Si les deux premiers ont choisi l’ouest malgré une météo plus aléatoire, c’est pour couper la route. Ils ont choisi de faire moins de milles parce qu’ils savent que Puma, Telefónica et Groupama, tous trois dessinés par Juan Kouyoumdjian, sont quasiment intouchables au reaching. « J’imagine qu’ils ont voulu faire moins de milles, » confirme Iker Martínez, le skipper de Telefónica. « C’est toujours intéressant d’essayer ça. Nous, on a voulu aller toujours un peu plus loin, un peu plus vite. Je ne sais pas comment ça va marcher pour eux, comment ça va finir. On est confiants (par rapport à notre position). On ne voulait pas être trop près de la côte, c’est un choix. Le bateau marche bien et maintenant, c’est juste une question de vent. On voit d’ailleurs qu’on est tous dans un vent faible … Il faut qu’on sorte d’ici pour passer une transition avant d’atteindre les alizés. »
La transition, c’est au centre d’un anticyclone que frôlent dangereusement les cinq concurrents. L’une des trois options évitera mieux que les autres cette zone sans vent. Mais laquelle ? « À mon avis, Puma a trouvé un bon compromis, » confie Franck Cammas. « Nous, on fait une route qui s’écarte pas mal de la côte, à une centaine de milles du cap Frio. C’était notre but : à terre, c’est une zone risquée avec pas mal d’instabilité. Notre situation est confortable : on est en retard par rapport à ceux qui font la route directe mais on est là où on voulait. Même si on préfèrerait être 10 milles devant, là où est Telefónica. On comptera les gains quand on arrivera dans les alizés. Une fois dans les alizés, le bateau le plus est sera favorisé par l’angle. »
La zone de calmes au large du cap Frio était prévue un peu plus tardivement et surtout ne devait pas s’étendre autant au large. Mais comme dans toute situation orageuse, il est très difficile d’anticiper l’évolution d’un tel magma météorologique. Avec moins de cinq noeuds de brise, la progression de la flotte n’était pas très rapide mais les différences de cap ont progressivement dispatché les équipages, chacun suivant sa voie une fois sa décision prise.
Dans cet air brésilien qui souffle à presque rien, il n’est pas aisé de grappiller les milles quand les vitesses moyennes oscillent entre 3 et 7 noeuds ! Il est probable que les routes convergent la nuit prochaine car les deux bateaux leaders naviguant à terre savent que la porte de sortie se déplace vers le large. Reste à savoir si le front orageux qui se positionne 250 milles plus au Nord sera très actif et surtout s’il sera réellement plus étroit à 150 milles au large des côtes brésiliennes.
Classement de 15h
Camper à 4328 milles de l’arrivée
Abu Dhabi à 4,2 milles
Puma à 25,7 milles
Telefonica à 47 milles
Groupama à 51 milles




















