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Vendée Globe. Louis Burton : “La décision d’abandonner s’imposait !”

Louis Burton, le skipper du Bureau Vallée a été contraint à l’abandon la mort dans l’âme. Le 4 décembre, il a prévenu la direction de course du Vendée Globe et son équipe technique qu’il rencontrait une sérieuse avarie sur un élément mécanique du gréement de son IMOCA. 10 heures durant, le skipper de Bureau Vallée a cherché une solution pour réparer, en vain. Après une analyse mûrement réfléchie de la situation, et malgré la détermination qui le caractérise, Louis doit se résoudre à abandonner la course. Il fait route vers Cape Town (Afrique du Sud), qu’il devrait atteindre dans 36 heures environ. Cette deuxième avarie conséquente, après avoir réparé les fissures de son bateau seul en mer il y a quinze jours, atteint considérablement l’intégrité du bateau et par la même de son skipper, à l’heure où les conditions météo du Grand Sud deviennent extrêmement sollicitantes.
Cette décision fut difficile à prendre mais c’est en bon marin, avec une expérience acquise sur deux tours du monde bouclés, dont une troisième place sur le précédent Vendée Globe, quinze années de progression sur le circuit IMOCA et quinze transatlantiques à son actif, que Louis Burton quitte la 10e édition du Vendée Globe.

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Vendée Globe. La flotte dans le dur, le bon choix de Dalin et Simon

RACE, DECEMBER 05, 2024 : Photo sent from the boat TeamWork - Team Snef during the Vendee Globe sailing race on December 05, 2024. (Photo by skipper Justine Mettraux)

Charlie Dalin continue sa course folle en tête de la dépression, maintenant un rythme d’enfer, tandis que Sébastien Simon a ralenti pour préserver son bateau. Derrière eux, toute la flotte subit une mer hachée qui rend la vie à bord particulièrement difficile. L’océan Indien se mérite.

Alors qu’ils sont désormais trente à évoluer dans l’impitoyable Océan Indien, la tête de flotte s’est répartie les Terres Australes et Antarctiques Françaises, éparpillées façon puzzle tout autour du monstre de vent et de houle qui s’est formé en leur sein.
Cette nuit encore – la 26e de ce Vendée Globe; les 38 skippers sont dans le dur. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) continue à filer à près de 23 nœuds de moyenne et tient ses routages dans une mer qui devient difficile. Il est en passe de gagner son pari. Il pourrait au final avoir 250-300 mn d’avance dans 5 jours.

Son poursuivant, Sébastien Simon, n’a pas réussi à tenir la cadence du Havrais. Déjà décroché de 80 milles hier, le skipper de Groupe Dubreuil accuse ce matin plus du double de retard sur le leader. Surtout, le marin est désormais passé de l’autre côté du système dépressionnaire, en arrière de son centre, et ne bénéficie donc plus des mêmes conditions que son prédécesseur :” Ça caille vraiment depuis le passage du front ce matin, j’ai mis un peu de chauffage. J’essaie d’être précautionneux du bateau ce qui m’a quand même poussé à ralentir un peu. Je me suis fait un peu bouffer par l’œil de la dépression qui m’a bloqué pendant presque deux heures, c’était très étonnant, j’avais jamais eu cette expérience-là ! Le vent a commencé à revenir avec l’arrière de la dépression, je commence à avoir une mer assez forte, assez croisée, et surtout un vent très froid, très dense et très rafaleux. Là j’ai que 24-25 nœuds, mais des fois ça monte à 30-31 nœuds sans prévenir, le bateau fait des accélérations à 35 nœuds…”

“On a eu 40 nœuds max en avant du front, c’était je pense le bon choix. Le noyau de mer je vais le prendre maintenant alors que le groupe du Nord l’a déjà depuis plusieurs heures. De toutes façons il n’y avait pas d’escape, on était trop Sud. Je ne tiens pas les routages, mais je veux traverser cet Océan Indien sans encombre donc je suis très prudent, c’est pas le moment de tirer sur la machine je pense, je saurai le faire à d’autres moments, je fais la course à mon rythme !”

Au Nord, Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 3e) en tête, bataille déjà avec 7 mètres de vague selon les fichiers, suivi, 80 milles derrière, par Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e). Pour tout ce paquet, qui s’étire plus Sud jusqu’à Paul Meilhat (Biotherm, 8e) et Yannick Bestaven (Maître CoQ V, 9e), c’est l’état de la mer qui va leur faire vivre une épreuve qu’on ne souhaite pas à grand monde, puisque, déjà, ils sont croqués par l’anticyclone derrière la dépression.

Justine Mettraux (TeamWork – TEAM SNEF, 10e), avec Boris Herrmann et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) foncent droit vers l’archipel Crozet. Ce petit groupe a doublé Sam Davies plus au nord.

Normalement demain dans la journée, j’arrive avant qu’il fasse nuit au vent de l’île aux Cochons donc je devrais la voir, je suis trop contente. Il y a déjà des tonnes d’albatros, hier j’en avais une douzaine autour de moi, ça c’est assez stylé, je sais pas si j’en avais déjà vu autant d’un coup ! Ils paraissent irréels tellement ils sont gros, c’est vraiment très étrange, on dirait des dessins animés ! Quand je vais prendre un ris ou affaler quelque chose, faut toujours s’armer de courage mais en général on est toujours récompensé par des belles apparitions comme ça ! Mais j’ai toujours tendance à avoir envie de ralentir pour les regarder, ce qui n’est pas tout à fait le plan !
Le plan de la navigatrice a tout de même été un peu compromis aussi par son avarie. Le support de son vérin de foil a rendu l’âme, et avec lui la possibilité de régler convenablement son appendice pourtant bien utile. Pour elle, les prochains jours devraient être relativement simples à aborder, même si « c’est jamais tout droit comme dans les bouquins ». « Il va forcément y avoir un moment désagréable avec une dépression qui passe d’ici à ce qu’on remonte de la zone des glaces, mais si tout va bien c’en est pas une trop creuse », raconte Clarisse Crémer, qui expérimente à nouveau quelques sensations du Grand Sud rencontrées voilà quatre ans :

J’ai retrouvé le froid, il fait 10 degrés dans le bateau, c’est pas horrible mais quand t’essaies de dormir t’as vite froid ! Tu sais quand t’as tellement dormi et écrasé que tu te réveilles t’es trempée comme les bébés qui dorment. T’es toute transpirante de sueur du sommeil lourd du début de nuit, et il faut sortir de ta couette pour aller renvoyer un ris, c’est un petit moment désagréable (rires) ! Par contre la sensation d’aller se mettre sous sa couette, est tellement agréable !”


Pas sûr que le groupe suivant ait beaucoup eu le temps d’aller à la banette ces dernières heures, avec un passage de la pointe sud-africaine réalisée dans des conditions bien engagées. A l’image de Sébastien Marsset (Foussier, 26e), qui raconte :” La nuit a été hyper active, on est toujours en avant du front. On a eu jusqu’à 45-47 nœuds, il a fallu réduire au fur et à mesure de la nuit ! J’ai pris le ris 3, joué avec la trinquette… et pour couronner le coup, j’ai pris un truc dans ma quille et j’ai dû faire deux marches arrières avec trois mètres de houle et une mer courte ! Mais ça s’est bien passé, j’ai pu retrouver ma vitesse.
Vers quel TAAF choisira-t-il de pointer l’étrave ? Pour l’heure, ses prédécesseurs, à commencer par Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux, 20e), talonné de près par Alan Roura (Hublot, 21e) ont mis le cap au Nord, longeant encore la côte sud-africaine, comme un dernier au revoir au continent africain. Avant le prochain !

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Vendée Globe. Charlie Dalin sur le fil du rasoir !

Charlie Dalin tente de gagner au maximum dans l’est accompagné de Sébastien Simon. Chaque mètre compte de l’or !

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Vendée Globe. Abandon de Louis Burton, skipper de Bureau Vallée

Louis Burton a prévenu ce mercredi à 13h la direction de course du Vendée Globe et son équipe technique qu’il rencontrait une sérieuse avarie sur un élément mécanique du gréement de son IMOCA. Dix heures durant, le skipper de Bureau Vallée a cherché une solution pour réparer, en vain. Après une analyse mûrement réfléchie de la situation, et malgré la détermination qui le caractérise, Louis doit se résoudre cette nuit à abandonner la course. Il fait route vers Cape Town, qu’il devrait atteindre dans 36 heures environ.

Alors qu’il naviguait en avant d’une dépression, dans des conditions toniques mais maniables, Louis Burton a rencontré ce mercredi midi une brusque avarie d’un élément mécanique du gréement qui ne lui permet plus de manœuvrer le bateau. Le skipper de Bureau Vallée a pris le temps de constater les dégâts, de tout essayer pour réparer et de réfléchir longuement avant de prendre la décision d’abandonner. Cette deuxième avarie conséquente, après avoir réparé les fissures de son bateau seul en mer il y a quinze jours, atteint considérablement l’intégrité du bateau et par la même de son skipper, à l’heure où les conditions météo du Grand Sud deviennent extrêmement sollicitantes.

Cette décision a été difficile à prendre mais c’est en bon marin, avec une expérience acquise sur deux tours du monde bouclés, dont une troisième place sur le précédent Vendée Globe, quinze années de course au large sur le circuit IMOCA à son actif, que Louis Burton quitte la 10e édition du Vendée Globe. Il se trouve à 485 mn au sud de l’Afrique du Sud. Il va devoir s’y rendre rapidement pour éviter une dépression importante qui arrive avec une mer importante avec des hauteurs de vagues à 9m.

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Vendée Globe. Cases tempêtes au calendrier de l’Avent

Les 39 skippers vont essuyer leurs premières tempêtes dans les heures et jours qui viennent. Des vents de 40-50 nœuds en rafales et des vagues de 9 mètres au cœur de ces dépressions risquent d’éprouver les marins et leurs bateaux, jusqu’ici assez bien préservés depuis le début de ce Vendée Globe.

Les violentes dépressions australes anticipées depuis plusieurs jours sont presque là, et avec elles leur lot d’incertitudes. Les deux leaders, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), après avoir essayé un temps de faire du Nord, sont repartis vers l’Est, ralentis par la transition sans vent, espérant passer au plus près du centre dépressionnaire. Seb Simon disait qu’il n’avait pas vraiement le choix. Derrière, l’ascension se poursuit pleine balle pour Yoann Richomme (Paprec Arkea, 3e) et Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e), revenus à une quarantaine de milles l’un derrière l’autre et qui ont anticipé d’aller plein nord depuis 48h. A quelle longitude finiront-ils par se dire « on va prendre raisonnablement cher ? » Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Nicolas Lunven (Holcim PRB, 6e), eux, ont tranché depuis un petit moment, et en profitent pour cravacher au Nord tant que les conditions le permettent, la mer n’étant pas encore formée par le vent. Un choix au nord qui s’annonce finalement le plus prudent et pourrait être payant pour la suite.

Justine Mettraux (Teamwork – Team SNEF): ” Physiquement et moralement, ça va bien, j’aimerais bien juste un peu plus de sommeil mais en ce moment les conditions de mer font que c’est pas facile de se reposer, ça tape beaucoup. Comme tu peux l’entendre en ce moment, c’est vraiment pas très agréable ni pour moi, ni pour le bateau. Là je suis dans 20-25 nœuds de vent, au reaching assez serré, et le vent va progressivement mollir, j’espère que la mer aussi parce que là je suis en train de traverser une dernière veine de courant des Aiguilles, donc il faut tenir le coup encore ces quelques heures.”

Tenir, réduire la voilure parfois, ralentir même. C’est le cas depuis 24 heures de Fabrice Amedeo (Nexans – Wewise, 36e), qui devrait voir sa première dépression dans la journée de mercredi : ” Les routages me faisaient descendre directement le long de la zone d’exclusion antarctique, mais je le sentais pas d’aller dans 5-6 mètres de vagues fichier, ce qui veut dire plus pour certaines vagues, des rafales à 45-50 nœuds. Je trouvais que c’était un peu engagé pour commencer, après c’est peut-être un syndrome refus d’obstacle… Mais après l’anticyclone de Sainte-Hélène et le beau temps, c’est toujours un peu flippant de rentrer dans les Mers du Sud, moi je me suis toujours écouté, j’ai toujours navigué en bon marin… après cette dépression, il y a une porte qui s’est ouverte pour naviguer bien et dans le bon sens pour quelques jours donc je suis plutôt serein.”

Le groupe mené par Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-Lux, 20e) continue de chercher la solution pour un passage sans encombre dans des conditions qui s’annoncent musclées. « Si je vais trop nord j’ai le courant de l’Afrique du Sud qui va me faire des misères, et si je vais trop sud je vais dans des conditions très compliquées », résumait Alan Roura (Hublot, 22e), étonnamment pas pressé de choisir entre la peste et le choléra…

Avoir même d’avoir à choisir, Guirec Soudée (Freelance.com, 28e), partagé entre crainte et fascination, racontait : “Je peux vous dire que ça commence à bien envoyer là, et que j’ai été obligé de bien lever le pied, parce que si je continuais à cette vitesse, c’était obligé que le bateau ne pouvait pas tenir. C’est comme rouler en voiture sur un terrain de cross à fond, au bout d’un moment t’as forcément des choses qui lâchent ! La mer est bien déchaînée là, j’ai quatre-cinq mètres de creux, le ciel est gris, je viens de voir un arc-en-ciel magnifique, c’est chouette de retrouver les Mers du Sud, je suis content d’être là, vraiment.”

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Trophée Jules Verne. Sodebo Ultim 3 interrompt sa tentative de Trophée Jules Verne

Cet après-midi, alors qu’il progressait dans l’alizé en direction de l’Equateur, Sodebo Ultim 3 doit interrompre sa tentative de Trophée Jules Verne suite à une avarie sur le safran central.

L’équipe technique en lien avec le bateau est en train d’analyser les circonstances de cette avarie. Suite à une première inspection, l’équipage a constaté la perte totale du safran central au raz du fond de coque. Des investigations sont en cours pour savoir si la rupture de la mèche du safran central est due à problème mécanique ou à un choc.

Thomas Coville, Frédéric Denis, Pierre Leboucher, Léonard Legrand, Guillaume Pirouelle, Benjamin Schwartz et Nicolas Troussel ont fait demi-tour pour rejoindre la base du team Sodebo à Lorient pour réparer. Il n’y a pas de voie d’eau ou de dommage collatéral et les marins peuvent revenir par leurs propres moyens.

Une fois à Lorient, l’équipe technique pourra prendre en main le bateau pour évaluer les dommages et envisager les solutions.

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Vendée Globe. Chacun sa trajectoire

Alors qu’une belle tempête se profile dans 48 heures à l’avant de la flotte, avec une dépression marquant également l’arrière de la flotte, chaque skipper anticipe sa trajectoire pour affronter ces conditions musclées. En tête de course, Charlie Dalin et Sébastien Simon ont choisi de poursuivre leur route plus à l’est. Derrière eux, leurs poursuivants ont opté pour une trajectoire nord plus sécurisante. Le cap de Bonne-Espérance, franchi hier par Sam Davies, Justine Mettraux, Clarisse Crémer et Boris Herrmann, voit la belle remontée de Benjamin Dutreux et Romain Attanasio, portés par une belle dépression. Toutefois, cette situation ne devrait durer que le temps d’en voir venir une nouvelle. Les conditions s’annoncent plus préoccupantes pour l’arrière de la flotte, qui devra affronter mercredi à jeudi le passage du cap dans des vents dépassant les 30 nœuds et une mer formée avec des creux de 5 à 6 mètres. Les marins, déjà éprouvés par des semaines de navigation, vont devoir redoubler de vigilance et de résilience pour passer ce cap mythique dans des conditions si hostiles.

Attention, grimpette en cours ! Si jusque là, la procession en queue-leu-leu avait plutôt été de mise en tête de flotte, le cortège a bien volé en éclats depuis 36 heures. Rassurez-vous, nulle fâcherie n’est à l’origine de cette dispersion, ou plutôt si : deux belles dépressions qui viennent jouer les trouble-fêtes, et obligent les marins à se gratter la tête.

En tête justement, le duo Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) maintient pour l’heure sa trajectoire plein Est, pariant sur leur vitesse pour se dégager de la zone à problèmes. Car il ne fera guère bon d’être dans les parages d’ici 48 heures ! Un petit monstre austral est en cours de formation, promettant des rafales à 60 nœuds et des creux de 8-9 mètres en son cœur, qu’il a donc bien généreux. Le pari de la part des deux hommes de tête est engagé, et il ne faut pas se louper ! Déjà ralentis dans une zone de transition cette nuit, chaque heure perdue sur les routages peut compliquer leur situation, et il ne faudrait pas que les deux comparses s’éternisent trop en chemin. Mais bien sûr, le gain promis si leur pari est réussi est alléchant, puisque tendre la trajectoire leur permet de réduire la route par rapport aux autres camarades. A 7 heures toutefois, le duo à son tour faisait cap vers le Nord-Est !

« Je préférais faire ce choix tôt ! »
Premier à grimper ainsi et mettre le cap sur l’Indonésie flanqué de son acolyte Jérémie Beyou (Charal, 6e), Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 5e) a bien voulu nous faire un peu de pédago météo :

Il y a une dépression qui est en train d’arriver par derrière, de l’Ouest, qui va nous rattraper et balayer toute la zone des Kerguelen. Et le centre de cette dépression est assez Nord ! Donc si tu te retrouves piégé juste devant le centre de la dépression, ou pire dans le sud du centre, tu te retrouves au louvoyage, dans 30-40 nœuds, et surtout derrière le centre de la dépression ça se creuse très fort et il y a des vents jusqu’à 50-60 nœuds. Et ça lève une mer évidemment sympathique, donc des trucs dans lesquels je n’ai pas forcément envie d’aller naviguer !

Sur le papier bien sûr, « la route n’est pas gagnante », reconnaît le marin Vannetais, mais si dans quelques jours elle leur permet de naviguer dans des conditions plus maniables, tout en préservant le bateau, cela peut s’avérer un calcul pas si perdant ! Ces dernières heures, on a d’ailleurs vu Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) et Yoann Richomme (Paprec-Arkea, 3e), mettre aussi du Nord dans leur trajectoire. Comment Nicolas Lunven analyse-t-il le choix de ses prédécesseurs ?

Le petit décalage d’une centaine de milles qu’ils avaient il y a deux-trois jours leur a permis de garder du vent plus longtemps et donc d’aller plus vite. J’ai pas fait de routage pour eux, mais si ça se trouve ils ont un scénario un peu différent pour la gestion de cette dépression ! Mais moi j’avais bien regardé un peu dans tous les sens, et d’ailleurs on voit bien que Thomas Ruyant n’a pas réussi à attraper le train des premiers, il est un peu pris dans la molle, et il fait plutôt du Nord j’ai l’impression qu’il essaie de revenir vers nous. En tous cas, moi je préférais faire ce choix tôt !

Une stratégie d’autant plus assumée que la situation actuelle n’est déjà pas des plus reposantes non plus, et qu’il y a donc encore plus d’enjeu à se préserver. En ce mois de décembre, l’Océan Indien semble en effet jouer les calendriers de l’avent, réservant une surprise par jour, voire par heure, à nos concurrents !

Les conditions sont très instables, toute la journée ça a été des changements de voile incessants, des bascules de vent, on se serait presque cru dans le Pot-au-Noir mais version quarantièmes rugissants, assez étrange ! J’ai fait de tout aujourd’hui, du près serré, du portant VMG, dans 5 à 22 nœuds… j’ai sorti pas mal de voiles, je ne me suis pas ennuyé !

Et ça se voit sur la carto, où les vitesses entre deux pointages font carrément le yo-yo ! C’est d’ailleurs ce qui a permis à Paul Meilhat (Biotherm, 9e), pourtant mal servi après son passage du Cap des Aiguilles, de revenir fort cette nuit sur Yannick Bestaven (8e) et Sam Goodchild (VULNERABLE, 7e). Tous trois aussi ont commencé l’ascension pour faire le dos rond !

Passage de Bonne Espérance ardu
Derrière, le groupe mené par Samantha Davies (Iniatives-Cœur, 10e) et fermé quelques 500 milles plus loin par Damien Seguin (Groupe Apicil, 18e) continue de progresser à bonne allure, et va devoir lui aussi bientôt se positionner pour la suite des hostilités.

Le troisième groupe, mené encore au classement par Isabelle Joschke (MACSF, 19e) aura quant à lui deux autres difficultés sur lesquelles plancher. D’abord une première dépression qui va les cueillir dans les prochaines heures avec une relative intensité, et surtout la seconde à partir de vendredi midi, qui va coïncider aussi avec leur approche du Cap de Bonne Espérance. Et ça, à bord, on n’aime pas franchement le tableau ! En temps calme, la zone, parcourue par le redoutable courant des Aiguilles, est déjà un petit sujet, alors avec du vent qui soulève la mer, c’est coton ! Et surtout, pas de possibilité de fuir la dépression par le Nord, à moins de vouloir aller saluer d’un peu trop près les falaises d’Afrique du Sud…

Une situation à laquelle Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo For a Job, 22e), essaie de se préparer tant bien que mal :

La première dépression va déjà être un sacré morceau, et ensuite la deuxième à partir de vendredi midi, où là on n’a pas vraiment d’échappatoire, je ne sais pas vraiment encore la façon dont je vais négocier ça ! Ça rajoute une part d’incertitude et d’angoisse sur le bateau, parce que tout ça est quand même bien nouveau ! Je change d’un mode régate pure à jouer avec les petits copains à un mode Mer du Sud, survie, safe. J’essaie de rentrer dans ce mood là !

Car ces dernières 48 heures, Benjamin Ferré s’était effectivement régalé à batailler dans son petit groupe d’acharnés. Grâce à son spi sorti malgré une brise qui le mettait souvent « à la limite de la connerie » et en « angoisse paralysante », le « bizuth », par ailleurs handicapé par un winch défaillant, s’est refait une santé :

A part l’irréductible Finistérien, le père Jean (Le Cam, Tout Commence en Finistère – Armor Lux, 20e), qui s’est calé juste devant et qui me contrôle, je suis content de mes choix ! C’est assez rigolo quand même de régater avec tout le monde ! Il y a une belle bataille avec tous ces bateaux « à la dérive », on s’est croisés avec Violette (Dorange, Devenir, 26e), on a bien papoté à la VHF, c’est vraiment génial cette course dans la course ! On s’amuse bien !

Une baston générale à laquelle prend pleinement part aussi Giancarlo Pedote (Prysmian, 21e), qui racontait cette nuit :

Depuis 24 heures, on est face à une dépression qui arrive derrière nous, tous les wagons de mon groupe avancent vers le Cap de Bonne Espérance, il va falloir faire attention à l’état de la mer et du vent à ce passage, surtout quand le courant est contre le vent, ça peut même des fois être dangereux. Pour l’instant, ce n’est pas une grosse tempête donc je pense que ça va le faire, mais il va falloir être bien attentif, écouter comme le bateau ça tape, et après bien évidemment lire les cartes de courant pour passer dans les zones où on peut tirer des bénéfices !

Signe tout de même que l’heure est à la prudence, Benjamin Ferré nous racontait à l’aube avoir affalé son spi « à la Mich’ Desj’ », la barre entre les jambes, en rentrant ces centaines de mètres carré de voile depuis le cockpit directement « dans le placard »… « Vous direz à Mich Desj que j’ai réussi à faire une Mich Desj en pleine nuit, hein », lançait, ragaillardi par sa manœuvre réussie, le vibrion, décidément « bien heureux d’être en mer ». Réalise-t-il pleinement qu’il est en train de faire le tour du monde avec son bateau Théophile ?

Quand je regarde où se trouve le bateau sur la carte du monde, je vois Afrique, Amérique, Namibie, toutes les îles au Sud, j’ai vu qu’il y avait une île qui s’appelait Mac Donalds, je me suis dit que je savais où allait Violette Dorange maintenant ! En fait c’est surtout ça qui me marque quand je fais la météo, c’est vachement évocateur de voyage et d’aventures et ça me plaît trop ! Et jusqu’ici, les conditions ont été royales… Là je me méfie vraiment des prochaines heures, pour pas me faire surprendre par la météo et les émotions, pour pas me demander ce que je fous là, je relis vachement mon petit carnet où j’ai écrit ce que je venais chercher pour pas perdre le cap.

Et dans son voyage en solitaire, lui qui vient de dépasser son record de temps seul en mer, le skipper de Monnoyeur-Duo For a Job peut compter sur les attentions de ses proches :

Tous les dimanches, j’ai une lettre de quelqu’un de mon entourage ou de quelqu’un que j’admire, sur un thème. Il y a eu la quête, la folie, hier c’était l’ancrage. Il y avait une lettre de mon parrain, et j’ai appris qu’il était décédé il y a deux jours… C’était un grand homme de mer, il a été pendant trente ans le commandant de la Calypso avec Cousteau, c’était hyper émouvant. De vivre tout ça tout seul, c’est toujours assez intense ! J’ai des moments de bonheur incroyable, je mets la musique à fond, je vois le sillage défiler, et je suis limite à pleurer de joie, j’aime bien cet état.

Difficile là aussi de ne pas laisser la conclusion de cette tranche de vie matinale à l’éternel Pierre Bachelet. Car nos marins du Vendée Globe aussi, « Ils aimaient leur métier comme on aime un pays / C’est avec eux que j’ai compris ».

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ARC. La course endeuillée par la disparition d’un marin suédois du VO70 Ocean Breeze

L’ARC attire plus de 200 bateaux et 1200 personnes chaque année pour parcourir 2700 NM à travers l’Atlantique de Gran Canaria à Sainte-Lucie. La course a été endeuillée par la disparition d’un marin suédois de 33 ans, Dag Eresund, qui est passé par-dessus bord du bateau Ocean Breeze, un VO70 le lundi 2 décembre à 02h27 UTC.

Les recherches ont été coordonnées par le MRCC Norfolk USA et ont impliqué l’Ocean Breeze , le bateau ARC Leaps & Bounds 2 et le navire à moteur Project X. La couverture aérienne n’a pas été possible en raison de la distance de l’incident par rapport à la terre. En raison de la disparition de la lumière du jour et de la mer qui s’aggrave, le MRCC Norfolk a mis fin aux recherches actives à 20h45 UTC lundi. Le MRCC a demandé à tous les navires en mesure de modifier leur cap pour passer par la zone de recherche de 20 ° 24.838N 043 ° 11.623W et de rester à l’affût de tout signe de personne dans l’eau. Tous les yachts de l’ARC ont été invités à participer à la demande du MRCC.

Cette zone sera modifiée au fil du temps pour tenir compte des taux de dérive et des conditions météorologiques. Le MRCC Norfolk continuera de fournir des coordonnées mises à jour.

L’Ocean Breeze est un Volvo 70 de 21,49 m battant pavillon autrichien anciennement Telefonica Blue et Sanya Lan. Il a participé aux éditions 2008-2009 et 2011-2012 de la Volvo Ocean Race Round the World. Leaps & Bounds 2 est un yacht Vismara 62 de 19 m. Project X est un yacht à moteur de 87 m. La course est partie le 24 novembre 2024 de Las Palmas. 140 bateaux ont pris le départ du rallye. 95 monocoques, 43 catamarans et 2 trimarans. Le plus petit bateau est Hallberg-Rassy 352 Lucia (DEU) et le plus grand est Southern Wind 105 Farr No Rush (MLT). 820 équipiers de 42 nations naviguent, âgés de 3 à 83 ans. 15 enfants de moins de 16 ans naviguent sur 8 bateaux.

  • L’ARC est un rallye de croisière. Les bateaux des divisions croisière peuvent utiliser leur moteur.
  • L’ARC est le seul rallye du World Cruising Club avec une division de course IRC. Les bateaux de cette division ne peuvent pas utiliser leur moteur pour la propulsion. 11 voiliers sont en course.
  • L’ARC s’est déroulé chaque année depuis 1986, y compris jusqu’à Covid. 2024 est la 39ème édition du rallye.
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Trophée Jules Verne. SVR-Lazartigue contraint de faire demi tour suite à une collision

Mauvaise nouvelle pour l’équipage du trimaran SVR-Lazartigue emmené par François Gabart. Ce mardi 3 décembre à 1h10 (TU), alors qu’il naviguait dans des vents de 25 à 30 nœuds, à 500 milles de l’archipel des Açores et 600 milles du Cap-Vert, l’équipage a ressenti un choc suite à une collision avec un OANI (Objet Aquatique Non Identifié). Le foil tribord a été endommagé, et après analyse des dégâts, la décision a été prise de faire demi-tour pour rejoindre au plus vite Concarneau, le port d’attache du trimaran SVR-Lazartigue. Selon les conditions et leur progression, l’arrivée est prévue entre vendredi et dimanche.

L’équipe est à pied d’œuvre pour étudier les différentes options dont celle d’utiliser leur foil de spare afin de repartir à la tentative du Trophée Jules Verne dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera.


François Gabart : “Dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 décembre vers 1h00 (TU) du matin on a abîmé fortement le foil tribord, vraisemblablement suite à un choc. Difficile de dire car on naviguait dans des conditions plutôt musclées, il y avait 25/30 noeuds au portant, donc ça allait plutôt vite et ça tapait déjà pas mal dans les vagues. Mais soudain la sensation a été un peu différente de ce qu’on ressentait dans les vagues avant, donc on s’est arrêté. Ce sont les peaux extérieures du foil qui sont cassées. On espère que le reste du foil ne soit pas abîmé, c’est-à-dire que le barrot, la partie de la structure interne du foil, ne soit pas endommagé, ce qui nous permettrait de le réutiliser assez rapidement. Toujours est-il qu’on a un foil tribord à Concarneau qui est opérationnel, il est la première version et il peut naviguer. Là on a fait demi-tour parce que ça paraissait de toute façon difficile et compliqué que ce foil puisse tenir tout un tour du monde, il aurait été pelé et dépelé au fur et à mesure en quelques heures, et puis peut être qu’il aurait cassé au bout de quelques heures. Là on a encore l’option et l’opportunité de revenir. On arriverait dans à peu près 3 jours en Bretagne, et potentiellement s’il n’y a rien d’autre de cassé sur le bateau, on pourrait être capable de repartir assez rapidement derrière, dès qu’une nouvelle fenêtre se présente. C’est dur forcément, car on était plutôt pas si mal, le bateau allait bien, il allait vite au portant, et en même temps c’est pas complètement mort, il y a encore de l’espoir, c’est pas fini. On est encore au début de l’hiver, au début du stand by, on a un deuxième foil et il reste encore plein de choses de possible.

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Vendée Globe. Le calme avant les tempêtes

Si les conditions actuelles sont idéales pour l’ensemble de la flotte, des vents de plus de 30 nœuds et des vagues dépassant les 5 mètres sont attendus d’ici 48 heures pour les skippers du Vendée Globe, que ce soit à l’avant ou à l’arrière de la flotte. En tête, Yoann Richomme, Charlie Dalin, et Sébastien Simon devraient creuser légèrement l’écart aujourd’hui. Cependant, un regroupement du peloton de 6 à 7 bateaux pourrait se dessiner. À environ 1 000 milles nautiques derrière eux, Sam Davies, Clarisse Crémer, Justine Mettraux, et Boris Herrmann s’apprêtent à entrer dans l’océan Indien.

Les leaders de ce paquet, à commencer par Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-Lux, 20e) profitent d’ailleurs de cette pression plus forte pour se refaire une santé, leur permettant de revenir quasiment sur Isabelle Joschke (MACSF, 19e), sur qui ils avaient pourtant accusé jusqu’à 400 milles de retard… Décidément, il faut toujours se méfier de certaines gâchettes bien huilées, elles ne sont jamais vraiment hors de portée !

Devant ce peloton, neuf bateaux continuent leur progression vers la pointe sud-africaine, se rendant coup pour coup les empannages à la faveur des forces de vent qui les accompagnent. Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 15e), a ainsi grimpé bien Nord dans la nuit, espérant pouvoir provoquer d’ici quelques heures un duel avec Benjamin Dutreux (Guyot-Environnement, 14e).

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