L´école de l´olympisme

Flotte groupée
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Le dériveur de haut niveau, les  préparations olympiques, la magie des Jeux, ils sont quelques figaristes à l’avoir vécu. On l’a peut-être oublié, mais Gildas Morvan (Cercle vert) représentait la France à Atlanta en 1996 en Soling (avec Marc Bouet et Sylvain Schtounder).  Frédéric Duthil (Sepalumic) a passé huit ans en équipe de France élite de planche à voile, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste), Paul Meilhat (Skipper Macif 2011) et Morgan Lagravière (Vendée) auraient pu gagner leur ticket pour les Jeux en Laser ou 49er, Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) a longtemps pratiqué le 470. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir été des inconditionnels de la régate entre trois bouées sur de petits bateaux légers avant de devenir des loups de mer. Que leur ont apportées toutes ces années d’olympisme ? Qu’ont-ils découvert en course au large ? Nous leur avons posé la question… 

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« Le volume d’entraînement est énorme, nous dit Paul Meilhat. Culturellement, on s’entraîne moins en course au large». 250 jours sur l’eau, c’est la dose moyenne pour un coureur olympique. Le travail est très poussé dans des domaines spécifiques et il faut sans cesse réviser ses gammes. « Ça t’apprend la rigueur, la sueur que tu vas donner pour atteindre tes objectifs », confie Fred Duthil.
 

Très jeune, le coureur olympique est soumis à la pression. Morgan Lagravière : « on apprend beaucoup sur la gestion du stress. Vivre deux sélections pour les J.O à 18/20 ans, c’est vivre une pression nettement supérieure à ce qu’on vit en Figaro ». Damien Guillou : « j’ai appris à naviguer avec de la pression, à faire de longs championnats fatigants nerveusement où pendant 7 jours, il faut tenir sa place ». La régate au contact, la tactique rapprochée, la capacité à prendre des départs très tendus avec parfois pas loin de 100 bateaux sur une ligne, la finesse de barre, des réglages, la faculté à exploiter rapidement le potentiel de vitesse des bateaux, la micro-météo, l’analyse des performances, tels sont les atouts des anciens du dériveur.

Fred Duthil : « très jeune, tu apprends à te prendre des baffes dans la tronche. Tu ne ressors jamais indemne d’une préparation olympique. Ça forge le caractère, ça force à rester humble pour la suite et ça, ça sert vraiment pour La Solitaire. »


On n’apprend pas tout à cette école

A partir d’un certain niveau, l’athlète est un peu « cocooné », tandis qu’en Figaro Bénéteau, le skipper est livré à lui même pour gérer son projet, au plan technique et financier. Et au début, c’est toujours déroutant. Fred Duthil : « le circuit Figaro est par définition individualiste. Et sur toute la partie montage de projet, tu es vraiment seul ». Paul Meilhat : « les premières années en Figaro, je ne gagnais pas d’argent, j’en perdais même à chaque course et trouver un sponsor ne fait malheureusement pas partie de mes compétences. Ma phobie, en Figaro, c’est ça ». Dans la gestion du projet, il y a aussi celle du bateau, plus grand, plus compliqué et bardé d’électronique. Damien Guillou : « en 49er, ce n’était que du sport. Pas de préparation du matériel. Sur le circuit Figaro, tu passes une bonne partie de l’année à préparer le bateau et ça prend un temps fou ».

 

« Je pensais qu’en étant super fort sur des bananes, ça le ferait, dit Damien Guillou. En fait, ce n’est pas comme ça que ça marche ». Sur la Solitaire, prendre un bon départ, savoir se placer par rapport à la flotte et jouer les micro bascules de vent ne suffisent pas. Tous les anciens du dériveurs ont dû apprendre à réfléchir à une autre échelle : les grands phénomènes météo, la stratégie à long terme, sur 24 ou 48 heures. Et à maîtriser tous les outils informatiques d’aide à la navigation. Une manche de 49er dure moins de 30 minutes. Une étape de Figaro peut durer plus de 72 heures. L’apprentissage le plus dur est celui de la gestion du sommeil, de la vie en mer, de l’intensité de ses efforts.

Au bout du compte, un bon coureur olympique fait-il un bon figariste ? Pas automatiquement nous dit Paul Meilhat : «  On sait faire avancer les bateaux. Au bout d’un an ou deux, tu peux faire des résultats, mais ça ne fera pas de toi un marin de course au large. L’élément de base qui fait un bon figariste, c’est la passion de vivre en mer, tout seul »