Duthil, Bérenger et Chabagny en tête dans la brise

Fred Duthil remporte le prologue
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La nuit n’a pas été de tout repos, loin de là. Hier soir à Ouessant, au plus fort du front, il a fallu rester à l’affût des cargos que les bateaux croisaient sur leur route. Si les ondes VHF sont restées relativement calmes dans cette atmosphère furieuse, les coureurs ont parfois pris la parole pour s’encourager ou signaler les éventuels dangers du trafic. « Le Cross Corsen et Ouessant Trafic ont prévenu du passage des cargos sur le canal 10. Ils ont fait un super boulot » nous indique Jacques Caraës ce matin. Deux concurrents ont jeté l’éponge : Laurent Gouezigoux (Boistech), victime d’un problème de grand-voile et Philippe Bard (Morillon.fr).
 
A environ 80 milles de Brittany Buoy les marins, secoués depuis bientôt 24 heures sous grand-voile arisée et solent, rêvent de portant. Ils ont peu dormi, mal mangé et passé du temps à la barre pour faire marcher leur monture. Toute la flotte a viré dans la nuit et fait cap au sud-sud-ouest pour se rapprocher de la route. Harnachés, vêtus de leur combinaison sèche, les solitaires naviguaient ce matin tribord amures dans un vent de sud-ouest de 20 à 25 nœuds. Le groupe des leaders est désormais situé sous le vent d’une immense ligne de bateaux longue de 63 milles. Depuis hier soir, Frédéric Duthil (Distinxion Automobile), Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs) à 0,4 milles et Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles), à 0,8 milles tiennent la cadence et contrôlent la course. Aux avant-postes, dans un rayon de 3 milles, Eric Drouglazet (Luisina), Nicolas Lunven (Foncia), Armel Tripon (Gedimat), Gildas Morvan (Cercle Vert), Erwan Tabarly (Athema) et Laurent Pellecuer (Dr Valnet Aromathérapie) sont aussi en mode « attaque ».
Les écarts en distance au but se sont légèrement creusés, en défaveur des nordistes. Le leader du classement général Nicolas Troussel (Financo), pointe à la 30e place, avec 20 milles de retard. Mais il reste encore des bords à tirer avant d’atteindre Brittany Buoy ce soir, synonyme pour la plupart de délivrance après cette partie de saute-mouton inconfortable. Et encore 275 milles avant la ligne d’arrivée à l’Aber Wrac’h. Les jeux sont loin d’être faits.
 
Ils ont dit :
 
Gildas Morvan (Cercle Vert), 7e au classement de 4h00 : « Le vent est bien monté au passage de Ouessant avec beaucoup de mer. Je suis sous solent et un ris mais les conditions restent assez copieuses. J’ai un petit problème de girouette, je n’ai plus de mode vent sur le pilote, mais bon, c’est pas la catastrophe ! Je n’ai pas trop mangé depuis le début de l’étape car au près ça cogne beaucoup. Difficile donc d’aller jouer les cuisiniers. En revanche, j’ai dormi un peu mais le vent est assez changeant donc il y a pas mal de réglages à faire ! Vivement le portant ! »

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Alexis Loison (All Mer Inéo GDF Suez), 20e au classement de 4h00 : « On se prend de sacrés paquets de mer et ça ne se calme pas vraiment. C’était un peu le stress tout à l’heure. J’ai les varangues qui se décollent suite à mon passage sur les cailloux à Vigo. Les conditions ne sont pas évidentes car la mer est cassante et le bateau fait des sauts impressionnants. Mais je reste bien attaché, je fais vraiment attention à la sécurité. Je pense être vers 20h-22h à Brittany Buoy. »
 
Erwan Tabarly (Athema), 8e au classement de 4h00 : « Les conditions sont difficiles comme d’habitude au passage d’un front froid. La conduite du bateau dans 30 nœuds établis avec une mer de plus en plus formée demande beaucoup d’attention mais je suis assez content, j’ai fait un virement qui s’est très bien passé ! Je suis confiant pour la suite. Ce n’est pas fini, il reste beaucoup de milles à faire, des bords à tirer et on va encore passer de longues heures scotché à la barre. Ce matin, j’ai profité d’une petite molle après le passage du front pour dormir un peu par tranche de 20 mn. Là j’ai repris la barre, je suis dessus pour donner le maximum car c’est la dernière étape ! »