L’incroyable vitesse du maxi-catamaran Orange II lui permet de sauter littéralement d’une île à l’autre dans sa traversée de l’Océan Indien. Hier, c’était les îles du Prince Edward qui étaient entraperçues ; aujourd’hui, c’est l’archipel de Crozet que l’équipage va doubler à vitesse grand “V“ ; et dans deux jours, ce seront les Kerguelen… Bien que légèrement ralenti par une dorsale anticyclonique, Orange II compte toujours plus de trois jours et demi d’avance sur le record autour du monde. L’équipage mange actuellement son pain noir, en terme de situation météorologique, mais en profite pour se reposer afin d’attaquer de plus belle à partir de demain. Toujours à l’écoute de cette formidable machine, l’équipage de Bruno Peyron va profiter ce matin d’un petit peu de “calme“ pour affaler les voiles et faire un check de l’ensemble du bateau, à commencer par le mât, intérieur et extérieur. L’Océan Indien reste le plus dur des océans du monde, et sa traversée impose une bonne gestion des hommes et du matériel…
Bruno Peyron, jeudi matin à 5h00 : « La situation est comme prévue. Nous traversons une dorsale anticyclonique en jouant avec les différentes adonnantes (légères variations d’angle de vent, ndlr). On attend une rotation franche dans les heures qui viennent. Nous avons eu une transition délicate pendant quatre jours avec des petites vitesses, du stress, des trajectoires en zigzag. On s’en sort pas trop mal. Nous sommes idéalement placés pour aborder la prochaine dépression qui nous rattrape par l’arrière et devrait nous emmener jusqu’au sud de l’Australie. On devrait remettre les compteurs dans le bon sens à partir de demain. Aujourd’hui est un petit matin gris, et nous filons à petite vitesse, à peine 18 noeuds. On va en profiter pour faire le check général du bateau ; affaler la grand-voile ; monter dans le mât par l’intérieur et l’extérieur… C’est le planning du prochain quart. L’équipage en profite également pour se relâcher un peu. Il faut deux à trois jours pour s’habituer au grand sud et il est très important de trouver le bon rythme, surtout physiologiquement. Pour ma part, c’est la première fois que j’arrive à dormir trois heures de suite cette nuit…
Les prochaines îles que nous allons passer sont Crozet, la Possession et l’île aux Cochons. Ensuite ce sera les Kerguelen dans moins de deux jours si tout va bien.
L’équipage a réagi de façon très professionnelle et très rationnelle à l’approche des glaces. La zone de glace n’est pas plus nord que d’habitude dans l’Indien, nous ne sommes qu’à 80 milles de la zone de convergence des glaces. La traversée de zone d’icebergs pendant notre tour du monde pourrait avoir une incidence directe sur le record, mais je n’aurai pas d’état d’âme à perdre quelques heures pour assurer la survie de l’équipage et du bateau. »
(Source Orange II)