Chris Nicholson revient sur l´accident de Team Vestas

Team Vestas Wind
DR

Ce qui s’est passé
« L’enquête nous en apprendra plus. Mais personnellement je m’interroge toujours : qu’est-ce que moi, j’aurais pu faire pour éviter ça ? Aurais-je dû poser d’autres questions sur la profondeur de l’eau ? Wouter (Verbraak) est un grand spécialiste de la navigation et il s’y consacre entièrement, tandis que moi je passais la plupart de mon temps sur le pont à la barre ou aux réglages. Je regardais de temps en temps ce qu’il avait trouvé au niveau du routage. On fonctionne toujours comme ça. On prévoyait ce qui allait se passer pendant le prochain quart et en général sur les 12 prochaines heures. (…) Nicolai (Sehested) était à la barre. Je passais d’un rôle à l’autre sur le pont. Je rappelais à tout le monde qu’on passait d’une profondeur de 3000 à 40 mètres. Il y a eu un grain et puis on a vu du blanc sur l’eau. On pensait que c’était le clair de lune ou une mer plus agitée. J’ai su immédiatement que nous avions fait la plus grande erreur, car je voyais le récif à tribord. Le bulbe était près de la surface, les dérives étaient en place et elles se sont cassées. Puis le bulbe et ensuite les safrans ont touché le fond. Le bateau a fait un demi tour à 180 degrés. Je savais que l’étape était bel et bien terminée. Nous avons essayé quelques manœuvres… notamment je pensais qu’en basculant la quille, ça aurait pu soulever le bateau. Mais je prévenais aussi les gars que cela aurait pu le casser en deux. »

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L’instant d’après
« Il fallait affaler les voiles, recharger les batteries et faire de l’eau, car nous savions qu’on allait rester coincés là un moment. Les vagues déferlaient sur la plage avant et le bateau a tapé. J’ai cru que la quille allait s’arracher. On s’accrochait, c’était violent. Le tableau arrière commençait à se détacher avec les chocs… Après l’évacuation, le bateau s’est déplacé d’une trentaine de mètres. C’est incroyable qu’il ait résisté aussi bien et aussi longtemps, les marges de sécurité sont très élevées. Il était particulièrement difficile d’embarquer sur le radeau et il fallait bien réfléchir à comment nous allions faire pour traverser le récif. C’était un peu chaud, nous avons été coincés un moment, mais on a fini par réussir. »

Les réactions de l’extérieur
« Je m’étonne de l’ampleur des réactions à cet incident. Je ne voulais pas ouvrir mes mails, mais il fallait bien le faire… et j’ai été surpris par tous les messages de soutien. On a toujours cette peur d’échouer un jour. C’était le premier échouement de ma carrière. »

Repartir ?
« Nous commençons à nous dire qu’il y a possibilité de repartir avec un nouveau bateau. Pour le moment, il y a le sentiment d’avoir déçu tout le monde, mais j’espère qu’on pourra retrouver la course afin de remercier les gens pour leur soutien. Il faudrait que nous puissions le faire rapidement,  sinon cela ne vaut pas la peine, mais il y a un manque d’hommes et de matériaux pour pouvoir faire ça très rapidement. On a quelques chantiers qui étudient cette question. La chance que ça se passe comme ça ? On ne sait pas. C’est loin d’être certain. Pour le moment, on essaie simplement de voir si c’est envisageable et si oui ce sera à Vestas de décider. Les autres équipes nous soutiennent. C’est très touchant. »

L’ambiance dans l’équipe
« Personne n’a jamais accusé qui que ce soit. C’est important. Vous avez entendu ce que nous avons dit avec Wouter, maintenant nous irons au bout de l’enquête avant de prendre quelque décision que ce soit (notamment sur le fait de repartir avec Wouter éventuellement, ndr). L’erreur était très basique, elle rappelle ce danger à tout le monde. »

L’épave
« On ne peut pas laisser le bateau là. On attend les décisions de l’assurance, mais un jour, nous irons pour tout récupérer. Il y a trois autres épaves dans le secteur qui sont laissées à l’abandon. Nous, nous découperons le bateau en morceaux pour tout enlever. »

SOURCE : www.sailinganarchy.com