Une longue descente vers les îles Scilly

Destination Dunkerque
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Grand bonheur de la nuit pour ces navigateurs, la brume, collante et tenace depuis trois jours, se déchire et se dissipe au fur et à mesure que les Class 40 glissent vers le Sud. Le régime de navigation lui n’a en revanche guère changé et c’est toujours penché contre le vent qu’il faut progresser vers la Manche et la Normandie.

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"Destination Dunkerque" et son duo de skipper Thomas Ruyant-Tanguy Leglatin poursuit son sans faute avec une optimisation de route qui force l’admiration. Pas de bords inutiles pour Tom et Tang qui ne sont plus ce matin qu’à 300 milles de l’arrivée.

Le vent de secteur Sud Est de la nuit risque avec le jour de diminuer en force tout en prenant de plus en plus d’Est. Les estimations quant à l’heure d’arrivée ne les voient ainsi pas avant dimanche matin couper la ligne d’Hermanville sur mer. Dans le sillage de ces solides leaders, on observera ce matin le décrochage du duo Néerlando-Belge Roelland Frannssens-Michel Kleinjans (Moonpalace) hier encore à la lutte avec Halvard Mabire et Peter Harding pour le fauteuil de dauphin.

Ces derniers ont donné à leur "40 Degrees un matelas encore jamais atteint de 20 milles d’avance. "Moonpalace doit désormais regarder dans ses rétros fondre sur lui le "miraculé" de la course, le voilier "Appart City" à Yvon Noblet et David Taboré qui avait, on s’en souvient, failli démâter il y a deux jours et qui navigue depuis avec un gréement rafistolé.

« La stratégie c’est de ne pas en avoir »

Halvard Mabire a d’ailleurs même trouvé le temps d’analyser à fond la situation et tire des conclusions intéressantes sur ce que représente la stratégie dans une telle course au large de nos jours.
« On se demande un peu comment on aurait pu gérer, "dans le temps", ce parcours où nous avons fait du rase cailloux quasiment en permanence sans jamais les voir. Le GPS n’est pourtant pas si vieux que cela. Ca a changé la donne. Aujourd’hui personne ne se pose la question de la difficulté encore toute récente du positionnement. Une fois que le grand mystère du positionnement n’est plus la, cela devient plus difficile de faire du sensationnel. Tout le monde se souvient de Tabarly surgissant de la brume a Newport pour gagner la Transat en 76. Probablement qu’un des éléments du succès médiatique de cette victoire vient du fait qu’elle était inattendue, et qu’elle est sortie de la brume, comme une apparition divine. »

« C’est pourquoi on nous pose la question de savoir si nous avons une "stratégie". Au risque de décevoir beaucoup de monde, je peux vous dire que la stratégie, c’est a dire de décider a l’avance de ce que l’on va faire, c’est bidon pour des bateaux comme des Class40. Seuls les grands multicoques de records transocéaniques peuvent vraiment jouer avec la météo, sinon, en règle générale, c’est plutôt la météo qui joue avec les bateaux. Quand on avance même pas a l’allure d’un VéloSolex, on ne peut pas "traverser" le plan d’eau pour aller chercher une option miracle. C’est pourquoi on s’aperçoit que de plus en plus "la flotte a raison" et que le vainqueur s’est finalement rarement éloigné de la route la plus directe. Le positionnement des bateaux en course tient beaucoup plus d’un enchaînement de réactions par rapport a une situation instantanée que d’une stratégie décidée a l’avance. Tout ça pour dire que sur 40 Degrees, la stratégie c’est de ne pas en avoir et que je jeu consiste plutôt a s’adapter au mieux aux situations qui se présentent. »

Classement de 8h30
1 Destination Dunkerque à 289,2 milles de l’arrivée
2 40 Degrees à 18,4 milles
3 Moonpalace à 44,2 milles
4 Appart city à 47,6 milles
5 Marie Toit – Caen La mer à 70,4 milles