La plus grosse dépression depuis le départ

Coup de vent Abu Dhabi
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C’est une bonne et une mauvaise nouvelle : la dépression que la flotte est en train d’aborder par sa face Ouest se déplace lentement et les bateaux vont pouvoir en profiter jusqu’au cap Horn ou presque. Mais cette perturbation australe est aussi en train de grossir et de se positionner sur la route vers l’Amérique du Sud. C’est donc une phase extrêmement rude qui s’annonce jusqu’au début de la semaine prochaine.

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La dépression antarctique centrée par 58°S et 140W se déplace très lentement vers l’Est mais surtout remonte vers la limite des glaces jusqu’à samedi, donc très près de la trajectoire optimale des bateaux, qui seront contraints de se rapprocher de ce phénomène météorologique violent puisque ce mouvement septentrional provoque une compression des isobares, donc un renforcement très net de la brise. Heureusement, le front froid associé à cette perturbation restera devant les étraves, mais une zone de grains sera tout de même au rendez-vous avec des rafales à plus de 50 nœuds, voire 60 nœuds !

Au fil des heures, les conditions de navigation vont se durcir et la brise atteindre dès ce jeudi soir plus de 35 nœuds de Sud-Ouest. La mer déjà formée va encore grossir avec des vagues de plus de dix mètres et surtout le risque de déferlement. Une situation qui devient dangereuse pour l’équipage sur le pont, mais aussi pour le bateau qui peut se mettre en travers de la lame avec le risque de casser du matériel.

Team Sanya est le premier à déplorer une avarie matériel importante avec la perte d’un de ses safrans. Sur Camper, le vétérans de la course, Stu Bannatyne piaffe d’impatience : « Les meilleures navigations du monde se font au portant dans les mers du sud, » affirme le co-skipper de Camper, actuellement 2ème derrière les Français. Mais si certains ont le sourire aux lèvres et le mors aux dents alors que d’autres, comme Franck Cammas restent un peu plus circonspects. « On va avoir 40 à 45 nœuds pendant plusieurs jours », explique le skipper français. « C’est surtout la mer qui va être très forte avec 10 mètres de creux. Ce sont des conditions qu’on a imaginées quand on a construit le bateau et quand on s’est entraînés. On va même en avoir plus que prévu : il y pas mal de stress en attendant d’y être. Je ne sais pas si on va pouvoir prendre du plaisir à barrer, à jouer dans les vagues, ou si on sera dans un mode survie, à se tenir à la barre et à essayer de tenir debout. »

Plaisir ou inquiétude ? Jono Swain hésite aussi. Le barreur-régleur du Mar Mostro de PUMA est sud-africain, c’est sa cinquième Volvo Ocean Race.  « On sait qu’on va naviguer derrière ce front et que le vent va monter. On va devoir adopter un mode plus conservatif pour ne rien casser. La ligne est mince entre pousser trop fort ou reculer.  Il y a du soulagement et de l’appréhension, parce qu’on sait que les cinq prochains jours vont être très ventés, mais qu’on veut arriver entiers et en bonne forme au Cap Horn pour la dernière partie avant le Brésil. »

Quant à Team Sanya victime d’une voie d’eau et d’une avarie de safran, l’équipage évalue actuellement les options possibles pour gérer la situation au mieux. Pour l’instant, on sait que l’équipage a réussi à colmater le trou à l’aide d’une plaque de carbone et qu’il dispose d’un safran de secours. 

Classement de 17h

1. Groupama à 5363,7 milles de l’arrivée
2. Camper à 6,1 milles du leader
3. Puma à 28,9 milles du leader
4.Telefonica à 50,1 milles du leader
5. Sanya à 205,6 milles du leader
6. Abu Dhabi à 400,2 milles du leader