Un peu plus de 120 milles séparent le leader du dernier de ce groupe de tête, alors que Delta Lloyd et Team Russia, en choisissant hier de faire du plein Est sur une route plus nord se retrouvent à plus de 230 milles des leaders. Des conditions de navigation un peu différentes et une route plus directe vers Cape Town pourraient permettre à ces deux « retardataires » de raccrocher dans quelques jours au peloton des sudistes qui essuie en ce moment un fort coup de vent, avec des vents entre 30 à 40 nœuds.
Dans la tourmente
Comme cela avait été annoncé en début de semaine, la rencontre de deux dépressions s´est transformée en un très très fort coup de vent qui devrait accompagner les concurrents jusqu´aux approches de Cap Town. Les VO 70 progressent donc depuis hier dans la tourmente à des vitesses qui filtrent régulièrement avec les 25-28 nœuds sur une mer formée avec des creux de 4 à 8 mètres. A ce rythme là, l´idée d´un nouveau record de vitesse des 24h en monocoque commence à germer dans les esprits. Cette nuit (ndr) Ericsson 4 aurait battu ce record jusqu’ici détenu par l’équipage de Sébastien Josse. (lire par ailleurs).
Les ponts sont balayés en permanence par des paquets de mer et les équipiers ne quittent pas leur combinaison sèche. A l´intérieur, on n´est pas loin de la dévastation. Dans cette chevauchée fantastique sous spi assymétrique, la concentration des marins est à son maximum car ils savent que la moindre faute d´inattention ou erreur d´estimation seront payées au prix fort. En course, comme personne ne peut se payer le luxe de lever le pied avec le risque de descendre du train en marche et de voir la concurrence vous laisser sur place, tout le jeu de ces prochains jours sera de rester juste en-dessous du « ça passe ou ça casse ». Et de ne pas laisser les petits copains vous fausser compagnie.
INTERVIEW DE SIDNEY GAVIGNET, CHEF DE QUART SUR PUMA
Quelles sont vos conditions actuelles de navigation ?
SG : Les conditions sont brutales. Je viens d´aller aux toilettes en sortant de ma bannette. Elles sont situées à l´avant du bateau, là où le bateau sort de l´eau ou au contraire plonge sous l´eau et c´est vraiment impressionnant… même si j´ai l´habitude. Voir cette grosse machine, comme Il Mostro (Puma) lancé à fond sur les vagues et qui tape comme un ricochet jeté par terre. Le vent est à 30 nœuds et le speedo (compteur de vitesse du bateau) est à 26 nœuds.
On peut dormir avec ce bruit et ces mouvements du bateau ?
SG : Il faut bien parce que toutes les 4 heures on monte sur le pont. Si on ne dort pas, on n´est pas au top quand on prend notre quart. Oui, il faut dormir. On n´a pas le choix. Il faut être d´attaque pour monter sur le pont.
Et avec Ericsson 4, comment cela va ?
SG : Cela va, mais bientôt on ne va plus pouvoir les supporter (rires). Mais, c´est la course ; pas de problème pour cela. On est content de les avoir à coté. Et c´est drôle, car quand on ne les voit plus, on a l´impression d´être tous seuls. De toute façon, j´avais dit avant le départ que la victoire de la Volvo Ocean Race se jouera en Russie, à l´arrivée de la dernière étape. Cela se confirme. Vu comme c´est parti, on ne va pas se quitter de toute la course.
Il reste encore 2500 milles jusqu´à Cape Town. Qu´est ce qui va faire la différence entre vous deux ?
SG : Je pense qu´il y a deux choses. D´abord, la construction et la solidité des bateaux. Parce que là, on pousse les machines vraiment très très fort. C´est clair que nous ne sommes pas très loin de la casse, les uns et les autres. Que ce soit Ericsson 4, nous et même les autres bateaux. La deuxième chose qui peut faire la différence, c´est la concentration des équipages et leur qualité. Avec Ericsson 4, il se trouve que nos deux équipages ont un très bon niveau tous les deux. Donc il faut être super concentrés pour être sur le coup et ne pas faire d´erreur. Justement, on parlait de sommeil tout à l´heure, si un équipage gère moins bien, cela peut faire très mal.
Etes-vous dans les conditions idéales pour battre de nouveaux records de vitesse ?
SG : Je n´en sais trop rien. Dans ces conditions, on ne pense pas trop aux records. On fait surtout attention à ne pas casser le bateau.
POSITIONS à 8h (HF) mercredi
1 – Ericsson 4 à 1 843 milles de l´arrivée
2 – Puma à 27 milles
3 – Green Dragon à 73 milles
4 – Ericsson 3 à 103 milles
4 – Telefónica Blue à 122 milles
5 – Telefónica Black à 126 milles
7 – Delta Lloyd à 233 milles



















