A côté d’Isabelle Joschke, professionnelle de la mer et habituée des podiums, Cécile Hoffart fait figure de débutante. D’ailleurs, sur un Mini de 6,50 m, c’est une débutante. Sur son CV nautique figure juste une participation à la Demi-Clé, en double avec son copain Stéphane Chemin.
Un mini en kit
"J’ai débuté la voile en Vendée à l’âge de 10 ans avec mes parents sur un voilier habitable". Suivront des années de voile légère, du Laser principalement, puis du Micro. "J’ai toujours navigué mais uniquement entre trois bouées". Tout en poursuivant ses études à l’UFR Staps à Nantes, la jeune régatière s’est mis en tête de disputer la Transat 6.50 en 2009. "Comme mon copain avait du temps et surtout les compétences nécessaires, on a acheté un mini en kit, c’est-à-dire la coque et le pont". Livré par le chantier Marée Haute, le Dingo, baptisé " Toud’suite", a été mis à l’eau il y a un mois et demi : "On s’est occupé de l’accastillage, de l’électronique, de l’aménagement intérieur, etc".
Mais jeudi matin, deux heures avant de larguer les amarres, Cécile ne cachait pas qu’elle était partagée entre l’excitation et l’angoisse. "C’est le stress. Ce qui est un peu normal car il s’agit de mon baptême du large".
Plus de winch
La jeune femme avait même envisagé de renoncer à prendre le départ en cas de météo musclée : "C’est un projet de trois ans et je n’avais pas envie de tout casser dès ma première course. Le but est de faire le parcours sans casser et en restant dans les temps. Ben oui, je reste une compétitrice et je n’ai pas envie d’arriver 20 heures après tout le monde". Peu de temps après le coup de canon, son pilote automatique a commencé à lui jouer des tours, l’obligeant à rentrer au port pour réparer : "Je suis partie une heure après tout le monde". Au raz de Sein, elle fait tomber à l’eau l’unique manivelle de winch du bord. "Là, je me suis dit : ça commence mal".
"Je ne m’y attendais pas"
Fort heureusement, la suite s’est déroulée comme dans un rêve : "Je me suis sentie de mieux en mieux : il y avait des trous de vent. Météorologiquement, c’était du n’importe quoi". Aux Birvideaux, elle se rend compte qu’elle est dans le coup. "Je ne pensais pas être aussi bien placée même si je sais que mon Dingo est un avion dans le petit temps…" Mis à part Francisco Lobato, elle a explosé tous les autres cadors de la série : "Deuxième, je ne m’y attendais pas. Oui, je suis super contente". Son coup d’essai s’est transformé en coup de maître. Et Cécile de se remettre à rêver de la baie de Tous les Saints à Salvador de Bahia au Brésil : "La Transat en 2009, c’est l’objectif principal".
Philippe Eliès