Après la Nouvelle Zélande, c’est le grand désert Pacifique qui s’ouvre sans aucune terre en vue avant le mythique cap Horn. Un désert toutefois encombré d’objets flottants à l’origine incertaine mais en tous cas pas un growler (morceau de glace fondu d’un iceberg) puisque Paprec-Virbac n’est qu’à 600 milles des côtes néo-zélandaises par 47°40 Sud. Qu’est-ce qui a pu provoquer cette avarie de safran que Damian Foxall a réussi réparer ? Difficile à savoir mais voilà encore un argument de plus pour confirmer qu’avec 10 000 milles restant à parcourir, le duo leader n’est pas encore au bout de ses peines !
« Damian a recouvert de tissus de carbone et d’enduit la blessure sur le safran. L’idée était de créer une protection pour éviter que le carbone soit à l’état brut en contact avec la mer. A grande vitesse, il y avait un risque que le safran se délamine. Le plus dur était d’accéder à la partie basse du safran. Damian était en extension à l’extérieur du bateau avec un harnais. C’était assez acrobatique ! Nous sommes toujours en course. Il faut faire avancer le bateau de façon normale tout en étant prudent pour ne pas casser le bateau. Ce n’est pas parce que l’on va aller moins vite, que l’on ne va rien casser. Au contraire, être sous puissant dans ce type de mer peut être délicat pour le bateau. Sinon, nous essayons de nous reposer et de bien manger même s’il y a toujours quelque chose à faire : une réparation comme hier ou un passage de front avec ses changements de voiles comme cette nuit. » indiquait Jean-Pierre Dick.
Surtout qu’il y a devant les étraves du premier, un sacré piège à déjouer ! Le Pacifique ne mérite pas son nom, surtout en ce moment car sur la trajectoire normale de Jean-Pierre Dick et Damian Foxall se dresse un anticyclone qui va être balayé par une méchante dépression venue des tropiques pour étrenner l’année. Faire du Sud pour remonter au Nord, voilà la problématique inaugurale pour éviter de se faire prendre par cette perturbation qui amènera des vents d’Est, donc contraires, de plus de cinquante nouds au Sud du 50° ! L’autre alternative serait de plonger encore plus Sud mais tellement Sud que les glaces feraient barrage.
Et derrière, les soucis ne sont pas les mêmes : l’équipe technique de Hugo Boss travaille d’arrache-pied pour résoudre les problèmes de safran et pour offrir à Alex Thomson et Andrew Cape un monocoque revisité et opérationnel à 100% d’ici 24 heures. Le projet manager venu de Grande Bretagne explique : « Le plus gros problème concerne les safrans et leurs casques qui ont tendance à s’ouvrir et l’équipe technique travaille dessus depuis hier. Le groupe électrogène est maintenant opérationnel et nous sommes largement dans les temps pour qu’ils soient prêts à repartir avant les 48 heures d’arrêt obligatoires. Nous sommes trois de l’équipe technique avec le soutien de deux constructeurs locaux et de deux maîtres voiliers. Alex est plus décontracté maintenant qu’il sait que tout va bien à bord même s’il est désappointé par cette escale technique. Ces derniers jours, ils ont poussé le bateau très fort mais avec ces problèmes de safran, ils n’avaient plus confiance à 100%. Ils partiront sereins demain. »
Crever la bulle.
Autres lieux, autres temps : au Sud de la Tasmanie, Temenos II et Mutua Madrinela bénéficient encore de conditions favorables pour glisser rapidement vers le détroit de Cook. Mais devant leurs étraves, se dresse un anticyclone qu’ils ne pourront pas éviter : il leur faudra passer au travers et cela ne va pas être simple pour ne pas se retrouver pleine balle en pleine bulle ! Le réveillon s’annonce plus agité par la houle de l’Indien que par le zéphyr d’Eole. Et du côté de Servane Escoffier et Albert Barguès, c’est une bonne dépression qui propulse Educacion sin Fronteras vers la Tasmanie : « Nous avons trente nouds de vent et nous essayons de garder de l’énergie ! Le bateau va bien et nous avons une bonne vitesse. La nuit dernière, nous avons subi des déferlantes en fonçant à plus de 17 nouds de moyenne : avec la pleine lune, c’était magique. Et le jour, ce sont les albatros. De toutes façons, quand il y a une mer comme celle-là, il faut aller vite pour que ça ne devienne pas dangereux. »
Pas de quoi penser aux petits fours dans cette ambiance humide e t froide qui baigne les poursuivants d’un leader bien installé en tête : un Pacifique violent et un Indien placide, voilà un nouveau paradoxe des mers du Sud !
Classement du 28 décembre à 13h00 GMT
1-PAPREC-VIRBAC 2 à 10 650 milles de l’arrivée
2-HUG BOSS à 648 milles du premier
3-TEMENOS II à 1 560 milles du premier
4-MUTUA MADRILENA à 1 985 milles du premier
5-EDUCACION SIN FRONTERAS à 2 992 milles du premier
ADB. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ADB. ESTRELLA DAMM
ADB. DELTA DORE
ADB. PRB