine de Noel, s’offrant le plus beau des cadeaux pour continuer son périple. Deux jours plus tard, changement d’ambiance : le skipper doit sacrifier son gennaker alors qu’il fait face à l’une des plus grosses dépressions depuis le départ. Les mers du sud le poussent en effet dans ses retranchements et l’obligent à une attention de tous les instants. « Je ne les imaginais pas aussi rudes, confie-t-il. Les dépressions y sont beaucoup plus puissantes, l’eau est froide, les nuits sont courtes. On est là où le commun des mortels ne va pas. » Avec patience et abnégation, parfois à plus de 45 nœuds, Fabrice parvient à s’en sortir, lui qui franchi le Cap Horn pour la première fois de son existence le 16 janvier. « C’est un grand moment de ma vie » explique-t-il alors.
Mais la course est loin d’être finie et la remontée de l’Atlantique est longue et éprouvante, d’autant que Fabrice doit rationner sa nourriture. « J’ai été un peu naïf : je suis parti avec beaucoup moins que prévu » explique-t-il fin janvier, à la latitude de Rio de Janeiro. Pourtant, il fait front sur « l’autoroute du nord vers la maison » malgré une météo capricieuse. « Je ne pensais pas que ce serait si dur de remonter les alizés. » Mais Fabrice se dit « renforcé » et « plus fort mentalement » par les péripéties qu’il a déjà traversées. De quoi lui donner le courage et la détermination pour franchir la ligne d’arrivée et mettre un terme à la plus exaltante aventure de son existence. « Je me suis enregistré tout les jours avec un dictaphone. J’ai envie d’en faire un livre, de mettre des mots sur cette aventure incroyable ».
Son quotidien, partager à tout prix
La solitude n’est pas un frein au partage, bien au contraire. Même au milieu des éléments, le skipper de Newrest-Matmut échange sans compter, par écrit, sur les réseaux sociaux ou par vidéos. Ses satisfactions, ses moments de bonheur, ses états d’âmes, ses doutes… Et puis il y a ces bulles de légèreté, ces vidéos envoyées comme des bouteilles à la mer qui donnent aux curieux restés à terre un aperçu de la vie en mer : un rasage au milieu de l’Atlantique, une douche dans les mers du Sud ou une nouvelle coupe de cheveux en longeant les côtes brésiliennes. Le tout avec en fond sa playlist, ces titres qui l’ont accompagnés tout au long de son périple et ont contribué à l’adhésion du public. Il y a l’incontournable Guns’N’Roses ou encore un fameux « You’re My Heart, You’re My Soul » chanté et dansé torse nu avant d’affronter les mers du sud.
Une amitié avec Arnaud Boissière née au fil de l’eau
Dès le premier soir, ils étaient bord à bord. Fabrice Amedeo et Arnaud Boissières ont vécu ce tour du monde le plus souvent côte à côte. Au cap Finisterre, au franchissement de l’équateur et même au passage du Cap Horn (seulement quatre heures séparaient les deux hommes), Newrest-Matmut et La Mie Câline ne se sont pas lâchés. Une proximité qui a créé, au fil des jours, une solide relation d’amitié. « Après le passage de l’équateur, on a commencé à échanger » expliquait Fabrice mi-janvier. « Je dois même avouer que lorsque je n’ai pas mon petit email de Cali (le surnom d’Arnaud Boissières), ça me manque ! ». Arnaud, lui, a qualifié Fabrice « d’ange gardien ». « Nous avons veillé l’un sur l’autre » corrobore le skipper Newrest-Matmut. Arnaud Boissières est arrivé vendredi aux Sables-d’Olonnes, un jour avant que Fabrice ne connaisse la même joie.
Conférence de presse de Fabrice Amedeo (Newrest Matmut). “En fait, ça fait 15 jours que je m’alimente très peu, mais il y a deux jours, le mental a repris le dessus. Je commençais à avoir des vertiges et à faire des chutes. J’ai même contacté Jean-Yves Chauve, le médecin de la course. J’étais en train de décliner. Le fait d’arriver ici et avec cet accueil incroyable, je me sens en pleine forme. C’est super, je suis sur un nuage. Depuis deux jours j’avais hâte de terminer. C’était long. Notre groupe n’a pas été verni par la météo. Les barrières anticycloniques n’étaient pas très sympas avec nous. Malgré tout je me disais qu’il fallait profiter.”
“Mon objectif premier était personnel. C’est une quête du plus profond de moi même. Je voulais me confronter aux grand marins que j’admire depuis toujours. La descente de l’Atlantique est toujours grisante, mais cette fois je ne me suis pas arrêté au Brésil. Il y avait de la nouveauté et de la difficulté. Après, je suis journaliste et j’ai à cœur de partager ce que je fais. Je suis bien sur l’eau, je voulais partager mon enthousiasme et mon bonheur. Les moments difficiles passent et au final on est heureux. Il m’est arrivé de pleurer et après de crier de joie une fois que j’avais surmonté les épreuves.”
Une vie par jour
“Plusieurs fois j’ai dit que j’avais l’impression de vivre une vie dans une journée. Le Vendée Globe est d’une puissance phénoménale. On s’expose à ce que la nature a de plus sauvage. Ça a été à la hauteur de ce que j’imaginais.”
Regard sur les autres
“J’ai beaucoup d’admiration pour Armel et Alex. J’ai vécu leur aventure en plus calme. Quand on est à terre on prend la mesure de ce qu’ils font, mais quand on est sur l’eau, confrontés aux éléments et à ce qu’il faut faire, là leur performance prend une véritable valeur. J’ai aussi beaucoup de compassion pour ceux de derrière car c’est encore plus long. Mais au moins ils ont la chance de passer plus de temps en mer.”
Avaries
“D’abord j’ai déchiré la grand-voile et après j’ai eu le problème de hook. C’était de ma faute, j’avais plus de 50 nœuds, je voulais naviguer sous J3 seul et donc je voulais descendre ma grand-voile. J’ai passé 2/3h en vent de travers. Tout allait bien. Je suis parti dans la bannette. Et en fait ma voile avait fait une poche, qui a frotté contre la partie antidérapante du cockpit et ça a fait une déchirure de 3 mètres. Déjà, construire un meuble IKEA le dimanche c’est un défi pour moi alors quand mon boat-captain me disait de prendre des outils, il fallait qu’il soit patient. Le dépassement de soit est aussi dans ces galères du quotidien. Et après j’ai eu le souci de monter au mât. Mes drisses se sont emmêlées. Je déteste monter au mât car j’ai le vertige. Elle se sont démêlées mais une semaine plus tard, j’allais être rattrapé par une traine de dépression. Je voulais descendre mon gennaker mais impossible. J’appelle mon équipe et ils m’ont dit que je devais monter. Je n’ai pas réfléchi, j’ai pris le casque, le baudrier, et hop. C’est une de mes grandes victoires.”
Le Horn
“Le cap Horn s’est fait en deux temps. J’ai eu une dépression à 50 nœuds juste avant. J’ai navigué prudemment pour un premier Vendée Globe. Mais à un moment on ne peut plus reculer. J’ai pris mes 55 nœuds et ça a été un déclic. Je suis capable de le faire et le bateau le vit très bien. Du coup c’est positif car j’ai appris. Je me dis que dans 4 ans peut-être que je naviguerai comme au Horn et pas comme dans l’Indien. Le cap Horn c’est le graal. Enfin il était là. J’étais dans la cabine, je suis sorti et là j’ai vu les montagnes de Patagonie. Je n’ai jamais été aussi heureux de voir la terre. Le franchir c’était un objectif personnel. C’était une libération psychologique. Après il y a une transition climatique rapide et donc je laissais le Sud derrière moi. Ça a été un grand moment de ma vie.”
“Le Horn était une libération. J’ai ouvert la cabine et j’ai aéré. Pendant 37 jours, je ne me suis pas occupé de moi. Je ne me suis pas beaucoup lavé les dents, je ne me suis presque pas changé. Le Sud m’a volé une part d’humanité. Thomas Coville m’avait dit qu’il avait un tableau excel pour le Sud, pour éviter le déclin, pour compter combien de fois il mange, combien de fois il se change, etc. Je me suis dit que ce mec était un grand malade. Et finalement j’ai compris ce qu’il avait dit. En gardant un part d’humanité, on peut rester d’avantage dans la performance.”
Une véritable amitié avec Arnaud Boissières
“Avec Arnaud on se connaissait sans se connaître. Je savais qu’il était sympa mais on n’avait pas eu l’occasion de vraiment se rencontrer. Sur l’Atlantique on s’est tiré la bourre et on a échangé quelques mails. Quand on est arrivés dans l’Indien, on a commencé à se soutenir. On échangeait pas mal sur la vie en général. On a refait le monde de manière épistolaire. Au fil de l’eau on est devenus copains. Là il a fini avant moi mais je sais que dans 4 ans je serai devant lui (rires)… Quand on est sur le Vendée on est un peu différents, un peu sensibles. On est devenus importants pour l’un comme pour l’autre.”
Ambiance celebration channel during Finish arrival of Arnaud Boissieres (FRA), skipper La Mie Caline, 10th of the sailing circumnavigation solo race Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France, on February 17th, 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arrivée de Arnaud Boissieres (FRA), skipper La Mie Caline, 10ème du Vendee Globe, aux Sables d'Olonne, France, le 17 Février 2017 - Photo Olivier Blanchet / DPPI / Vendee Globe
Arnaud Boissière est rentré dans la légende du Vendée Globe ce vendredi 17 février à 44 ans en franchissant la ligne d’arrivée de son troisième Vendée Globe consécutif, à la 10e place après 102 jours 20 heures 24 minutes et 09 secondes de course. La remontée du chenal a été un grand moment de communion entre le marin et tous ceux qui, à terre, ont suivi son périple avec passion et admiration.
Il faut imaginer l’émotion de ce marin, qui a dédié une grande partie de sa vie au Vendée Globe, accueilli par des milliers de spectateurs après plus de 100 jours de solitude… Arnaud est devenu le deuxième marin à terminer trois fois d’affilée le Vendée Globe, un exploit seulement réalisé par Armel Le Cléac’h avant lui. Et il a terminé les trois fois dans le Top 10 (7e en 2008-2009, 8e en 2012-2013). Seulement quatre autres marins ont bouclé l’épreuve à trois reprises (mais pas d’affilée) : Jean-Pierre Dick, Jean Le Cam, Dominique Wavre et Mike Golding.
En conférence de presse, Arnaud a fait part de sa satisfaction… et de sa volonté farouche de revenir encore plus fort en 2020 ! « Cette 10e place, je la vois comme une victoire. Cette arrivée est plus belle que pour mes deux autres Vendée Globe. J’étais moins entrainé pour cette édition, c’était peut-être plus dur, mais on l’a fait ! Je reviens à chaque fois sur le Vendée Globe car cette épreuve procure des sensations que je n’avais pas ressenties auparavant. Cette journée de récompense ne doit pas faire oublier les moments difficiles. J’ai pleuré de rage, de désespoir, j’ai tapé sur mon bateau. Mais derrière chaque galère il y a un arc en ciel qui arrive. Rien que pour ça je veux y retourner. »
L’arrivée
« Et un, et deux, et trois Vendée Globe ! » Des milliers de petits drapeaux jaunes s’agitent pour accompagner ce slogan qui sonne comme une évidence entre les quais de Port Olona. La Mie Câline vient de faire son entrée à 10 heures dans ce chenal quitté 102 jours plus tôt, sous un soleil printanier. A l’étrave ou perché sur le balcon avant, Arnaud Boissières lève tantôt les poings, enfile des gants pour allumer de nouveaux feux de bengale et se frotte les yeux. Oui, les quais sont noirs de monde. Les conditions – vacances scolaires et soleil – sont certes idéales mais Cali confirme encore une fois qu’il est bien le chouchou des Sablais. Sur le ponton, Jacques Caraës, le directeur de course, confirme « qu’il n’a jamais vu autant de monde, même pour les premiers ! » Micro à la main, Arnaud rend hommage à ce public qu’il redoutait moins nombreux : « Mon arrivée était incertaine. Ça devait être hier soir, ce matin, encore hier soir, finalement ce matin. Et puis, je fais 7ème à mon premier Vendée, 8ème au deuxième, là dixième, les gens auraient pu se dire « ras le bol ». Franchement, vous me mettez sur le c… » déclarait manifestement ému le skipper sur le podium une fois son IMOCA amarré. Hirsute, toujours en short, bottes et collants polaires, le marin pouvait savourer « cette journée récompense qui ne doit pas faire oublier les galères ».
Retour en quelques mots clés sur ces 102 jours de mer.
Consécutifs : Arnaud est le second marin après Armel Le Cléac’h à terminer trois Vendée Globe consécutif. Quelques statistiques pour éclairer la valeur maritime de cet exploit : Sur les 92 skippers qui ont couru depuis 1989 au Vendée Globe, 19 y ont participé au moins trois fois. Parmi eux, seulement quatre (Dominique Wavre, Jean Le Cam, Mike Golding et Jean-Pierre Dick) ont été classés trois fois. Auxquels s’ajoutent donc Armel et Arnaud qui signent cette performance de manière consécutive.
Performance : « C’est ma plus mauvaise place en trois participations. Mais je vois cette dixième place comme une victoire. Une victoire de la ténacité et aussi une victoire collective. Celle de mon équipe et de mes partenaires qui ont cru en moi alors que ce projet a démarré très tard ».
Avaries : « Ce qui est dur, c’est lorsque les avaries surviennent à répétition. Le doute s’installe, tu navigues moins bien, tu freines… Je n’ai pas honte de dire que j’ai pleuré de rage, notamment avec l’histoire des chariots de grand-voile. C’est de ma faute, c’était à moi de prendre la décision avant le départ de les changer et d’y affecter un budget. C’est comme la trappe de ballast, je m’en veux aussi. En tout, j’ai affalé cinq fois la grand-voile, à chaque fois dans des conditions dures. A chaque fois, je ne me sentais pas capable physiquement de le refaire. Alors, quand tu y arrives et que tu vois qu’en plus ça fonctionne, c’est comme un arc en ciel ».
Superstition : « Je ne l’ai pas dit avant le départ, mais depuis le Vendée Globe 2013, je n’avais pas terminé une seule course. Abandon en Class40 dans la Route du Rhum, abandon sur la Transat Jacques Vabre en IMOCA. Et puis ce bateau, La Mie Câline, qui avait été fait pour Jean-Pierre Dick en 2008 n’avait jamais terminé un Vendée Globe. C’est aussi pour tout ça que je ne voulais pas abandonner ».
Cap Horn : « Je sais que j’ai envoyé une vidéo où je faisais la g… et que certains n’ont pas compris. Mais en mer, tu ne peux pas fêter le cap Horn comme tu le fais à terre. Je sortais d’une phase difficile, je m’étais fait doubler, et je savais qu’il y avait encore une dépression devant. C’est un moment de la course où j’étais fatigué, très tendu, avec la boule au ventre. »
Ange gardien : « J’ai hâte d’aller accueillir Fabrice, il a été un peu mon ange gardien pendant la moitié du tour. On n’avait aucune raison de devenir amis mais c’est vrai qu’on a beaucoup échangé. J’ai apprécié sa franchise, je lui ai dit mes avaries, lui les siennes. On a discuté comme deux êtres humains ordinaires plutôt que comme deux voileux et ça fait du bien ».
Foilers : « L’évolution m’inspire beaucoup de confiance … et de l’envie bien sûr. De la confiance parce que ils ont finalement très peu cassé. De l’envie parce que c’est l’avenir. Mais refaire un Vendée Globe sur un foiler acheté un an avant le départ, non. Il faut construire une vraie campagne, se donner le temps d’apprendre à naviguer sur ces bateaux, de casser, de faire évoluer. Dans ces conditions, je rêve d’être à nouveau dans quatre ans au départ »
Paternité : « Ça a été un poids, une pression supplémentaire. C’est aussi très dur pour ceux qui restent, j’en ai conscience. Je crois qu’on ne refera pas d’enfant avec Julia à 1 mois d’un départ de Vendée Globe ! »
Le mot de David Giraudeau, Directeur Général de La Mie Câline : « Bravo et Merci Arnaud ! C’est le message de tous les franchisés et collaborateurs La Mie Câline aujourd’hui. Il signe un magnifique exploit en bouclant son 3ème Vendée Globe consécutif. Nous sommes fiers de lui, fiers de vivre cette très belle aventure à ses côtés. »