Les leaders laissent passer le gros de la dépression

Cheminées Poujoulat BWR
DR

En tête de course, c’est visiblement l’entente cordiale entre des navigateurs qui ont décidé d’emblée de laisser leur éventuel ego au vestiaire pour jouer la carte de la concertation. Les expériences individuelles d’un Bernard Stamm, d’un Jean Le Cam d’un Guillermo Altadill ou d’un José Muñoz pourraient suffire pour mener un bateau autour du monde. Mais à deux, on est plus fort, plus réactif… on peut même devenir plus intelligent, pour peu qu’on sache discerner ressemblances et différences dans la manière de naviguer et qu’on les utilise pour progresser.

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D’autres ont préféré jouer la carte de l’expérimentation préalable : Anna Corbella et Gerard Marin (GAES Centros Auditivos) se connaissent quasiment par cœur depuis plusieurs mois qu’ils naviguent ensemble. Idem pour Didac Costa et Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) qui se fréquentent depuis qu’ils ont commencé à naviguer sur le circuit Mini. Que dire enfin des frères Garcia (We Are Water) qui entretiennent au quotidien une relation quasi fusionnelle.

Enfin, certains ont accepté d’entrer dans une relation où l’expérience de l’un lui confère une autorité évidente. Sébastien Audigane et ses nombreux tours du monde apportent une confiance indéniable à Jörg Riechers (Renault Captur) pour qui c’est la première fois. De même Conrad Colman met tout son enthousiasme à mener au mieux un Spirit of Hungary que Nandor Fa a construit pratiquement de A jusqu’à Z.

En tête de flotte, on est loin de ces considérations. Au vu de ce qui attend les deux équipages de Cheminées Poujoulat et Neutrogena, on imagine plutôt que toute leur intelligence est tendue vers un seul objectif : comment sortir du piège qui se dresse devant leur étrave avec la dépression tempétueuse qui s’annonce ? Jean le Cam et Bernard Stamm ont affuté leur réponse. Ils ont décidé de freiner volontairement leur bateau de manière à laisser passer le gros de la dépression devant eux, quitte à remettre les pendules à zéro avec Neutrogena. Sous trinquette et trois ris, Cheminées Poujoulat a considérablement ralenti. Il est rare que l’on voit des coureurs du large le pied sur la pédale de frein, mais c’est peut-être la meilleure des preuves d’intelligence que de savoir ne pas se laisser déborder par les enjeux de la compétition. Pour gagner une course, encore faut-il la finir.

Ils ont dit :

Anna Corbella (GAES Centros Auditivos) :  « On regarde, vu que Renault Captur s’approche de nous toujours plus. Ça nous énerve parce qu’ils étaient vraiment loin. Et maintenant, par malheur, il y a cet anticyclone qui leur permet de nous rattraper. Ils ne se sont pas arrêté, ils n’ont fait que reprendre des milles… On sait que ce ne sera pas facile pour eux de nous doubler car avec les mêmes conditions météo, on a toujours été plus rapide qu’eux, je ne vois pas pourquoi ça changerait. »

 Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) : « Après 32 jours de navigation, nous avons franchi un palier, le passage du cap de Bonne-Espérance. C’est le premier des trois caps que nous devons doubler avant de terminer cette course. Actuellement, on le trouve bien calme et docile.  Pour Didac et moi, c’est une première de doubler ce cap de Bonne-Espérance et on ne l’oubliera pas de sitôt. On a maintenant 4200 milles pour notre prochain grand objectif, le cap Leeuwin, qu’on va aborder avec la même émotion que le premier jour quand nous sommes partis de Barcelone. »

Classement à 15h

Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 14 885,2 milles de l’arrivée
Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 217,8 milles
GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1112,6 milles
Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1274 milles
We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2022 milles
One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2408,2 milles
Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 28176,4 milles