Groupama 3 dans une phase de transition

Groupama 3
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Le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène est toujours un moment important lors du Trophée Jules Verne car il n’est pas aisé de connaître à quelques heures près comment les bouffées de chaleur brésilienne vont se transformer en dépression orageuse et s’élancer vers l’Afrique du Sud. Surtout quand il faut prendre le départ de Ouessant, distant de près de 5 000 milles ! La fenêtre du coup d’envoi le 5 novembre, choisie collégialement par le routeur à terre Sylvain Mondon de Météo France, le navigateur de Groupama 3 Stan Honey et en dernier ressort, le skipper Franck Cammas, prévoyait bien un chapelet de perturbations en formation. Mais de là à savoir exactement le point d’impact, il y a une marge d’erreur. Celle-ci s’avère finalement assez faible puisque le rendez-vous doit avoir lieu dès samedi dans le Sud de Rio de Janeiro…

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Sous la Croix du Sud

En ce vendredi midi, Lionel Lemonchois indiquait à la vacation radio que ce petit détour brésilien n’entamait en rien l’ambiance du bord et que ce n’étaient pas quelques dizaines de milles perdus qui allaient modifier leur manière de naviguer.

« On discute tous les jours sur ce qui va se passer dans les heures qui viennent : dans les grandes lignes, cela fait déjà trois ou quatre jours que nous savons comment les conditions météorologiques dans l’Atlantique Sud vont évoluer. Nous ne sommes donc pas surpris de perdre du terrain ce vendredi même si on navigue encore bien ce midi : sur un tour du monde, on ne peut pas tous les jours gagner du terrain. Il y a des phases de transition comme aujourd’hui, mais la suite s’annonce plutôt pas mal… Et puis nous avons une petite marge de manœuvre par rapport à Orange 2 ! Mais on va bientôt sortir les bottes et les polaires : on perd toutes les nuits un peu de chaleur. En ce moment, c’est toute la toile dehors avec grand voile haute, trinquette et grand gennaker : ça glisse bien avec quatorze nœuds de vent sous un beau soleil. Et la nuit, la voute céleste est très étoilée, avec la Croix du Sud de plus en plus haute dans le ciel ! »

De fait, quelques minutes plus tard, Groupama 3 commençait à incurver sa trajectoire vers le Sud, puis progressivement vers le Sud-Est toujours à plus de 22 nœuds de moyenne. Certes, en termes comptables, le bilan est moins flatteur puisque ce cap à 60° de la route directe depuis la latitude de Recife, lui a fait perdre du terrain : 380 milles en 24 heures effectués sur le parcours du Trophée Jules Verne, mais toujours 550 milles quotidiens sur l’eau ! Bref, le ralentissement n’est pas perceptible à bord, mais seulement par rapport à la route de Bruno Peyron. Notons d’ailleurs que Franck Cammas et ses neuf équipiers suivent une voie pratiquement parallèle à celle de Orange 2 depuis leur passage de l’équateur, réalisé déjà près de 5° plus à l’Ouest. D’ici samedi midi, la faible hémorragie (30 milles de déficit en 48 heures, soit 0,6 nœud de différentiel) va être totalement cautérisée avec les vents de secteur Nord puissants programmés…

Le clignotant à gauche…

Aucune inquiétude d’ailleurs dans le ton des équipiers venus à la vacation depuis le départ de Ouessant : l’ambiance à bord est sereine et concentrée, détendue mais attentive. Groupama 3 n’a pas souffert, l’équipage a pu se reposer avant les frimas du Grand Sud et le temps est à la douceur de vivre… Sur une mer assagie et dans une brise portante modérée, Franck Cammas et ses hommes ont d’ailleurs prévu un check-up complet du gréement samedi matin avant l’arrivée de la dépression brésilienne. Un week-end torride et tonique se prépare !

« Le rythme est pris car Groupama 3 est bien conçu pour se reposer. Les journées passent vite entre le sommeil, un peu de bricolage, les heures de barre et de quart, la contemplation de la mer. Mais on n’est pas débordé par le travail d’entretien… Il y a juste un cordage qui s’use un peu sur la commande de descente d’un foil. Nous n’avons eu que de bonnes surprises : on a même de bons fous rires ! Nous avons la chance d’être sur un très beau bateau … Avec un superbe équipage en qui tout le monde à confiance. Et pour l’instant, nous avons plutôt de bonnes conditions de glisse. Le Trophée Jules Verne est avant tout un marathon : il faut tenir dans la durée et de ce point de vue, Franck (Cammas) a une approche très proche de celle de Bruno Peyron, avec beaucoup de sagesse. » concluait le vainqueur de la Route du Rhum 2006.