La chronique de Capian : dans les starting blocks

Matthieu Girolet Le Roi du Matelas
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Il n’empêche que c’est maintenant que la saison 6.50 est partie que l’on va voir se concrétiser en résultats les efforts consentis ces derniers mois, que ce soit en tissus qui grattent, soupe de neurones ou fonds de cirés. En attendant les perfs de l’été (il paraît que l’optimisme est une vertu), faisons le point de ce qu’a été l’hiver de notre côté :

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Tout d’abord ,le bateau ayant été validé dans sa configuration « Transat » (gyropilote,…) sur les Açores, il n’y a pas à proprement parler eu de chantier d’hiver au sec, et les menus travaux ont été répartis pour permettre de naviguer sans gros arrêt.
Ca tombait bien, le Centre d’Entraînement Méditerranée, repaire des figaristes méditerranéens, ouvrait ses portes à un petit groupe de ministes cet hiver. Le principe est connu : en mettant en commun, chacun progresse et les autres passent derrière…. ( l’optimisme, toujours !). Les notes de péage se sont multipliées mais j’ai voulu en profiter au maximum.
L’apport le plus évident est qu’avec briefing,, suivi au millimètre sur l’eau et debriefing sur des éléments objectifs  (notes de chacun plus celles de l’entraîneur, photos, vidéos,…) nous avons pu beaucoup mieux tirer du concret de nos entraînements.
La réflexion en commun, la transposition d’expérience des figaros sur certains points et l’apports de  ministes accomplis,  ont rapidement répondu à de nombreuses questions et permis de définir plus sûrement les axes prioritaires de travail.
Sur l’eau, le sentiment qui domine est celui d’avoir creusé des domaines choisis de la performance et d’y avoir acquis des repères fiables. Ce qui  (par exemple, dans les secteurs limites de range de voile ou les paramétrages du pilote) nous était apparu comme déterminant de la performance sur la Transat où le manque de confrontation directe, fatigue et durée peuvent modifier nos perceptions de solitaires et rendre plus facile de « lâcher un peu l’affaire ». Nous  avons donc consacré une bonne partie de nos séances notamment aux meilleurs angles de descente et à la vraie limite entre grand et petit spi. Il a aussi été intéressant d’essayer de nouvelles combinaisons de voiles. Comme de naviguer dans du vent fort  sous tourmentin et de se rendre compte que c’est « une vraie voile » qui peut être rentable plus tôt qu’imaginé.
Nous avons aussi, par l’élévation du rythme d’enchaînement tenté d’acquérir une fluidité supplémentaire dans les manœuvres, qui devrait concourir à ce qu’elles « passent » encore quand nous serons moins lucides,et donc que l’on n’hésite pas à les exécuter si la stratégie les rend nécessaires. La période d’apprentissage de nouveaux automatismes a d’ailleurs donné lieu à de sympathiques images de loupés et cafouillages qui ont bien détendu les debriefings tardifs, dédramatisé ces situations mais aussi permis de visualiser que du scotch ici, une marque là sur une écoute peut changer la vie. Incidemment, naviguer en vrac permet aussi de repousser la limite subjective d’utilisation du bateau avec des constats comme « je n’aurais pas cru que le mat tiendrait ! ».
Ca paraîtra peut être idiot, mais l’assistance du pneumatique nous a aussi permis d’acquérir plus d’expérience sur l’eau dans les conditions musclées. Comment ça ? Tout simplement en sécurisant notre sortie du port dans ces situations où à la voile en solo on y regarde parfois à deux fois.
Encore parmi les détails, nous avons souvent fait une vraie procédure de départ pour lancer les exercices. Sans nous faire perde beaucoup de temps cela à certainement contribué à nous rendre plus  « à l’aise » quand il y aura le stress en plus et a finalement facilité les comparatifs.
Pour clôturer le programme, et en guise de warm-up pour la saison,  nous avons rallongé le dernier parcours pour que la gestion du bonhomme entre en jeu.

Il est probable que tout cela nous ait permis de progresser et en un mot comme en cent, nous voilà prêts, mon fidèle Le Roi du Matelas et moi (ou, plus sûrement, mieux préparés que jamais) aux échéances de la saison à venir et ses grands rendez vous : Mini solo , Mini Fastnet, Transgascogne et,… Transat 6.50.

Plus largement, il existe désormais des centres d’entraînement, spécifiques 6.50 ou non, tant en Atlantique qu’en Méditerranée, assidûment fréquentés par de nombreux ministes. Souvent des « série » d’ailleurs, qui travaillent la semaine, mais gèrent leur projet en « semi-pros » au vu du temps qu’ils y consacrent. Et les pro-tos ont aussi désormais un pied à Port La Forêt. Et si en proto justement, Le Blévec ou Mc Kee (2003), pour ne citer qu’eux, ne sont pas les premiers venus ; ont voit désormais des régatiers ayant brillé lors de championnats du monde de voile légère faire leurs armes au large sur des minis de série (Lobato, Laureyssens (2005), Marin,…).
Voilà qui éclaire l’augmentation du niveau sportif (entre autres) que l’on peut constater dans la classe. « Jusqu’où ? » semble désormais la question.

Matthieu Girolet