La méthode Joyon prouve son efficacité

    IDEC Rhum 2014
    IDEC Rhum 2014

    Francis Joyon a regagné beaucoup de terrain sur ses concurrents directs. Madère déjà dans le sillage, IDEC SPORT est désormais à la lutte pour la 3e place avec Lionel Lemonchois et Sébastien Josse. L’affaire n’a pas été sans peine. Notamment parce que Francis doit faire sa route sans ordinateur de bord. Il explique en rigolant (il n’y a que lui pour rire de ça…) : « alors côté informatique le petit ordinateur portable est mort, l’ordinateur numéro un ne tient allumé qu’une seule minute et le troisième et dernier refuse catégoriquement de s’allumer. C’est pas terrible, mais j’arrive tout de même à apercevoir de temps en temps un fichier de vent ou un mail de mon routeur Jean-Yves Bernot. Je fais avec. »

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    Faire avec, cela veut dire notamment être « obligé de reporter manuellement les positions des autres, ce qui n’est pas très simple. Donc je ne sais pas trop où j’en suis par rapport à eux. Je n’ai vu personne depuis la sortie de Manche. » Il en faut d’avantage pour déstabiliser le recordman autour du monde. Une autre avarie d’importance vient d’ailleurs d’être réglée « à la Joyon », c’est à dire avec trois bouts de ficelles et beaucoup de bon sens. Francis explique : « je trouvais le bateau très dur à barrer, c’était un peu dangereux… et je me suis aperçu qu’un petit camembert en bois retenant un lashing (cordage de fixation) du safran avait cassé. Du coup, le safran était partiellement relevé vers l’arrière et le bateau devenait très difficile à contrôler. A 30 nœuds, ce n’était pas génial… mais bon je me suis débrouillé en bricolant avec des boutes. Là aussi – j’ose à peine dire le mot – c’est un peu artisanal comme réparation, mais on dirait que ça tient. »

    Pour l’heure, la course continue dans des conditions enfin devenues moins extrêmes. « Le début de course a été vraiment très brutal, mais là depuis Madère (déjà dans le sillage !) c’est un peu mollasson : on a une quinzaine de nœuds de vent de nord et on nous annonce une molle encore dans la journée. Au moins ça nous change parce qu’hier j’ai encore vu le vent passer de 10 à 43 nœuds en moins d’une minute… ce qui est un peu compliqué à gérer en multicoque. » Comprendre que ce genre de navigation exige une attention de tous les instants et que le répit ! du jour est tout sauf malvenu. « J’ai dormi par tranches de quelques secondes ce matin, ça me suffit pour récupérer et je vais bien. En revanche, je n’ai pas encore pris le moindre repas chaud, je me suis contenté de quelques barres de céréales depuis le départ.. Ce n’est pas très diététique ».